Un analyste militaire israélien a exprimé sa conviction que Tel Aviv se dirige vers ce qu'il a décrit comme un échec catastrophique multidimensionnel, et qu'au niveau stratégique elle est "coincée sur tous les fronts, Gaza, Liban, et internationalement".

Amos Harel, analyste au journal "Haaretz", a déclaré dans une analyse publiée vendredi, qu'avec l'entrée dans le neuvième mois de la guerre à Gaza, il est difficile d'annoncer de bonnes nouvelles à l'horizon, ajoutant que "une série de discussions menées ces dernières semaines avec des personnalités de haut rang de l'institution de la défense indiquent de plus en plus que Israël se dirige vers un échec catastrophique multidimensionnel".

L'analyste a ajouté que stratégiquement : "Nous sommes coincés sur tous les fronts, le plus grand et le plus important est le front du Hezbollah au Liban qui menace de se transformer en un incendie massif, qui, s'il se produit, jettera son ombre sur tout ce qui s'est passé avant", selon ce qu'a rapporté l'agence d'information "Ma'an".

1 - Front de Gaza
Harel a déclaré qu'en ce qui concerne la situation à Gaza, Israël n'arrive pas à traduire ce qu'il a décrit comme une accumulation importante de réalisations tactiques en une victoire stratégique.

Il a expliqué que "l'activité militaire dans la bande de Gaza, qui se concentre maintenant à Rafah et dans les camps de réfugiés du centre, impose un prix élevé au Hamas, mais ne remporte pas la victoire dans la guerre à court terme", qualifiant la situation à Gaza de la plus complexe.

Concernant un accord d'échange de prisonniers, il a déclaré : "Il semble que les négociations sur l'accord des détenus avec le Hamas soient entrées dans une nouvelle crise, après qu'il ait semblé un instant que le discours du président américain Joe Biden pourrait nous sortir de l'impasse", exprimant sa conviction que "dans les circonstances, il semble que la bonne chose à faire soit de rechercher autant que possible un accord sur les prisonniers, même au prix de l'arrêt de la guerre".

2 - Front du Liban

En ce qui concerne le Liban, l'analyste israélien a mis en garde contre les conséquences de la guerre avec le Hezbollah, déclarant : "Il semble que le public n'ait pas encore saisi la différence en termes de dommages que peuvent causer les roquettes du Hezbollah par rapport à celles du Hamas".

Il a ajouté que le nombre de roquettes lancées par le Hamas le premier jour de la guerre était de 5 000, un nombre que le Hezbollah pourrait répéter chaque jour pendant un mois, et beaucoup de ces roquettes sont plus lourdes, ont une plus longue portée et sont également plus précises.

Il a poursuivi : "Contrairement à l'impression créée par certains rapports récents, il est difficile de dire que la direction israélienne est enthousiaste à l'idée d'une guerre au nord. Cependant, le risque existe que l'exagération des capacités de l'armée israélienne aboutisse au résultat inverse et rende une guerre totale plus probable".

3 - Internationalement

L'analyste israélien a estimé que "Tel Aviv se trouvera dans une guerre sans légitimité internationale, qui s'est estompée après le 7 octobre lorsque les dimensions de la destruction et des meurtres à Gaza sont devenues claires, ainsi que sans un fort soutien américain et avec une armée épuisée qui lutte pour maintenir un approvisionnement régulier en munitions et pièces de rechange".

Il a expliqué les raisons qui ont poussé l'armée israélienne à utiliser l'expression "attaques précises" dans ses récents communiqués. Il a déclaré : "Un paragraphe détaillé a récemment été ajouté aux déclarations militaires officielles sur de telles attaques, indiquant que les opérations ont été réalisées avec le maximum de précaution et conformément aux lois internationales de la guerre".

Il a ajouté : "L'ombre de la Cour pénale internationale à La Haye plane déjà à l'horizon des événements, et dans certaines récentes discussions menées par le gouvernement et l'institution de la défense, les participants ont été stupéfaits de découvrir que des mandats d'arrêt internationaux peuvent aussi être émis secrètement".

Il a indiqué que "théoriquement, un officier militaire supérieur ou un ministre peut visiter un pays étranger et se retrouver suspecté et recherché dès son arrivée dans ce pays".