Des responsables à Chypre ont annoncé aujourd'hui jeudi qu'un navire transportant une aide humanitaire a pris la mer vers le quai flottant construit par les États-Unis au large de Gaza.

Le navire Sagamore, battant pavillon américain, a quitté le port de Larnaca à Chypre jeudi matin. Des responsables américains ont déclaré que le navire serait utilisé pour décharger des fournitures sur un quai flottant construit pour accélérer l'arrivée de l'aide dans la poche assiégée.

La durée du voyage n’a pas été immédiatement précisée.

En mars, Chypre a ouvert une voie maritime pour expédier directement l’aide à Gaza, où les livraisons par voie terrestre ont été fortement entravées en raison de la fermeture des frontières et de l’offensive militaire israélienne.

Le président américain Joe Biden a annoncé que l’armée américaine construirait un quai flottant pour faciliter la livraison de l’aide humanitaire il y a un peu plus de deux mois, dans son discours sur l’état de l’Union.

La campagne militaire israélienne contre le Hamas, en réponse à une attaque menée par le mouvement en Israël le 7 octobre, a dévasté la petite bande de Gaza, où les agences d’aide avertissent que ses 2,3 millions d’habitants font face à une famine imminente.

Des habitants de Gaza ont déclaré que les forces israéliennes ont massé jeudi des chars et ont ouvert le feu près de zones résidentielles à Rafah.

Des responsables américains ont exprimé leur inquiétude face à l’absence d’un plan humanitaire viable pour une opération militaire israélienne prévue dans la ville densément peuplée de Rafah, dans le sud de Gaza. Après avoir fui les combats au nord, les Palestiniens s’entassent dans des camps et des abris temporaires à Rafah.

Biden a déclaré dans une interview à CNN mercredi : « J’ai clairement dit que s’ils entraient à Rafah... je ne leur fournirai pas d’armes. »

Les États-Unis sont le plus grand fournisseur d’armes à Israël et ont accéléré les livraisons d’armes après les attaques du Hamas le 7 octobre. Biden a reconnu que les bombes américaines ont tué des civils palestiniens dans cette offensive en cours depuis sept mois.

Des responsables américains ont déclaré que Washington a arrêté la livraison d’un lot de 1800 bombes de 2000 livres ainsi que de 1700 bombes de 500 livres à Israël en raison des risques pour les civils à Gaza.

L’administration Biden doit également soumettre un rapport au Congrès, désormais retardé, sur la conformité d’Israël au droit international après la livraison des armes.

Israël affirme que les militants du Hamas se cachent à Rafah où des centaines de milliers de Palestiniens ont fui les combats ailleurs à Gaza et qu’il doit les éliminer pour garantir sa sécurité.

L’ambassadeur d’Israël auprès des Nations Unies, Gilad Erdan, a déclaré que la décision américaine d’arrêter certaines livraisons d’armes à Israël affaiblirait considérablement la capacité du pays à neutraliser la force du Hamas, selon la radio publique israélienne.

Agence des Nations Unies : « Il n’y a pas d’endroit sûr » :

Des habitants et des secouristes à Rafah, la seule zone urbaine principale de Gaza que les forces terrestres israéliennes n’ont pas encore envahie, ont déclaré que le feu des chars israéliens a tué trois personnes et en a blessé d’autres près d’une mosquée dans un quartier de l’est de Gaza.

À l’extrémité est de la ville, des habitants ont affirmé qu’un hélicoptère a ouvert le feu, tandis que des drones survolaient les maisons dans plusieurs quartiers, certains proches des toits.

Les mouvements palestiniens Hamas et Jihad islamique ont déclaré que leurs combattants ont attaqué les forces israéliennes aux abords est de Rafah et tiré des missiles antichars ainsi que des obus de mortier sur des positions israéliennes.

Les chars israéliens ont pris le contrôle du côté palestinien du poste frontière de Rafah avec l’Égypte mardi, coupant une route d’aide vitale et forçant 80 000 personnes à fuir la ville cette semaine, selon les Nations Unies.

L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens a déclaré sur le site X : « Les pertes subies par ces familles sont insupportables, il n’y a pas d’endroit sûr. »

Le communiqué militaire israélien sur les opérations à Gaza jeudi matin ne mentionnait pas Rafah.

Cependant, Israël a poursuivi ses frappes de chars et ses raids aériens dans toute la bande de Gaza jeudi. Les habitants ont déclaré que des chars ont progressé dans le quartier d’Al-Zaytoun à Gaza nord, forçant des centaines de familles à fuir. L’armée israélienne a indiqué qu’elle sécurisait la zone d’Al-Zaytoun, débutant par une série de frappes aériennes basées sur des renseignements contre près de 25 « cibles terroristes ».

La ville de Deir al-Balah, au centre de Gaza, était pleine de milliers de personnes qui ont fui Rafah ces derniers jours. Des secouristes palestiniens ont déclaré que deux personnes, dont une femme, ont été tuées lorsqu’un drone a tiré un missile sur un groupe de personnes là-bas.

Un déplacé nommé Mohammed Abderrahmane a déclaré craindre que les bombardements israéliens ne soient un signe avant-coureur d’une invasion de la ville.

L’homme de 42 ans a dit à Reuters via une application de messagerie : « Cela me rappelle ce qui s’est passé avant que les chars israéliens n’envahissent nos quartiers résidentiels à Gaza, en général, le bombardement intensif permet aux chars d’avancer vers les endroits qu’ils envisagent d’envahir. »

Environ 1200 personnes ont été tuées lors de l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre, dont plusieurs civils canadiens, selon les statistiques israéliennes. Le gouvernement israélien pense que 128 otages supplémentaires sont toujours retenus à Gaza, 36 ayant été annoncés morts sur un total initial de 252.

Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, administrée par le Hamas, a indiqué que l’offensive israélienne sur Gaza en riposte a tué 34 904 Palestiniens, pour la plupart des civils.

Plus tôt cette semaine, Israël a déclaré que la proposition de cessez-le-feu en trois phases approuvée par le Hamas n’était pas acceptable, affirmant que les conditions ont été assouplies.

Deux sources sécuritaires égyptiennes ont déclaré qu’une délégation israélienne et le directeur de la CIA, William Burns, ont quitté Le Caire jeudi après la dernière ronde de discussions visant à parvenir à un cessez-le-feu et à la libération des otages à Gaza.