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Publié: juillet 10, 2024
Les grands aéroports canadiens manquent de ressources suffisantes sur place pour sauver les passagers à l'intérieur des avions en cas d'incendie, selon des pompiers qui appellent le gouvernement à mettre à jour les règlements locaux pour les adapter aux normes internationales de sécurité.
L'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), qui établit les normes mondiales de sécurité aérienne et est basée à Montréal, stipule qu'en cas d'urgence, les pompiers de l'aéroport doivent évacuer les passagers des avions "dans les plus brefs délais".
Cependant, l'Office des transports du Canada charge les équipes de pompiers des aéroports de la "responsabilité principale de fournir une voie de sortie exempte de feu pour les passagers et l'équipage à évacuer", en précisant que cette norme ne vise pas à limiter les premiers intervenants à fournir des services supplémentaires.
En pratique, les niveaux d'emploi signifient que les pompiers de l'aéroport doivent attendre les renforts des pompiers municipaux pour sauver les passagers des avions, selon Philippe Gagnon, président de l'Association des pompiers de l'aéroport de Montréal.
Il a ajouté : "Nous ne serons pas capables de mener l'opération de sauvetage dans le délai requis par les organisations internationales". "Nous pourrons éteindre les incendies, mais ensuite nous devrons attendre avant d'entrer dans l'avion".
On craint que cette attente ne coûte des vies "le risque de mort est présent".
La sécurité des passagers est mise en danger "inutilement".
Le gouvernement explore cette question mais a refusé de s'engager sur un résultat spécifique.
En décembre, la Chambre des communes a adopté une proposition d'un député privé présentée par le libéral Ken Hardie appelant le gouvernement à mettre à jour les systèmes d'aviation canadiens, avertissant que de "grosses lacunes réglementaires" "mettent en danger la sécurité des voyageurs aériens inutilement".
Mettre les règlements canadiens aux normes internationales nécessiterait d'inclure les opérations de sauvetage et de lutte contre les incendies dans le mandat des pompiers des principaux aéroports du Canada ; imposer un temps de réponse ne dépassant pas trois minutes pour l'arrivée des équipements de lutte contre les incendies à tout point de la piste ; et définir le nombre de personnes requis pour répondre aux normes de sauvetage contre les incendies, selon la proposition.
Après l'adoption de la proposition, le ministre des Transports Pablo Rodriguez a informé le Comité permanent des transports que le gouvernement "étudie les impacts financiers, opérationnels et de sécurité potentiels des changements proposés aux règlements canadiens de l'aviation".
Mais il a écrit dans une lettre envoyée en mai et vue par le réseau CBC : "Nous ne pouvons à ce stade nous engager sur un résultat précis".
Rodriguez n’était pas disponible pour un commentaire supplémentaire.
Les normes minimales varient
Attribuer aux pompiers de l'aéroport la responsabilité de sauver les passagers à l'intérieur de l'avion nécessiterait des niveaux d'embauche plus élevés dans plusieurs aéroports canadiens.
Les directives de l'OACI fixent les niveaux minimaux d’emploi nécessaires pour exploiter les équipements de sauvetage – 10 pompiers pour faire fonctionner quatre camions de pompiers, par exemple. Les normes aéronautiques établies par la National Fire Protection Association basée aux États-Unis indiquent qu'un aéroport de la taille de Montréal, Toronto ou Vancouver doit avoir au moins 15 pompiers sur place en tout temps, tandis qu’un aéroport de la taille d’Ottawa doit compter 12 pompiers.
Les aéroports canadiens respectent les normes minimales locales, selon les porte-parole des aéroports, mais ne correspondent pas à ces règlements internationaux plus stricts.
Un porte-parole de l'aéroport d'Ottawa a indiqué qu'il y avait au moins quatre pompiers en service, et que cinq étaient la norme. Un porte-parole de l'aéroport de Toronto a déclaré qu'il y avait au moins 11 pompiers en service. L'aéroport de Montréal a refusé de préciser le nombre minimum de personnel, mais Gagnon a déclaré que cinq pompiers étaient normalement affectés, et que ce nombre diminue parfois à quatre.
L'aéroport de Vancouver est le seul qui s'approche des normes internationales d'emploi, un porte-parole a déclaré qu'entre 12 et 19 pompiers étaient en service à tout moment.
Ces niveaux d'emploi minimum sont suffisants pour exploiter les camions de pompiers, mais entrer dans l'avion nécessite des pompiers supplémentaires. En cas d'urgence, les équipes de pompiers de l'aéroport appellent des renforts venant des pompiers municipaux.
Notre système d'aviation canadien est sûr
Cela crée des délais, selon Gagnon, qui dit qu’à l'aéroport international Montréal-Trudeau, il peut falloir en moyenne de sept à 12 minutes pour accompagner les pompiers municipaux sur un incident.
Il a dit que les temps de réponse à l’aéroport international Macdonald-Cartier d’Ottawa peuvent être plus longs, les pompiers locaux pouvant mettre jusqu’à 15 minutes pour arriver sur les lieux. Un porte-parole de l'aéroport d'Ottawa a indiqué que les temps de réponse variaient.
Un incendie peut dévorer un avion bien plus rapidement que ces délais, selon Chris Ross, président de l’Association des pompiers à Montréal et représentant de l’Association internationale des pompiers. Il a ajouté : "Nous pouvons parler d’évacuation et de sauvetage, mais il n’y a plus d’évacuation ni de sauvetage" lorsque ces équipes arrivent sur place.
Ross a déclaré que les pompiers municipaux appelés à répondre à un incident d’aéroport n’avaient peut-être pas suivi la formation nécessaire pour ce type d’urgence, ce qui nécessite "de l’improvisation".
Le groupe de défense représentant les aéroports affirme qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter.
Monique Boucher, présidente du Conseil des aéroports du Canada, a déclaré : "Notre système d'aviation canadien est sûr".
Et que "l'établissement de ces règlements relève du gouvernement" et qu'il revient aux aéroports de s'y conformer.
"Nous suivons les règlements de sécurité canadiens, et la sécurité est la pierre angulaire de tout ce que nous faisons".
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