Un raid israélien, dans la ville de Rafah, a mis fin samedi à la joie d'une femme palestinienne avec ses jumeaux qu'elle a eus après trois cycles de fertilisation in vitro, ayant duré 10 ans, selon l’« Associated Press ».

Le raid israélien a touché la maison de la famille de Rania Abu Anza tard samedi, entraînant la mort de ses jumeaux « Wissam et Naïm » âgés de cinq mois, ainsi que de son mari et de 11 autres membres de sa famille.

Le raid israélien a laissé neuf autres personnes portées disparues sous les décombres, selon des survivants et des responsables locaux de la santé.

Rania Abu Anza s'est réveillée vers 22 heures pour allaiter son enfant Naïm, puis elle l'a posé sur un de ses bras, et a mis sa fille Wissam sur l'autre bras, tandis que son mari dormait à côté d'eux, avant que l'explosion ne se produise une heure et demie plus tard.

Dimanche, pleurant avec le matelas de son enfant sur sa poitrine, Abu Anza a dit : « Ils sont tous morts, leur père les a pris et m'a laissée derrière. »

Selon l’agence, les raids aériens israéliens frappent régulièrement les maisons des familles nombreuses à Rafah, que Israël a déclarée zone sûre en octobre dernier, « mais elles sont maintenant devenues la prochaine cible de son offensive terrestre ».

Les frappes arrivent souvent sans avertissement préalable, généralement à minuit, selon l’Associated Press.

Israël affirme qu’elle essaie d’éviter de blesser les civils et impute leur décès au Hamas, « car il déploie des combattants, des tunnels et des lance-roquettes dans des zones résidentielles densément peuplées ».

Rarement, l’armée israélienne commente les frappes individuelles qui tuent souvent des femmes et des enfants. Elle n’a pas immédiatement commenté cette frappe, selon l’agence.

Le docteur Marwan Al-Homs, directeur de l’hôpital où les corps ont été transférés, a déclaré : « Parmi les 14 victimes dans la maison d’Abu Anza, six sont des enfants et quatre sont des femmes. »

Il a souligné que « Rania a perdu, en plus de son mari et de ses enfants, sa sœur, le fils de son frère, sa cousine enceinte et d’autres proches ».

Farouk Abu Anza, un parent de Rania, a indiqué que « près de 35 civils, pour la plupart des enfants, résidaient dans la maison, certains ayant été déplacés d’autres régions ».

Rania et son mari Wissam ont passé une décennie à essayer d’avoir un enfant, deux cycles de fécondation in vitro ayant échoué, mais après le troisième cycle, au début de l’année dernière, Rania a appris qu’elle était enceinte, et elle a donné naissance aux jumeaux le 13 octobre dernier.

Elle a ajouté que son mari Wissam, qui travaillait au jour le jour, était très fier au point d’insister pour nommer leur fille d’après lui.

Elle a dit : « Je n’en ai jamais assez d’eux… Je jure que je ne me suis jamais lassée d’eux. »

Le 7 octobre dernier, des militants dirigés par le Hamas ont lancé une attaque surprise dans le sud d’Israël, faisant environ 1200 morts, pour la plupart des civils, et la prise d’environ 250 otages, dont des enfants et des nouveau-nés, selon les autorités israéliennes.

Israël a répondu par une campagne de représailles qui a entraîné la mort de plus de 30 000 Palestiniens, selon le ministère de la Santé de Gaza.

Environ 80 % des 2,3 millions d’habitants de Gaza ont fui leurs maisons, tandis qu’un quart de la population fait face à la menace de la famine.

Le ministère a déclaré le mois dernier que plus de 12 300 enfants palestiniens ont été tués dans la guerre, soit environ 43 % du total des morts. Le ministère ne distingue pas entre civils et combattants dans ses statistiques.

Les travailleurs humanitaires disent que « la guerre a transformé la vie des enfants survivants en enfer, certains d’entre eux dans le nord de Gaza étant hors de portée des soins ».

Adele Khodr, directrice régionale de l’UNICEF au Moyen-Orient, a déclaré dimanche dans un communiqué que « le sentiment d’impuissance et de désespoir parmi les parents et les médecins lorsqu’ils réalisent que l’aide salvatrice est hors de portée est insupportable ».

Elle a ajouté : « Mais pire encore sont les cris de douleur de ces enfants qui meurent lentement sous les yeux du monde ».

Jusqu’à samedi, la famille Abu Anza avait été relativement chanceuse, Rafah ayant échappé à la destruction massive qui a frappé le nord de Gaza et la ville de Khan Younès au sud.

Mais Israël a déclaré que « le passage de Rafah sera le prochain, et environ 1,5 million de personnes qui s’y sont refugiées seront déplacées, sans que leur destination soit précisée ».

Rania a dit : « Nous n’avons pas de droits. J’ai perdu les personnes les plus chères pour moi, je ne veux pas vivre ici, je veux quitter ce pays, car j’en ai assez de cette guerre. »