Nouvelles du Canada arabe
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Publié: juin 3, 2024
Chez la maison «Al-Arabi» au Caire, est paru le roman «Retour vers le Nord», de l'écrivain canadien Michel Jean, qui évoque le monde oublié et riche humainement et culturellement des populations autochtones du Canada, en particulier la tribu des «Innu». L'intrigue de l'œuvre, traduite par Yara Ayman, repose sur une histoire d'amour douce et délicate, devenant une entrée pour comprendre et explorer une culture différente souffrant de mauvaises impressions et de jugements préconçus.
L'histoire raconte comment Amanda Simion tombe amoureuse d'un jeune homme de la tribu «Innu» des populations autochtones. Lorsqu'elle l’a vu une fois naviguer sur son canot dans le lac, elle a ressenti le désir de monter avec lui à bord de ce canot et de partir avec lui vers son monde, ce qui arriva effectivement lorsqu'ils se marièrent. Elle le rejoint ainsi que sa famille dans leur long voyage pour résister à la nature tout en coexistant avec elle en même temps. Avec le temps, Amanda s'habitue au rythme de cette vie et se considère comme faisant partie des autochtones. Dans son récit, le lecteur a presque l'impression que sa voix sort des lignes alors qu'elle raconte ce peuple qui s'est uni avec la nature, sa langue qui sort en sons ressemblant aux sons de la nature. On ressent aussi le mouvement du vent entre les grands arbres et la neige qui recouvre tout, ainsi que sa tristesse pour les forêts abattues, mais sa foi que son peuple et ses coutumes ne disparaîtront pas complètement la rassure et donne de l'espoir au lecteur que tout est possible, comme s'il était avec elle, voyant ce qu'elle voit et ressentant ce qu'elle ressent au cœur des forêts dans le monde particulier et lointain des «Innu».
L’auteur Michel Jean est un écrivain et journaliste canadien, il travaille en tant que présentateur de nouvelles à la région de «Kejick». Il a publié de nombreuses œuvres romanesques, dont : «L’envoyé spécial», «Un monde mort comme la lune», «Une vie pour l’amour», «Le vent parle encore», «La belle tristesse» et «Tsunami».
Et parmi l’ambiance du roman, nous lisons :
«J’ai grandi dans un monde où les quatre saisons décident de l’ordre des choses et organisent les affaires, un monde au rythme lent, où le salut vient d’un lopin de terre qui doit être labouré encore et encore. Mon plus ancien souvenir de la cabane dans laquelle nous vivions est qu’elle n’était rien de plus qu'une simple maison en bois de colonisation, un bâtiment carré, avec un toit en pente des deux côtés, et une seule fenêtre à l'avant. Dehors, une route de sable, et derrière la maison un champ qui faisait partie de la forêt, mais qui en a été séparé grâce à l’effort humain immense. C’était un sol pierreux traité par les hommes comme un trésor, ils travaillaient la terre, l’enrichissaient avec du fumier, la libéraient des pierres, et en retour elle ne leur fournissait que des légumes sans saveur, ainsi que du blé et du fourrage que les vaches mangeaient pour leur fournir du lait. La moisson était soit bonne soit mauvaise, tout dépendait du temps, et c’est le Seigneur qui décide, selon ce que dit le pasteur.
Je ne me souviens de rien de mes parents, souvent j’essayais d’imaginer leurs visages ; mon père était grand, d’une constitution forte et stricte, ses mains étaient robustes. Quant à ma mère, elle était blonde, ses yeux bleus comme les miens. Des traits doux, chaleureux et affectueux. Ils n’existent que dans mon imagination d’enfant, mais qui sait à quoi ils ressemblaient réellement ? Cela n’a pas d’importance, mais je préfère les imaginer forts et gentils. J’ai grandi avec une femme et un homme que j’appelais ma tante et mon oncle, je ne sais pas s’ils m’aimaient ou pas, mais ils prenaient soin de moi. Ils sont décédés il y a longtemps, et la maison située au bout de la rivière (Allaschâs) a brûlé, mais la terre est toujours là, et il y a des champs partout. Les agriculteurs contrôlent maintenant leurs terres autour du lac (Pekuakami). Le vent s’est renforcé et a frappé mon visage fatigué, le niveau de l’eau du lac monte et descend, et je ne suis qu’une vieille personne qui a tout vu. Au moins, ils ne peuvent pas te faire de mal, mon lac, tu ne changes pas.»
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