Des dizaines de manifestants, portant le keffieh et brandissant des drapeaux palestiniens, se sont rassemblés devant la bibliothèque juive publique de Montréal pour montrer leur soutien à l’auteure québécoise Élise Gravel après que la bibliothèque a retiré ses livres de ses étagères en raison de ses commentaires en ligne concernant les événements récents dans la bande de Gaza.

La bibliothèque, qui n’appartient pas à la ville de Montréal, n’a pas répondu à la demande de commentaires des médias canadiens, mais a déclaré à CBC plus tôt cette semaine : « Bien que le contenu de ses livres ne soit pas objectivement offensant, nous avons pris la décision de les déplacer de nos étagères ouvertes vers des piles fermées ».

Dans le même temps, le Centre Israël et Affaires Juives (CIJA) a déclaré que les publications de l’auteure comportaient des métaphores antisémites, des théories du complot et des mythes.

Cependant, Gravel a rejeté ces accusations. Elle a dit que les réseaux sociaux, contrairement à ses livres, ne sont pas destinés aux enfants, et que ses publications visent la manière dont le gouvernement israélien traite les Palestiniens, et non pas le peuple juif dans son ensemble.
La manifestante Fabian Princiutti, membre du groupe Voix juives indépendantes, a déclaré que la bibliothèque doit remettre les livres de Gravel sur ses étagères.

Princiutti, dont le groupe défend les droits des Palestiniens et a aidé à organiser la marche, a déclaré que Gravel est censurée pour avoir montré de la sympathie envers les Palestiniens tués par l’armée israélienne.

Elle a dit : « Il est très important pour nous en tant que Juifs de condamner l’antisémitisme quand c’est vraiment de l’antisémitisme ».

Elle a ajouté : « Ce qu’Élise Gravel a publié n’est pas une haine anti-juive. Ce que nous disons en tant que Voix juives indépendantes, c’est que oui, nous pouvons critiquer Israël en tant qu’État. Nous critiquerons une opération militaire d’un gouvernement quelconque, et cela n’est pas de l’antisémitisme. ».

Ola Shaheen est venue avec ses deux filles, chacune tenant un livre de Gravel dans sa main. Shaheen a déclaré : « Nous sommes ici parce qu’Élise Gravel est d’abord notre auteure préférée, et parce qu’en tant que famille, nous croyons en la liberté d’expression ».

André Marois a dit qu’il voulait montrer son soutien à Gravel en tant que collègue auteur de livres pour enfants, ajoutant que les bibliothèques doivent rester des lieux de « liberté ».

Une autre manifestante, Yasmine Naïm, a indiqué que la censure des personnes qui soutiennent les Palestiniens était une raison de manifester.
Elle a dit : « Je pense que la majorité du monde veut un cessez-le-feu, un cessez-le-feu définitif, la fin du siège, de l’occupation et de l’apartheid ».

Naïm a déclaré que le retrait des livres constitue une « atteinte à l’éducation » et va à l’encontre des valeurs de la démocratie.

Jeudi, la proposition soumise par la société Québec Solidaire pour soutenir Gravel et les autres auteurs dont les livres ont été ciblés a été adoptée à l’unanimité à l’Assemblée nationale.

Certaines publications de Gravel utilisent les mots « apartheid » et « génocide » pour décrire les politiques israéliennes envers les Palestiniens. D’autres décrivent l’expulsion des Palestiniens de leurs maisons lors de la création d’Israël en 1948.

L’auteure a modifié au moins deux de ses publications, et dans un des billets, elle a remplacé le mot « ils » par « Netanyahu et ses alliés ».

Dans une autre publication datant d’il y a deux semaines, Gravel est revenue sur un commentaire qu’elle avait fait selon lequel Israël possède « la plus grande banque de peaux au monde, récoltée sur les Palestiniens ».

Elle a supprimé ce commentaire et écrit : « Je suis reconnaissante à toute personne qui signale des informations douteuses que je pourrais avoir transmises involontairement ». Elle a ajouté dans son commentaire : « Il y a beaucoup de désinformation circulant au sujet de cette crise, et je ne veux pas y contribuer par erreur. »