Nouvelles du Canada arabe

Nouvelles

"Parfois, vous avez besoin d'aide"... Des Canadiens contraints de recourir aux banques alimentaires

"Parfois, vous avez besoin d'aide"... Des Canadiens contraints de recourir aux banques alimentaires

By Mounira Magdy

Publié: juin 12, 2024

Dans une file qui s’enroule autour d’un parking de Greener Village du cĂŽtĂ© nord de Fredericton, CJ Andrews avance lentement.

Il s’arrĂȘte et attend son tour. Environ huit vĂ©hicules sont Ă  l’arrĂȘt devant sa moto.

Sa petite amie, Hannah Zeiler, est assise en tailleur dans la remorque de la moto attachĂ©e Ă  l’arriĂšre de celle-ci. Sous son coussin, il y a une grande boĂźte de haricots et de pois en conserve qu'ils ont apportĂ©e pour faire un don. Mais ils sont tous les deux aussi lĂ  pour obtenir un panier alimentaire, comme ils l’ont fait une fois par mois pendant les six derniers mois.

En attendant, ils parlent de l’argent liquide exact qu’ils ont dans leurs comptes en banque.

Zeiler a dit : « J’ai environ huit dollars. »

Le compte d’Andrews est Ă  dĂ©couvert, il dit « J’ai environ 15 dollars de dĂ©couvert sur mon compte maintenant. »

Ils ont tous les deux au dĂ©but de la vingtaine et ont des emplois. Andrews dit qu’il travaille dans l’industrie du pavage, et Zeiler est apprentie dans le tatouage.

Bien qu’il peine Ă  s’en sortir, Andrews dira qu’il Ă©tait trĂšs fier d’aller Ă  la banque alimentaire au dĂ©but. Selon lui, c’est une charitĂ© destinĂ©e aux personnes vivant dans un endroit plus dur que lui, mais les coĂ»ts ont continuĂ© Ă  augmenter.

Il a dit : « J’ai un emploi, j’ai de l’argent qui arrive. Ce n’est pas assez d’argent. » « Et c’est difficile de se rendre compte que ce que tu fais n’est pas suffisant. Parfois, tu as besoin d’aide. »

La hausse du coĂ»t du loyer, des courses, des factures de tĂ©lĂ©phone et d’Internet les tire vers le bas, mais un panier alimentaire une fois par mois les Ă©lĂšve temporairement. Andrews estime qu’il gagne environ 1500 dollars Ă  partir de son salaire.

Il a dit : « Le loyer est tellement Ă©levĂ© ces derniers temps que tu t’attends Ă  payer entre neuf cents et mille deux cents dollars par mois pour un appartement une piĂšce Ă  ce stade. »

Et bien qu’il ait Ă©tĂ© hĂ©sitant au dĂ©but, Andrews apprĂ©cie maintenant Ă  quel point la banque alimentaire lui a Ă©tĂ© utile. Il dĂ©crit Greener Village comme un endroit inclusif, qui a brisĂ© les barriĂšres et lui a donnĂ© le sentiment de faire partie de la communautĂ©.

Il a dit : « Il y a des gens qui donnent. Il y a des gens qui viennent chercher de la nourriture. Il y a des gens qui viennent ici pour la premiĂšre fois. Il y a des gens qui viennent ici pour leur deuxiĂšme fois consĂ©cutive. Et tu peux rencontrer presque n’importe qui. »

Quelques voitures sont garĂ©es derriĂšre eux, Caitlin LaTaille est assise cĂŽtĂ© passager. Elle dit qu’elle vient Ă  la banque alimentaire toutes les quelques semaines.

Elle a dit : « RĂ©cemment, j’ai perdu mon emploi. J’en ai trouvĂ© un autre maintenant, mais pendant cette pĂ©riode, c’était un peu plus frĂ©quent. » « Bien que je gagne un peu plus dans ce travail, j’espĂšre ne plus avoir Ă  venir. »

LaTaille a dit qu’elle pense qu’il y a une grande stigmatisation associĂ©e aux personnes qui vont Ă  la banque alimentaire, ajoutant que certaines personnes supposent que les clients doivent ĂȘtre sans-abri ou considĂšrent cela comme « le fond du baril ».

Elle a dit : « Pour certains, cela peut ĂȘtre le cas, mais en mĂȘme temps, c’est mieux d’aller Ă  la banque alimentaire que de ne pas avoir de mĂ©dicaments. » « Ou de dĂ©penser un montant ridicule pour deux jours de nourriture. »

Et à chaque fois, le panier est différent.

Elle a dit : « J’essaie de ne pas ĂȘtre difficile. Quoi qu’ils donnent, je suis plus que contente de le manger. » « La derniĂšre fois, nous avons reçu un assortiment de poissons congelĂ©s, ce qui Ă©tait vraiment agrĂ©able. »

Karen est Ă©galement dans la file, mais pas pour elle-mĂȘme. Elle fait une course pour un aĂźnĂ© qui reçoit une boĂźte alimentaire de Greener Village une fois par mois.

Elle a dit : « Il vit de sa pension, il ne gagne pas assez pour vivre, payer ses factures et acheter des courses. »

Alors que Dillon Novak attend sa nourriture, il partage sa propre histoire. C’est sa troisiùme visite à Greener Village. Actuellement, il vit dans une caravane.

Il a dit : « En gros, je lutte juste pour m’en sortir. » « Entre le prix de l’essence et le loyer, je ne peux pas me le permettre. »

Novak travaille à des petits boulots, transportant de la ferraille d’acier pour aider les gens à nettoyer leurs cours.

Il a dit : « Le manque de travail n’est pas bon non plus. »

Alors qu’il Ă©tait assis dans son camion tirant une grande remorque, Novak a remarquĂ© qu’Andrews et Zeiler laissaient tomber certaines boĂźtes qu’ils avaient apportĂ©es pour faire un don. Ils semblaient aussi lents pendant qu’ils triaient comment charger la remorque de leur moto avec de la nourriture. Novak se prĂ©sente au couple et leur offre un trajet jusqu’à la maison Ă  la place pour qu’ils n’aient pas Ă  transporter leur nourriture Ă  vĂ©lo.

Il a dit : « Je crois en ce qui se passe. Et si plus de gens s’entraidaient, je pense que le monde serait sĂ»rement un meilleur endroit. »

Un sondage rĂ©alisĂ© par Nanos pour CTV News a rĂ©vĂ©lĂ© qu’un Canadien sur cinq dit que lui ou quelqu’un qu’il connaĂźt a utilisĂ© une banque alimentaire au cours des 12 derniers mois.

Parmi plus de 1000 Canadiens interrogĂ©s, seulement 2 % des participants ont dĂ©clarĂ© avoir visitĂ© une banque alimentaire pour obtenir de l’aide, mais deux fois plus connaissent un membre de leur famille qui l’a fait, et plus de 10 % ont un ami ou une connaissance qui a reçu de l’aide.

Commentaires

En rapport