Le dimanche dernier, le Festival international du cinéma (Vues d’Afrique) a dévoilé les lauréats de sa quarantième édition qui s’est tenue du 11 au 21 avril à Montréal.

Le film documentaire ’’La promesse d’Imane‘‘ de la réalisatrice documentaire algéro-canadienne Nadia Zouaoui a remporté deux prix.

Le premier prix est une mention spéciale du jury dans la catégorie des droits humains, à égalité avec le film (Le courage en plus) réalisé par Laurent Chevalier et Billy Tori. Le film ’’Nome‘‘ du réalisateur Wassana Na Nahada a remporté le prix de cette catégorie.

Le film de Nadia Zouaoui, présenté pour la première fois durant le festival, a également remporté le prix du meilleur long métrage documentaire dans la catégorie ’’Regards d’ici‘‘. Des films de production canadienne et coproduction concourent dans cette catégorie.

Dans la même catégorie, le prix du court ou moyen métrage est allé au film ’’Kasaleo‘‘ de la réalisatrice Mingezani Assieh. La mention spéciale du jury a été partagée par les films (Outside Center) du Libano-canadien Elie Jean Al Tohchy et (Revenge of the Black Best Friend) de Jan Kětiko, Jerome Crowin et Tyron Tommy.

Le film de Nadia Zouaoui a attiré l’attention du jury dans la catégorie des droits humains, car il met en lumière la lutte des femmes africaines, du nord au sud, pour l’égalité.

Le jury estime que ‘’certaines femmes consacrent et sacrifient leur vie, luttent pour leurs droits et poussent à un dialogue nécessaire pour intégrer tous les individus afin de créer un monde plus juste.’’

De son côté, le jury de la catégorie ’’Regards d’ici‘‘ a jugé que l’histoire racontée par le documentaire est ’’très juste, émouvante et sensible, constituant un hommage à l’héroïne des événements qui, bien qu’elle ne soit plus là pour s’exprimer, était présente avec nous tout au long du visionnage.’’

Il convient de noter que la réalisatrice a déjà remporté un prix dans ce festival par le passé.

En 2013, lors de la vingt-neuvième édition, son film ’’Après les événements du 11 septembre.. peur, colère et politique‘‘ (Fear, Anger and Politics) a reçu une mention spéciale du jury dans la catégorie des droits humains.

Lors de la réception du prix, Nadia Zouaoui l’a dédié à l’esprit d’Imane Chebani. Le film porte sur elle et sur sa lutte féministe contre la violence faite aux femmes avec d’autres jeunes femmes d’Algérie, le pays natal de la réalisatrice.

Elle a mentionné qu’elle était en contact avec elle depuis plusieurs années. Elles parlaient de la situation des femmes en Algérie et des films produits par Nadia Zouaoui.

Un jour, la jeune fille lui a demandé de réaliser un film à son sujet, et malheureusement, Imane Chebani est décédée à 26 ans avec son mari et deux autres personnes à cause d’une fuite de gaz dans leur maison à Alger.

La tragédie a eu lieu en février 2019, quelques jours avant le début du Hirak, le mouvement populaire pro-démocratie qui a renversé l’ancien président algérien Abdelaziz Bouteflika.

À ce moment-là, beaucoup ont pleuré et déploré sa mort sur les réseaux sociaux, car elle aurait certainement participé au Hirak. Elle l’aurait également couvert en tant que journaliste pour le site d’information en ligne précédent (Algérie-Direct) avec lequel elle collaborait.

Dans son discours, Nadia Zouaoui déclare qu’elle ’’voulait que la voix d’[Imane Chebani] continue de dénoncer ce qui se passe dans mon pays d’origine. La violence contre les femmes existe partout. Malheureusement, il y a des féminicides dans le monde entier.’’

Mais elle considère que ’’la différence est que dans nos cultures patriarcales et religieuses, nous n’en parlons pas parce que c’est lié à l’honneur. Donc nous n’en parlons pas. Et aujourd’hui, en 2024, il est inacceptable qu’une femme soit tuée à cause de l’honneur d’un homme.’’