Des responsables locaux ont annoncé ce jeudi que l’Ukraine avait lancé au moins huit missiles sur la région frontalière russe de Belgorod, faisant deux morts et douze blessés.

Cette attaque était la plus récente dans une tentative de Kiev de déstabiliser le Kremlin à la veille de l’élection présidentielle russe, qui se déroule dans un contexte de répression sévère contre l’opposition.

Les forces ukrainiennes ont également tenté de mener des raids transfrontaliers, repoussés dans les régions de Belgorod et de Koursk, selon les autorités locales.

Le ministère russe de la Défense a affirmé que ses forces avaient tué 195 soldats ukrainiens et détruit cinq chars ainsi que quatre véhicules blindés de transport de troupes, deux jours après avoir annoncé avoir tué 234 soldats ukrainiens lors d’une autre attaque frontalière.

Il n’est pas possible de vérifier de manière indépendante les allégations russes.

Plusieurs médias — dont le Moscow Times et le Guardian britannique — ont rapporté la présence de groupes pro-ukrainiens et anti-Kremlin composés de combattants russes participant à des incidents transfrontaliers dans les régions frontalières de Belgorod et Koursk aujourd’hui.

Des attaques transfrontalières se produisent par intermittence dans la région depuis le début de la guerre et ont été le sujet d’accusations et de contre-accusations, ainsi que de désinformation et de propagande.

La région de Belgorod a été la cible d’attaques répétées par drones, et elle a même subi un bombardement accidentel par un avion de chasse russe durant la guerre entre Moscou et l’Ukraine.

Le coup ukrainien mortel qui a frappé la capitale régionale éponyme, Belgorod, le 30 décembre a choqué les habitants.

Retour attendu au pouvoir

Les attaques ukrainiennes sur le sol russe ces derniers jours, incluant des frappes de drones à longue portée et des incursions supposées d’agents russes basés en Ukraine, interviennent alors que le président russe Vladimir Poutine se dirige vers une quasi-certitude de réélection.

Poutine cherche à convaincre les Russes de le maintenir au pouvoir dans un contexte de ce qu’il décrit comme des menaces extérieures contre le pays et d’une guerre en Ukraine qui entre dans sa troisième année.

Dans une vidéo publiée jeudi, Poutine a appelé les Russes à se rendre aux urnes, qualifiant la participation électorale de « manifestation du sentiment national ».

Il a déclaré que « l’élection est un pas vers l’avenir ».

Depuis son arrivée au pouvoir il y a près de 25 ans, Poutine a éliminé presque tous les médias indépendants et les voix de l’opposition en Russie, particulièrement après l’invasion massive de l’Ukraine en 2022 qui a mal débuté.

Les analystes estiment que le Kremlin est préoccupé par le faible taux de participation prévu lors des trois jours de vote qui commencent vendredi, car la participation est nécessaire pour légitimer Poutine, dont la victoire pour un nouveau mandat de six ans est quasi certaine.

Sam Greene, du Centre d’analyse de politique européenne à Washington, a qualifié les élections russes de « truquées ».

Greene a déclaré à l’Associated Press : « Le Kremlin contrôle qui figure sur le bulletin de vote. Le Kremlin contrôle la manière dont ils font campagne ».

« Sans même parler de la capacité à contrôler tous les aspects du vote et du dépouillement. »

Kiev attend les aides occidentales tardives

Malgré les difficultés initiales rencontrées par la Russie dans la guerre, lorsque son attaque sur Kiev a échoué, les pays occidentaux sont intervenus pour aider l’Ukraine en envoyant des armes et en formant les forces, mais les analystes militaires affirment que les troupes du Kremlin ont désormais l’initiative sur le champ de bataille.

Cela est dû en grande partie à l’épuisement de l’aide occidentale en raison de pénuries en Europe, actuellement bloquée aux États-Unis en raison de différends politiques.

L’Institut d’étude de la guerre, un centre de recherches basé à Washington, a déclaré que les forces russes « ont l’initiative au niveau du théâtre des opérations et seront capables de déterminer le moment, le lieu et l’ampleur des opérations offensives » sur le champ de bataille pour le moment.

L’Institut international d’études stratégiques (IISS) a déclaré que l’offensive russe prenait de l’ampleur et que les mois à venir seraient « cruciaux pour l’orientation du conflit ».

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a averti jeudi que les retards dans la livraison de fournitures à l’Ukraine coûtaient des vies.

Stoltenberg a déclaré aux journalistes à Bruxelles : « Le courage des Ukrainiens ne s’épuise pas, mais leurs munitions s’épuisent. »

Alors qu’elle fait face à des ressources de plus en plus réduites sur le champ de bataille, l’Ukraine voit la Russie augmenter considérablement sa production d’armes et s’approvisionner en munitions auprès de l’Iran et de la Corée du Nord.

L’Institut international d’études stratégiques a indiqué mercredi dans un rapport que cela était de mauvais augure pour l’Ukraine une fois que Poutine aura renforcé sa prise sur le pouvoir.

Il a ajouté : « Durant les saisons du printemps et de l’été, la Russie devrait lancer une série d’attaques majeures visant à infliger des pertes humaines ukrainiennes, repousser les défenseurs vers l’ouest et étendre son contrôle sur les territoires occupés. »

Il a déclaré que « la guerre terrestre semble actuellement sanglante » et favorise Moscou.