Dans une histoire symbolique écrite par Aziz Nesin, un groupe de souris a été encerclé dans des cages, laissé à se manger les unes les autres jusqu'à ce que le plus fort reste, puis libéré pour éliminer les autres.

Cette histoire peut sembler fictive, mais elle est inspirante et reflète malheureusement le destin de certaines sociétés lorsque les valeurs s'effondrent et que les conflits internes rongent leur unité.

C'est ce que nous constatons souvent au sein de certaines communautés arabes à l'étranger.

Désintégration sans raison et querelles sans limites

Dans les environnements de diaspora, où il est supposé que les communautés fassent bloc pour protéger leur identité et leurs intérêts, les schémas de fragmentation et de division se répètent.

• Des groupes qui se disputent la « représentation ».

• Des initiatives confrontées au doute.

• Des voix exclues ou marginalisées parce qu'elles ont choisi une voie différente.

Tout projet sérieux peut être attaqué, non pas à cause de ses faiblesses, mais parce qu'il ne satisfait pas des calculs étroits ou menace des positions auxquelles certains sont habitués.

Influence accordée… sans responsabilité

Dans certains contextes, on remarque que l'influence au sein de la communauté peut parfois être accordée à des personnes ou des entités, non pas sur la base de réalisations ou de compétences, mais en fonction de relations personnelles ou d'un discours en accord avec certaines orientations.

Des légitimités « symboliques » sont ainsi accordées qui ne reflètent pas une représentation réelle, tandis que les experts ou ceux qui ont tenté de construire des initiatives indépendantes servant l'intérêt général sont ignorés.

Effets graves sur la confiance collective

Ces pratiques conduisent progressivement à une perte de confiance au sein de la communauté :

• Les compétences sont marginalisées.

• La participation civique diminue.

• La coopération collective est mal vue.

• Et le cercle de l'exclusion et des accusations commence, même entre ceux qui sont supposés être du même côté.

Le pire, c'est que celui qui pose des questions peut être stigmatisé comme « fauteur de troubles » ou « non coopératif », et des accusations de loyauté ou de complot peuvent lui être collées, dans un climat de brouillard et de méfiance.

Quand le dialogue est remplacé par le chuchotement et l'initiative par la méfiance

Les désaccords naturels deviennent des combats personnels.

Le débat public est remplacé par des insinuations, et des campagnes indirectes sont lancées contre tous ceux qui ne suivent pas le courant dominant.

C’est ainsi que les principes se perdent, remplacés par des alignements, et tout le monde y perd.

Critiquer les phénomènes ne signifie pas accuser quelqu’un

Il est important de souligner que cet article ne vise pas des individus ou des entités précises, mais discute d’un phénomène sociétal récurrent, observé par beaucoup dans différentes villes et pays, et qui mérite d’être ouvert au débat.

Parce que le silence sur ces pratiques ne protège personne, mais expose la communauté à une érosion accrue.

Transparence, dialogue et reconnaissance de la diversité

Si nous voulons sortir de cette « cage symbolique », ce qui est nécessaire ce ne sont pas des combats ni des accusations, mais :

• Activer la responsabilité au sein de nos institutions.

• Créer de véritables espaces de dialogue et non exclusifs.

• Respecter la pluralité et la diversité plutôt que d’essayer de les contenir ou de les réprimer.

La voix de la communauté doit se construire, pas s’acheter.

Brisons la cage avant de la refermer sur nous-mêmes

Lorsque les positions se confondent, et que les notions d’honnête et de corrompu sont redéfinies selon l’humeur, les fondements de tout travail collectif s’effondrent.

Mais il y a encore une chance : que nous nous remettions en question, que nous nous écoutions, et que nous croyions que la force ne vient pas du contrôle, mais de la confiance mutuelle.

Soit nous brisons la cage, soit nous sommes enterrés ensemble dedans.