La Chambre des communes canadienne a ratifié hier un nouvel accord de libre-échange avec l’Ukraine. Tous les députés ont voté en faveur de l’accord, à l’exception des députés du Parti conservateur, qui constitue l’opposition officielle au Parlement.

La ministre du Commerce international du gouvernement libéral, Mary Ng, a parlé d’’’accord de libre-échange actualisé qui permettra aux entreprises canadiennes de participer plus efficacement à la reconstruction de l’Ukraine‘‘.

De leur côté, les conservateurs ont déclaré qu’ils soutiennent l’Ukraine, mais qu’ils s’opposent à cet accord en signe de protestation contre ce qu’il contient concernant la tarification du carbone.

L’accord appelle à la fois l’Ukraine et le Canada à encourager la tarification du carbone.

Le système de tarification du carbone a été instauré au Canada en 2019, tandis que l’Ukraine a commencé à tarifer le carbone depuis 2011.

’Il est absolument inacceptable de profiter de cette opportunité dans un moment de faiblesse d’un pays qui a besoin d’aide pour tenter d’imposer (au gouvernement) son programme idéologique‘‘, a déclaré le député conservateur Luke Berthold, qui représente une circonscription de la province de Québec et occupe le poste de vice-chef de l’opposition officielle.

Le chef des conservateurs, Pierre Poilievre, a évité de dire s’il pense que le Canada envoie à l’Ukraine plus d’aide qu’il ne le devrait.

Cette position soutient l’argument du parti libéral au pouvoir, qui accuse le chef des conservateurs d’être influencé dans ses idées et politiques par le Parti républicain de droite aux États-Unis, qui bloque l’aide à l’Ukraine.

Dans ce contexte, le député libéral Ivan Baker, représentant une circonscription de Toronto, a déclaré hier que les conservateurs ’’ont abandonné‘‘ l’Ukraine.

Mais Poilievre a plutôt estimé que la solution pour aider l’Ukraine réside dans l’exploitation des combustibles fossiles.

’’Nous disposons d’un billion de pieds cubes de gaz naturel‘‘, a déclaré le chef des conservateurs, estimant que le Canada doit vendre plus de ce gaz naturel aux pays européens pour que ces derniers puissent réduire leur dépendance à l’énergie russe.

Pour soutenir militairement l’Ukraine, Poilievre a proposé que le Canada lui envoie ses anciens obus d’artillerie, arguant que c’est une façon de continuer à soutenir l’Ukraine à moindre coût.

’’Cela nous fera économiser de l’argent, en fait, car détruire ces obus serait coûteux. Nous les donnons à l’Ukraine pour combattre la Russie. Cela nous coûtera cher ? Non‘‘, a déclaré Poilievre.

Recul du soutien populaire à l’appui canadien à l’Ukraine
Le vote à la Chambre des communes hier est intervenu en même temps qu’un nouveau sondage réalisé par l’institut ’’Angus Reid‘‘ montrait que le soutien populaire à l’aide fournie par le Canada à l’Ukraine diminue, en particulier parmi les électeurs du Parti conservateur.

Le sondage réalisé fin janvier dernier a révélé que 25 % des Canadiens estiment que leur pays fait plus que nécessaire pour aider l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie.

Ce pourcentage atteint 43 % parmi les électeurs du Parti conservateur, alors qu’il était de 19 % en mai 2022, soit trois mois après le début de l’invasion militaire russe à grande échelle de l’Ukraine.

La communauté ukrainienne au Canada craint que ce recul du soutien populaire n’ait des répercussions négatives sur les engagements du gouvernement canadien envers l’Ukraine.

Cependant, la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly, de retour d’une visite dans la capitale ukrainienne Kiev, s’est empressée d’affirmer que le soutien du gouvernement canadien à l’Ukraine reste ferme.