Le ministre de la Défense canadien, Bill Blair, a choisi ses mots avec soin lorsqu'on lui a demandé de réagir à la proposition de l’ancien président américain Donald Trump selon laquelle les États-Unis pourraient ne pas protéger les alliés de l’OTAN qui ne dépensent pas assez pour la défense contre la Russie.

Interrogé sur ses inquiétudes concernant le dernier discours de Trump, Blair a déclaré à un groupe de journalistes à Ottawa lundi : « Je ne pense pas que nous devions en faire trop, mais je pense que nous devons nous assurer que nous sommes prêts et que nous maintenons nos alliances fortes. »

Les commentaires faits par Trump lors d’un rassemblement en Caroline du Sud durant le week-end ont soulevé des inquiétudes quant à ce que pourrait signifier un second mandat à la présidence des États-Unis pour l’OTAN.

Le Canada, ainsi que d’autres pays n’ayant pas respecté leurs engagements de dépenses en matière de défense au sein de l’OTAN, ont réalisé qu’un second mandat présidentiel de Trump pourrait laisser une porte ouverte à la Russie pour une invasion potentielle.

Lors d’un discours à ses partisans samedi, Trump a déclaré qu’« un chef d’État important » lui avait demandé s’ils restaient protégés s’ils ne payaient pas leurs engagements en tant que membre de l’OTAN, et Trump affirme lui avoir répondu : « Je ne vous protégerai pas, en fait je les encouragerai (la Russie) à faire tout ce qu’ils veulent. »

La Maison-Blanche a qualifié les commentaires de Trump de « horribles et perturbateurs ».

Les dépenses militaires canadiennes ont historiquement été inférieures à la plupart des membres de l’OTAN, et le gouvernement fédéral prévoit dépenser 1,43 % de son PIB pour la défense d’ici 2024/2025, soit moins que son engagement à hauteur de 2 %.

Les messages de Trump sont-ils faux ?

La professeure Jane Boulden du Centre de Défense Internationale de l’Université Queen’s a déclaré que l’essence du message de Trump n’est pas fausse : « Les alliés de l’OTAN qui n’atteignent pas leur objectif de 2 % doivent faire plus pour atteindre cet objectif. »

Blair a refusé de répondre directement sur la question de savoir si le Canada envisageait d’augmenter ses dépenses en matière d’OTAN en cas de victoire de Trump pour un second mandat.

Blair a déclaré : « Il y a des élections politiques et des débats dans un autre pays, et nous écouterons des déclarations rhétoriques. Le meilleur moyen de dissuasion contre l’intimidateur est la force, et nous investissons dans cette force. »

Bien que certains législateurs américains aient été moins modérés dans leurs propos, notamment la députée et candidate à la présidence Nikki Haley, qui a déclaré à ses partisans que Trump « met chaque militaire en danger, et chacun de nos alliés en danger, simplement en disant quelque chose lors d’un rassemblement comme celui qui a eu lieu. »

Les récentes déclarations ont laissé certains responsables inquiets que Trump pourrait être prêt à agir selon ses paroles, et qu’un second mandat de Trump pourrait menacer l’ordre international établi après la Seconde Guerre mondiale. Boulden a déclaré : « Si les États-Unis, sous Trump, commencent à se retirer et cherchent activement à perturber, alors nous faisons face à une toute nouvelle image mondiale. »

Il convient de noter que l’OTAN est une voie à double sens. Le soutien militaire va dans les deux sens, et les responsables américains craignent que la déclaration de Trump ne mette également en danger la sécurité des États-Unis.

C’est ce qu’a déclaré le porte-parole de la Maison-Blanche, Andrew Bates, qui a dit : « Encourager les invasions de nos alliés les plus proches par des régimes meurtriers est horrible et perturbateur, cela met en danger la sécurité nationale américaine, la stabilité mondiale et notre économie intérieure. »