À l'approche des élections américaines, nous observons les impacts potentiels sur les relations bilatérales entre le Canada et les États-Unis

Le Canada a longtemps fait l'objet de critiques de la part des États-Unis et d'autres alliés pour ne pas avoir atteint l'objectif de dépenses de défense de l'OTAN, qui exige que les membres de l'alliance de sécurité contribuent au moins 2 % du PIB à la défense.

Après un flot de critiques de la part des alliés de l'OTAN, le Premier ministre Justin Trudeau a déclaré cette semaine que le Canada atteindrait cette norme - mais ce ne sera pas avant 2032 et il a donné peu de détails concernant le calendrier.

Bien que les républicains et les démocrates se plaignent depuis longtemps de la lenteur des dépenses militaires au Canada, les experts affirment que le Canada est susceptible de subir des conséquences sous une deuxième présidence Trump, qui pourrait également mettre fin au soutien des États-Unis à l'Ukraine.

Aaron Ettinger, professeur associé en science politique à l'Université Carleton spécialisé dans la politique étrangère des États-Unis, a déclaré : « Les présidents américains se plaignent des dépenses de défense du Canada depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ; les dirigeants canadiens ont depuis longtemps tenté de répondre aux critiques.

Ettinger a ajouté à CTVNews.CA : « Biden pourrait être plus indulgent tant que le Canada continue de contribuer aux opérations multilatérales en Europe de l'Est, y compris en fournissant une aide militaire à l'Ukraine » 

« Quant à Trump, il reviendra à son habitude de réprimander le Canada pour ses insuffisantes dépenses en défense, ce qui mettra le Premier ministre canadien dans une position difficile : dépenser plus pour la défense n'apporte aucun avantage politique au Canada, et tout ce que le Canada dépense ne sera jamais suffisant pour Trump ».m

La promesse de Trudeau d'atteindre la norme de 2 % en huit ans changera-t-elle la perspective des États-Unis sur le Canada - aux yeux de Biden ou de Trump s'il gagne les élections de novembre - est encore incertaine, ce n'est pour l'instant qu'une promesse.

Le Canada a dépensé environ 1,38 % de son PIB en défense en 2023, selon les données de l'OTAN, ce qui le place au 25e rang sur 30 membres.

Lors d'un rassemblement massif en février 2024, l'ancien président américain Donald Trump a raconté qu'il avait dit au chef de l'OTAN qu'il permettrait à la Russie d'accéder aux membres qui ne respectent pas le minimum de dépenses en défense de l'alliance militaire.

Trump a déclaré à ses partisans : « Non, je ne vous protégerai pas, en fait je les encourage à faire tout ce qu'ils veulent », « vous devez payer. Vous devez payer vos factures. »

Trump aurait envisagé de retirer les États-Unis de l'OTAN et aurait également proposé la création d'une alliance militaire à deux niveaux, où les pays ne respectant pas pleinement l'objectif de dépenses ne seraient pas protégés.

Le conseiller à la sécurité nationale de Trump et lieutenant-colonel à la retraite Keith Kellogg a déclaré à Reuters en février : « Si vous faites partie d'une alliance, que vous y contribuez, et que vous en faites partie ». « Si le président Trump est réélu, dès la fin des élections, je donnerai à tout le monde ce que nous appelons un ordre d'avertissement. »

L'ancien conseiller à la sécurité nationale de Trump, John Bolton, avait également déclaré que Trump « n'a jamais vu aucune importance à l'OTAN » et « essaierait de s'en débarrasser » s'il était réélu. Trump aurait envisagé cela en 2018.

Ettinger a déclaré à CTVNews.CA : « La grande crainte est que Trump utilise les alliés comme excuse pour se retirer de plusieurs initiatives de sécurité multilatérales importantes ». « Cela inclut l'OTAN, mais pourrait également signifier des arrangements bilatéraux avec le Canada ».

Selon Ettinger, une victoire de Trump pourrait également affecter le soutien occidental à l'Ukraine dans sa guerre contre la Russie.

Ettinger a dit : « Si Trump est élu, il y a une forte chance que l'envoi d'argent à l'Ukraine cesse. Si cela arrive, il est probable que tous les autres pays feront de même ». « C'est exactement ce qui s'est passé en Afghanistan : les États-Unis se sont retirés ainsi que tous les autres pays occidentaux impliqués dans les opérations de l'OTAN ».

Le message concernant les dépenses en défense du Canada était semblable - mais plus souple - de la part de l'équipe du président américain Joe Biden.

L'actuel ambassadeur des États-Unis auprès de l'OTAN, Julian Smith, a déclaré lors d'une session de questions de CTV plus tôt cette année : « Au cours des dix dernières années, nous sommes passés de trois pays atteignant cet objectif à 18, avec plus à venir, et ceux qui ne l'atteignent pas ont désormais un plan pour y parvenir, sauf le Canada ».

Le soutien occidental à l'Ukraine devrait également se poursuivre sous Biden.

Il a déclaré : « En cas de réélection de Biden, le programme de soutien américain devrait probablement continuer son chemin actuel, qui progresse lentement mais sûrement ».

Dépenses de défense au Canada

Alors que seulement 11 pays ont atteint l'objectif de dépenses de l'OTAN en 2023 - menés par la Pologne, les États-Unis et la Grèce - plus de 20 pays devraient atteindre l'objectif cette année, à l'exception du Canada.

Alors que le gouvernement libéral n'a pas donné de détails sur comment il atteindra l'objectif de 2 % d'ici 2032, en dehors des investissements dans de nouvelles capacités de défense, y compris des sous-marins, il a annoncé des milliards de dollars de nouvelles dépenses militaires qui verront le Canada atteindre 1,76 % d'ici 2029.

En avril 2023, le Washington Post a rapporté un document du Pentagone fuitant, affirmant que Trudeau avait dit en privé au personnel de l'OTAN que le Canada n'atteindrait pas l'objectif des deux pour cent.

Après que certains sénateurs américains aient récemment exhorté à une augmentation des dépenses de défense, Trudeau a déclaré : « Nous savons qu'il reste encore du travail à faire et nous y sommes prêts ».

Quand le Canada s’est engagé à atteindre l’objectif d’ici 2032, Trudeau a également défendu les contributions de défense du Canada et semblait réussir à respecter la norme fixée par l’OTAN.

Lors du sommet annuel de l’OTAN à Washington jeudi, Trudeau a déclaré : « Nous augmentons continuellement notre engagement et frappons fort, ce qui ne se reflète pas toujours dans le calcul mathématique glacial auquel certains se conforment trop rapidement ». « C’est pourquoi on nous interroge toujours sur l’objectif des deux pour cent comme étant la fin de toute évaluation des contributions à l’OTAN ».