‎Ma mission dans cet article est de ne pas être une source de discorde, mais d’être un pilier de la religion et de la croyance, et d’être un exemple inspirant d’un message humanitaire. Comme vous le savez, avec l'arrivée du mois sacré de Ramadan, la spiritualité se renouvelle et la détermination des croyants s’élève dans l’obéissance et l’adoration. Les savants et les cheikhs dominent la scène par leurs appels, leurs conseils et leurs orientations. Cependant, devant la grandeur de la responsabilité qui leur incombe, la question demeure : le savant se contente-t-il de conseiller et d’orienter seulement ? Ou doit-il être un modèle concret de sincérité, de justice, de générosité et de bonnes actions ?

‎Les savants pendant le Ramadan... une responsabilité au-delà de la chaire

‎Personne ne nie le rôle essentiel des savants dans l’orientation des gens, mais ce rôle ne se limite pas à donner des leçons et des sermons, il s'étend à l’application concrète de ce qu’ils prêchent. Les savants sont la balance de la vérité, et ils sont la référence sur laquelle les gens se basent pour distinguer le vrai du faux.

‎Pour cela, il n’est pas permis que le savant soit simplement un orateur, il doit être un modèle d’engagement réel. Aujourd’hui, les gens ont besoin de savants qui vivent parmi eux, partagent leurs douleurs, et se tiennent à leurs côtés dans leurs besoins, au lieu que leur relation avec les savants soit limitée aux tribunes des mosquées et aux écrans.

‎Ne rendez pas licite ce qui est interdit par complaisance ou ignorance… et ne transformez pas la religion en commerce mondain !

‎La responsabilité des savants ne se limite pas à la diffusion du savoir, mais inclut la préservation de la religion contre la distorsion et la manipulation. Il n’est pas permis de déformer les jugements religieux ou de cacher la vérité par complaisance envers les gens, ou pour préserver le statut social, ou par convoitise pour obtenir la faveur des puissants. Dieu Tout-Puissant a mis en garde contre ceux qui mélangent la vérité au mensonge, en disant :
‎« Et ne mêlez pas le faux à la vérité, ne dissimulez pas la vérité alors que vous savez » (Al-Baqara : 42).

‎Le savant qui tient compte des désirs des gens et leur fait des faveurs au détriment de la religion, ou qui met sa science au service de gains matériels, s’expose à un compte sévère le Jour du Jugement. Le Prophète صلى الله عليه وسلم a dit : « Quiconque cache un savoir, Allah lui imposera un mors de feu le Jour du Jugement » (rapporté par Ibn Majah).

‎Par conséquent, la religion ne doit pas être un moyen de gain ou d’ascension sociale, elle doit être un message sincère pour la face de Dieu. Le véritable savant ne négocie pas sur les principes, ne vend pas sa religion pour un profit mondain, et ne profère que ce qui plaît à Dieu, pas ce qui plaît aux intérêts personnels.

‎Le modèle concret… la plus grande leçon offerte aux gens

‎Le Prophète صلى الله عليه وسلم et les nobles compagnons étaient le plus grand exemple d’application du savoir avant de l’enseigner. Le Prophète صلى الله عليه وسلم n’était pas seulement un prédicateur par la parole, il vivait parmi les gens, supportait les difficultés de la vie comme eux, jeûnait avec eux, donnait en charité de ce peu qu’il possédait, et incarnait la justice en toute occasion. De même, les savants vertueux à travers l’histoire vivaient leur savoir avant de le diffuser.

‎Combien l’impact du savant serait-il plus fort s’il était le premier à visiter les pauvres, le premier à participer aux tables de rupture du jeûne en groupe, le premier à rendre visite aux hôpitaux, le premier à prendre l’initiative de résoudre les problèmes sociaux ? Alors, la science aura une lumière qui guide les cœurs et non pas de simples paroles dites et oubliées.

‎L’appel à l’action commence par les savants eux-mêmes

‎C’est pourquoi, si les savants appellent à la générosité et au don, ils doivent être les premiers à l’appliquer. S’ils encouragent la morale, ils doivent être un modèle vivant de celle-ci. S’ils prônent la justice, ils doivent être les premiers à l’établir dans leurs comportements et leurs principes. Il n’est pas sage que les conseils soient grands, mais que les actes ne les reflètent pas.

‎Le savant qui vit parmi les gens, ressent leur douleur, et s’efforce de répondre à leurs besoins, a un impact bien plus grand que des centaines de conférences et leçons. La religion n’est pas que des mots prononcés dans les mosquées, mais des actions qui construisent la nation et la font progresser.

‎Ramadan… une opportunité pour que les savants soient en première ligne du changement

‎Comme vous le savez, le Ramadan n’est pas simplement une saison de sermons, de discours, de prières et de sollicitation émotionnelle des gens afin de collecter le plus de dons possibles dont nul ne sait où ils vont ni comment ils sont dépensés, mais c’est une opportunité pour que les savants et les cheikhs réexaminent leurs rôles dans la société. Plutôt que de parler d’ascétisme, qu’ils en soient un exemple. Et parallèlement en rappelant les bienfaits de la charité, faire en sorte que tous ces facteurs soient prioritaires, pour être les premiers à faire la charité. Plutôt que de théoriser sur la morale, qu’ils soient les premiers à l’incarner.

Le véritable savant est celui qui incarne les enseignements de l’islam avant de les prononcer, et qui fait de son comportement en privé et en public un modèle à suivre avant de l’enseigner aux autres. Les gens sont plus influencés par les actions que par les paroles.

‎En conclusion et en me confiant à Dieu, je dis comme j’ai commencé cet article, ô cheikhs et savants honorables, sans en exalter aucun, Ramadan Moubarak à vous, que Dieu fasse de ce mois un mois de bien et de bénédiction pour vous et pour la nation arabe et islamique entière. Mais n’oubliez pas que Ramadan n’est pas seulement une saison de sermons, de prêches et de collecte de dons dont certains deviennent une épée dans des conflits immoraux, mais c’est une opportunité pour que vous soyez un exemple à suivre et une boussole authentique pour relever les défis dans la diaspora, une lumière qui éclaire le chemin pour les gens, et un travail qui traduit la science en réalité.

‎Ne rendez pas licite ce qui est interdit pour plaire aux gens, ne transformez pas la religion en commerce mondain dans le cadre de calculs de groupes concurrents et antagonistes au détriment de l'essence de la croyance, de l’esprit humain et des principes doctrinaux tolérants, et soyez un modèle par les actes vertueux avant les paroles. Comme l’a dit l’Imam Malik : « Le savoir ne vient pas de la profusion de récitations, mais c’est une lumière que Dieu inspire dans le cœur ». Que ce Ramadan soit cette année le début d’un nouveau modèle de savants qui craignent Dieu en eux-mêmes et dans leurs communautés, des savants qui croient qu’ils sont au service du message humanitaire, divin et doctrinal, qui inspirent les gens par leurs actions avant leurs paroles, et qui laissent une trace indélébile dans leurs cœurs et leur vie.