L'association « Centre Israël et affaires juives » CIJA a demandé la « démission ou le renvoi » de la représentante spéciale chargée de la lutte contre l'islamophobie, Madame Amira Al-Jawabi, en raison de déclarations faites après la manifestation qui a eu lieu devant l'hôpital Mount Sinai à Toronto.
Par ailleurs, une source responsable de la communauté a déclaré à notre site qu'« nous aurons une position claire si le gouvernement cède aux pressions exercées sur lui ».

Un communiqué publié par l’association CIJA, qui défend Israël, a déclaré que « c'est une tentative grave de déformer l’histoire de la part de la représentante spéciale chargée de la lutte contre l’islamophobie. C’est pourquoi elle doit démissionner ou être révoquée ». S'adressant à Madame Al-Jawabi, il ajoutait : « Vous ne combattez pas l’islamophobie en minimisant l’antisémitisme. Il existe une vidéo de centaines de manifestants qui se sont arrêtés devant un hôpital juif, dont certains ont escaladé les murs en tenant le drapeau palestinien à la main, avec une pancarte "L’hôpital est calme" en ligne de mire, tandis que leurs foules scandaient "Vive l’intifada" dans la rue en dessous. Si des inquiétudes existaient quant à un impact négatif, il y avait de nombreuses occasions de marcher calmement et avec respect. Ils auraient pu changer leur itinéraire, mais la foule a choisi de poursuivre sa protestation à haute voix et joyeusement devant une des institutions juives les plus célèbres de Toronto – une institution sans lien avec le gouvernement israélien ».

L’association conclut en disant : « Vous ne pouvez pas voir ? Ou vous ne voulez pas voir ? ».

Que a dit Madame Al-Jawabi ? 

La représentante spéciale chargée de la lutte contre l’islamophobie, Madame Amira Al-Jawabi, a commenté la manifestation qui s’est tenue devant l’hôpital mentionné en déclarant : « Les hôpitaux et le personnel médical doivent toujours être en sécurité afin de fournir des services essentiels aux patients et à leurs familles. Le mode de protestation de la nuit dernière devant l’hôpital Mount Sinai a eu un effet négatif, ce qui est préoccupant et inacceptable dans une société qui valorise la liberté de rassemblement, le droit de protester ainsi que le droit de se sentir en sécurité ».

Cependant, Al-Jawabi a déclaré : « Ce qui est également préoccupant et erroné, c’est de qualifier les manifestants d’antisémites et/ou de sympathisants des terroristes ».

Elle a affirmé que « si la police décide que n'importe quel acte était motivé par la haine, cela doit être condamné sans ambiguïté car il ne peut y avoir aucune justification à l’antisémitisme ».

Elle a souligné que « de même, il ne doit y avoir aucune excuse pour le meurtre aveugle de tous les hommes, femmes et enfants innocents – ce contre quoi les manifestants protestaient déjà. Quiconque condamne l’un sans condamner l’autre nous montre tous comment la haine de l’islam et le racisme anti-palestinien minimisent la valeur de la vie de ceux qui sont considérés comme inférieurs et sans droit à la protection, y compris celle offerte par le droit humanitaire international ».

Elle a ajouté : « N’oublions pas que les Canadiens palestiniens ayant des familles à Gaza ont regardé avec horreur leurs proches, amis et voisins bombardés, affamés, déplacés, mutilés et tués au cours des quatre derniers mois – sans aucune fin en vue à cette folie. Des milliers de Canadiens, toutes confessions et origines confondues, de la côte à la côte ont été confrontés à la destruction provoquée par la violence et le déplacement forcé qu’ils voient sur leurs écrans chaque jour ».

Elle a aussi souligné que « plusieurs d’entre eux ont rejoint les centaines de manifestations pacifiques qui ont eu lieu partout au pays. Beaucoup ont indiqué que leurs voix ont été réduites au silence et/ou qu’ils ont subi des conséquences pour s’être solidarisés avec le peuple palestinien. Parallèlement, seulement au cours des deux dernières semaines, des actes à motivation haineuse ont été rapportés : des graffitis haineux sur les murs d’un centre islamique à Cambridge, des inscriptions islamophobes laissées devant une salle de prière dans un bâtiment gouvernemental régional, et une agression et un vol d’une femme musulmane à Mississauga ».

Al-Jawabi s’est interrogée : « Où sont les condamnations de ces actes ? Assez de normes doubles. Tout le monde, partout, mérite de vivre en sécurité, dans la dignité et la liberté ».

La manifestation devant l’hôpital 

Il convient de noter qu’une manifestation de Palestiniens s’est déroulée devant l’hôpital Mount Sinai où les manifestants se sont arrêtés et ont levé le drapeau palestinien sur l’un de ses bâtiments.

Cependant, les organisateurs ont confirmé que l’hôpital n’était pas la cible et qu’il se trouve simplement sur le trajet journalier qu’ils empruntent pour se rendre au consulat américain.

Le Mouvement des jeunes palestiniens et Toronto pour la Palestine ont publié une déclaration le 14 février au sujet de la protestation, signée également par l’association « Les Juifs disent non au génocide ». Celle-ci disait en partie : « Les manifestations ont duré quatre heures, partant du consulat israélien et se terminant à la place Yonge-Dundas, en passant par de nombreux bâtiments à travers la ville,
certains participants ayant escaladé les bâtiments et les échafaudages pour y faire flotter le drapeau palestinien à différents endroits ». Le communiqué ajoutait : « Le récit promu par les institutions sionistes et les politiciens canadiens – y compris le Premier ministre, le Premier ministre de l’Ontario et le maire de Toronto – selon lequel cette manifestation a été planifiée et s’est déroulée hors de l’hôpital est clairement faux et encourage une vision raciste et limitée des mouvements de libération palestiniens ; nous ne sommes pas dans la rue pour cibler quelqu’un, nous demandons la fin du génocide et de l’occupation du peuple palestinien. Et il est surprenant que différents médias qui ont couvert et rapporté sur la manifestation pacifique hier, publient aujourd’hui des rapports sur un ensemble complètement différent d’événements inventés ».