Nouvelles du Canada arabe
Nouvelles
Publié: juin 5, 2025
Je me prépare pour l'Aïd… Je souris à mes enfants, je participe à des préparatifs simples, et je répète les mots de félicitations que je n'ai d'autre choix que de répondre aux dizaines de messages de l'Aïd que je reçois d'amis et de connaissances.
J'écris « Aïdkoum moubarak », alors que mon âme ne connaît pas le repos depuis que mon frère a disparu, et depuis que toute Gaza est devenue un lieu de deuil permanent.
Je l'écris… pas parce que je vais bien, mais parce que je ne veux pas alourdir le cœur de mes bien-aimés avec la tristesse, tout comme le monde entier alourdit le cœur des habitants de Gaza avec son silence, son oubli et sa trahison.
Je l'écris… bien que je sache que mon âme est morte, et que les mots de félicitations ne changent rien à la vérité, mais au moins ils n'ajoutent pas de douleur à ceux que nous aimons, et ne leur volent pas un moment de paix temporaire.
Quant à moi, en état d'absence forcée, et peut-être de mort différée, ma joie est tronquée, ma paix est différée, et mes mots saignent encore le nom de « Gaza » à chaque ligne et à chaque occasion malgré moi, car ma famille y vit entre la mort et l’errance, ne connaissant ni le goût de l'Aïd, ni ses traits, ni une vie pleine de sens.
En ce deuxième Aïd sans mon frère… et après le départ de centaines de martyrs de ma famille, et des dizaines de milliers de mes compatriotes à Gaza,
nous préparons des festivals, participons à des célébrations, alors qu'en vérité, nous sommes des morts vivants à l'intérieur, essayant d'échapper à la tristesse et à la douleur.
La joie semble un masque fragile sur des visages épuisés par la peine,
car ce qui se passe à Gaza a récolté ce qui nous restait de sérénité… de sentiment… de traits… et de conditions de vie.
Nous embrassons nos enfants avec une larme cachée, alors que d’autres disent adieu à leurs enfants pour toujours, sans cercueil ni adieu.
Nous mangeons de la viande et échangeons les félicitations, tandis que d’autres cherchent des miettes de pain parmi les décombres des maisons et des massacres.
Nous nous réjouissons… alors qu’eux là-bas ne demandent pas la joie, ils essaient seulement de survivre, de rester vivants un jour de plus, de garder une seule photo d’êtres chers dont il ne reste que le nom.
Gaza n’est pas une nouvelle passagère, ni des chiffres périodiques de cadavres de martyrs qui disparaissent en série, ni une cause saisonnière dont on ne se souvient que quand le sang coule plus fort.
Gaza est un esprit qui nous habite, une douleur qui ne s’apaise pas, un test permanent pour la conscience du monde.
Ce n’est pas seulement une terre sous blocus, mais notre miroir qui reflète notre réalité…
soit nous sommes des humains avec des cœurs qui ne dorment pas, soit des témoins mensongers des massacres de notre époque.
Et avec toute cette douleur et ce gémissement qui précèdent l’Aïd, notre mémoire n’oublie pas ceux qui semaient le trouble dans la cinquième colonne, et les chauves-souris de l’obscurité actives dans la diaspora, ceux qui broient tout être vivant et créatif parmi les enfants de Gaza, et s’acharnent à tuer toute graine d’espoir ou tout trait d’attachement à la vie et à l’identité.
Ils pratiquent la trahison de toutes leurs forces avec des moyens vils et douteux, sans honte ni pudeur — non seulement avec leurs mains, mais aussi avec leurs langues destructrices, leurs positions ambiguës, et la froideur de leur complicité basse.
Ils oublient que les fêtes ne sont pas seulement des rituels, mais des lois universelles qui nous rappellent la miséricorde et la justice, et que Gaza — par son histoire, son peuple et sa patience — fait aussi partie de ces lois… elle ne disparaît pas, ne meurt pas, même si les médias l’ignorent ou si l’injustice la réduit au silence.
À l’Aïd… nous nous dirons les uns aux autres : « Bonne année »,
mais n’oubliez pas qu’il y en aura qui passeront l’Aïd en martyr, qui ont perdu leur maison, leur famille et leurs proches, et qui attendent encore que les avions cessent, que les tirs se taisent, juste pour savoir ce qu’est un Aïd… sans sang.
Et malgré tout cela, Gaza — malgré le blocus et les massacres — reste un symbole de vie et une source d’amour et de résilience, lutte pour la vie, et nous enseigne que l’Aïd n’est pas seulement un rituel, mais un sens profond de liberté, de patience et de sacrifice.
Enfin, je ne peux que dire que l’Aïd al-Adha n’est pas seulement une occasion religieuse, mais un droit dogmatique et humain, et un rappel universel du sacrifice humain total porteur d’un grand message — le message du rachat, de la miséricorde et de la justice.
Gaza aujourd’hui est ce sacrifice vivant dans un temps mort ; ferme, parlante, témoin de la trahison d’un monde noyé dans l’hypocrisie, et croyante malgré les blessures que le rachat n’est jamais sans prix !.
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