Les Français attendent dans les prochains jours un remaniement ministériel au sein du gouvernement dirigé par la Première ministre Élisabeth Borne, alors que les spéculations se multiplient dans les milieux politiques et médiatiques sur un remaniement ministériel possible et important qui toucherait plusieurs portefeuilles ministériels.

Il est évident que le président français Emmanuel Macron souhaite commencer la nouvelle année avec un gouvernement capable de poursuivre la voie des réformes dans le pays. Dans son discours à l'occasion de la nouvelle année civile, Macron a exprimé son espoir que 2024 soit « l'année de la fierté et de l'espoir » pour les Français, alors que le pays se prépare à accueillir les Jeux olympiques et à rouvrir la cathédrale Notre-Dame après l'incendie dévastateur de 2019.

En décembre dernier, le président français a promis une rencontre avec la nation française qui se tiendra en janvier en cours, afin de délivrer un message renforçant « l'unité », notamment après des tensions qui ont affecté le tissu social français récemment. Ainsi, Macron cherche à tourner une nouvelle page avec le début de l'année 2024 avec une équipe gouvernementale pour regagner la confiance du peuple français après une année 2023 marquée par de nombreuses réformes, ainsi que des lois controversées telles que la réforme des retraites qui a suscité de nombreuses protestations dans la rue française, et plus récemment la nouvelle loi sur l'immigration qui a provoqué un large débat en raison de ses clauses plus strictes.

Ces dernières semaines, les spéculations sur un remaniement ministériel se sont intensifiées, le report de la séance du Conseil des ministres initialement prévue mercredi dernier à la semaine prochaine renforçant la probabilité de ce remaniement gouvernemental.

Les possibilités quant à savoir si ce remaniement concernera la Première ministre française Élisabeth Borne ont augmenté, la question demeurant : Élisabeth Borne restera-t-elle à son poste à la tête du gouvernement ? Ou le président Macron la remplacera-t-il par une autre personne, notamment après lui avoir publiquement exprimé sa gratitude pour ses efforts la veille du Nouvel An ?

Élisabeth Borne continue de faire face à un taux élevé d'insatisfaction vis-à-vis de ses performances ; selon un sondage "Elabe", seulement 23 % des participants font confiance à sa capacité à résoudre efficacement les principaux problèmes du pays. Elle a également fait l'objet de nombreuses critiques, notamment après l'adoption de la réforme des retraites sans vote parlementaire, et plus récemment avec la nouvelle loi sur l'immigration.

Plusieurs noms de personnalités politiques potentielles pour succéder à la Première ministre Borne circulent, l'objectif étant de trouver un Premier ministre capable d'unir la majorité présidentielle, qui a connu une division en raison de la loi sur l'immigration, et capable de former des alliances dans le contexte d'une majorité relative à l'Assemblée nationale.

Parmi les noms proposés figurent Sébastien Lecornu, ministre de la Défense, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, et Bruno Le Maire, ministre de l'Économie et des Finances, selon l'agence de presse française. Le nom du ministre de la Défense Sébastien Lecornu circule beaucoup ; c'est une personne conservatrice de droite, mais il jouit d'une grande estime de la part du chef de l'État, étant un proche ami d'Emmanuel Macron, bien que cette hypothèse suscite le mécontentement de certains alliés du président.

Le nom de l'un des partisans de Macron, Julien Denormandie (43 ans), a également été avancé ; il a déjà occupé des postes au gouvernement à trois reprises durant les cinq premières années du mandat de Macron (dans les ministères du Logement et de l'Agriculture).

Le nom de Richard Ferrand (61 ans), ancien président de l'Assemblée nationale, a également été évoqué. Un de ses proches a déclaré : « Comme beaucoup d'alliés de Macron, il a envisagé de revenir en politique, mais Ferrand n'a montré aucun enthousiasme à ce sujet, notamment après sa défaite aux élections législatives en 2022 ».

Le nom de Bruno Le Maire, ministre de l'Économie au gouvernement depuis six ans, qui appelle également à davantage de réformes, a aussi été proposé.

Cependant, l'option de maintenir Élisabeth Borne à son poste reste ouverte malgré tous ces noms évoqués.

De plus, ce remaniement ministériel devrait toucher des portefeuilles ministériels clés, dont le ministère des Affaires étrangères ; il est probable que la ministre de l'Europe et des Affaires étrangères Catherine Colonna quitte son poste, un conseiller d'un ministre déclarant : « Personne ne pense que Catherine Colonna sera présente la semaine prochaine ».

Il est également possible que la ministre de la Santé, Agnès Firmin Le Bodo, qui a été nommée temporairement après la démission d'Aurélien Rousseau, laquelle est intervenue en raison de son désaccord sur la loi sur l'immigration, quitte son poste. Cependant, Le Bodo fait l'objet d'une enquête liée à la réception de cadeaux d'un laboratoire d'une valeur de 20 000 euros, selon ce qu'a révélé le site français Médiapart.

Quant aux autres ministres qui ont exprimé leur opposition à la nouvelle loi sur l'immigration après son adoption, comme le ministre des Transports Clément Beaune, la ministre de l'Enseignement supérieur Sylvie Retailleau, et le ministre du Logement Patrice Vergriete, leur maintien dans le gouvernement lors du nouveau remaniement reste incertain.

Le sort de la ministre de la Culture Rima Abdul Malak demeure également incertain, car elle s'est publiquement opposée au président français à propos de l'affaire de la star française Gérard Depardieu, récemment accusé d'agression sexuelle.

Olivier Dussopt, ministre du Travail français, qui attend le 17 janvier le jugement dans une affaire de « népotisme » dont il est accusé lorsqu'il était maire d'Annonay dans le sud du pays, pourrait être remplacé par Richard Ferrand s'il n'est pas nommé à la tête du gouvernement.

Le remaniement ministériel est attendu prochainement. Le dernier remaniement a eu lieu le 20 juillet dernier, lorsque la présidence française avait annoncé des modifications touchant plusieurs ministères dans le gouvernement, notamment la Santé, l’Éducation et la Solidarité. À ce moment-là, Macron avait décidé de maintenir la Première ministre Élisabeth Borne à la tête du gouvernement français malgré les pressions auxquelles le gouvernement faisait face lors des émeutes qu'avait connues la France l'année précédente.