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Publié: avril 19, 2025
Ottawa – Arab Canada News
Dans une salle industrielle au sud de la ville d'Edmonton, le chef des conservateurs canadiens Pierre Poilievre se tenait au milieu d'une grande foule, agitant le poing dans les airs tout en répétant sa phrase célèbre : “Le Canada d’abord… récupérons-le!”, tandis que sa femme Anaida montait sur scène pour partager le moment dans une scène répétée lors de ses rassemblements de Hamilton à Fredericton.
Depuis qu'il a pris la tête du parti en 2022, Poilievre a fait de ces rassemblements populaires un pilier de sa campagne, alimentée par un discours populiste qui touche les préoccupations du citoyen canadien moyen, et à laquelle répond un public fidèle, dont beaucoup sont ses abonnés sur les réseaux sociaux.
Mais la distance entre cet élan populaire et sa première ascension sur la scène politique fédérale il y a 20 ans semble très grande. En 2004, Poilievre a été élu jeune député à l'âge de 25 ans pour la circonscription de Nepean-Carleton, il était le plus jeune membre du groupe conservateur à l'époque aux côtés d’Andrew Scheer, et portait le surnom de “Skeppy” parmi ses collègues.
Une ascension sans fin
Le coach sportif Tony Greco l'a rencontré pour la première fois dans son club de sport, le décrivant comme ”le jeune mince qui semble avoir douze ans”, mais il a rapidement compris que derrière cette apparence se cachait une personnalité infatigable, disant : “Il était incroyable dans ses entraînements… il n'abandonne jamais”.
Cette énergie, selon ceux qui le connaissent bien, est le secret de son passage d’un député ordinaire à ministre puis à leader d'un parti ambitieux visant le poste de Premier ministre.
Des racines modestes à la scène nationale
Poilievre est né à Calgary d'une mère de seize ans, et a été adopté par une famille d’enseignants. Il a grandi dans un environnement conservateur où il a adopté tôt des idées de réforme financière. Lors d'un congrès du Parti réformiste en 1996, il a déclaré soutenir le parti par souci de la situation financière du pays.
Poilievre affirme qu'il n'a pas changé d’idées depuis sa jeunesse, et soutient que ses articles à l'université reflètent les mêmes convictions qu'il porte aujourd'hui : réduire le rôle du gouvernement, et autonomiser les citoyens économiquement et socialement.
Transformation et défis
Au début de 2025, Poilievre semblait avancer confiantly vers la victoire, profitant du déclin de la popularité des libéraux. Mais les changements dans la situation mondiale, la montée en puissance de Donald Trump, ainsi que la guerre commerciale, l'ont poussé à ajuster ses messages électoraux, abandonnant partiellement le discours “réduction du carbone et des prix”, pour rassurer les électeurs qu'il ne toucherait pas aux programmes de soins dentaires, de garderies et d'aide médicale à mourir.
Ce changement, bien que nécessaire, a donné l'impression à certains qu'il est devenu contradictoire ou “forcé”, tandis que d'autres voient cela comme une tentative d'ouverture à de nouvelles catégories d'électeurs, notamment les femmes et la classe moyenne.
L'autre face de la fermeté
Les opposants de Poilievre le décrivent comme agressif et ressemblant à Trump, tandis que ses partisans le voient comme la voix des sans-voix, qui parle de la hausse des prix et de la baisse du pouvoir d'achat. Jenny Ruth, son ancienne conseillère, dit qu'il est “en colère au nom des gens écrasés”, ajoutant qu'il “parle directement, sans fioritures”.
Fred De Lorie, directeur de campagne en 2021, déclare : “Poilievre est un professionnel de la politique de premier ordre… mais ce n’est pas encore un homme d’État”. D'autres estiment qu'il est doué pour simplifier des dossiers complexes dans un langage accessible aux Canadiens.
Les réseaux sociaux comme arme stratégique
Poilievre mise sur les réseaux sociaux pour atteindre un public qui ignore les médias traditionnels. Cette approche est qualifiée par l'ancien Premier ministre Stephen Harper de ”surfer sur la vague populiste”, considérant que Poilievre est “plus conservateur que Trump”, mais qu'il a intelligemment tiré parti des outils du discours populiste.
Poilievre attire de nouvelles catégories, comme les jeunes immigrants et les hommes en début de carrière, des changements que les observateurs voient comme un signe d’un profond changement dans l’humeur électorale canadienne.
Tiendra-t-il l’épreuve ?
Malgré le recul des conservateurs dans les sondages, Poilievre reste dans une course serrée avec les libéraux. Pour gagner, il devra transformer l'enthousiasme des foules en voix réelles le jour du vote.
Greco, son vieil ami, dit : “Poilievre déteste perdre… il fera tout ce qu'il peut pour gagner”, ajoutant que son expérience personnelle avec lui dans des moments humains difficiles lui a révélé une fidélité que beaucoup ne voient pas.
Conclusion
Pierre Poilievre n'est pas simplement un politicien conservateur traditionnel, mais un phénomène politique nouveau au Canada : un leader avec une vision idéologique claire, une popularité populaire réelle, mais qui fait face au plus grand test de sa carrière – prouver qu'il a non seulement la capacité de s'opposer, mais aussi de gouverner.
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