On s’attend à ce que le ministre du Logement, Sean Fraser, dévoile dimanche les détails de la promesse libérale de louer des terres fédérales aux promoteurs pour construire des logements abordables, avant que l’ensemble du gouvernement fédéral n’entame un voyage de trois jours à Halifax.

La session estivale annuelle du Conseil des ministres a lieu trois semaines avant la reprise de la session d’automne du Parlement et devrait être le dernier déplacement estival des ministres avant les prochaines élections.

Ce pourrait être la toute dernière véritable occasion pour ce gouvernement de se repositionner auprès des électeurs avant de solliciter un autre mandat.

Il y a un an, une session ministérielle à Charlottetown avait mis fortement l’accent sur le logement, alors que l’immigration rapide et le faible démarrage de la construction de logements avaient entraîné une baisse de la disponibilité et une hausse des prix.

Cependant, les libéraux sont sortis de cette session sans rien de concret à annoncer, et leurs chiffres dans les sondages ont continué de souffrir car ils n’ont pas réussi à convaincre les Canadiens qu’ils détenaient la recette pour résoudre un problème devenu critique sous leur supervision.

Cette fois, ils comptent mettre beaucoup sur la table pour les Canadiens à partir de dimanche après-midi, lorsque Fraser et le ministre des Services publics, Jean-Yves Duclos, annonceront les efforts pour transformer les terres et propriétés fédérales inutilisées ou vacantes en logements abordables.

Marcy Sorks, ancienne cheffe de cabinet des libéraux, qui est maintenant la principale responsable de la stratégie chez Compass Rose, une entreprise de relations gouvernementales, a déclaré que le logement sera au cœur de ce rebond et de l’agenda futur des libéraux.

Elle a dit : « Honnêtement, le gouvernement a certainement pris des mesures politiques et réalisé d’importants investissements depuis l’année dernière, dont certains commencent à porter leurs fruits, mais la réalité est que l’accent sur l’offre doit rester présent. » « Il n’y a pas encore de vrai répit. »

L’annonce de cet après-midi intervient quatre mois après la publication par Fraser et le premier ministre Justin Trudeau d’un plan de logement mis à jour, visant à construire près de quatre millions de nouveaux logements en moins de sept ans.

Les estimations indiquent qu’il faudra entre 3,1 millions et 3,5 millions d’unités nouvelles d’ici 2031 pour résoudre la crise du logement qui a laissé le Canada avec certains des logements les moins abordables parmi les pays développés.

La Société canadienne d’hypothèques et de logement a averti plus tôt cette année que la crise de l’abordabilité du logement devrait se poursuivre jusqu’en 2026, bien que le démarrage des constructions puisse commencer à s’améliorer dans les mois à venir grâce à la baisse des taux d’intérêt.

La demande de logements au Canada a augmenté au cours des deux premières années de la pandémie de COVID-19. Entre mars 2020 et mars 2022, le prix moyen des logements au Canada a augmenté de plus de 50 % pour atteindre 835 000 dollars. Ce prix a depuis diminué, les taux d’intérêt élevés ayant augmenté les coûts d’emprunt et réduit le nombre d’acheteurs sur le marché.

Les loyers moyens ont augmenté d’environ 25 % au cours des cinq dernières années.

L’Organisation de coopération et de développement économiques indique que le ratio prix des logements/revenus au Canada a diminué depuis son pic au début de 2022, mais que globalement, le coût du logement a augmenté de 40 % de plus que les revenus canadiens depuis 2015.

Le plan général du gouvernement comprend une nouvelle protection pour les locataires, des prêts pour construire davantage d’appartements et une série de programmes pour étendre considérablement le nombre d’unités disponibles à prix abordable. Parmi ces projets figure la construction de logements sur des terres publiques, qui vise à identifier et louer des propriétés fédérales inutilisées ou vacantes aux promoteurs pour construire des logements abordables.

Avec des coûts fonciers pouvant parfois représenter un quart du coût d’une nouvelle maison, le programme de location aide à réduire ces coûts initiaux pour les promoteurs et maintient également la terre en propriété publique afin d’aider à garantir que les maisons construites dessus restent abordables.

Le budget d’avril a identifié les cinq premières parcelles de terrain à louer dans le cadre de ce programme. Quatre d’entre elles se trouvent dans d’anciennes bases militaires à Calgary, Edmonton, Toronto et Ottawa, tandis que la cinquième est le site d’un ancien bâtiment du Conseil national du cinéma à Montréal.

Cette retraite devrait également inclure une discussion du gouvernement sur les questions d’immigration et de travailleurs étrangers temporaires, les stratégies industrielles, y compris le marché des véhicules électriques, la garde d’enfants, et les relations entre le Canada et les États-Unis.

Les réunions débutent dimanche soir par un dîner de travail, suivi de deux journées complètes de discussions. Le Conseil des ministres écoutera lundi des experts et conseillers en logement, immigration et économie de la classe moyenne. Parmi eux figurent Kevin Weitzman, PDG de l’Association canadienne des constructeurs d’habitations, le sénateur Hassan Yussuff, ancien président du Congrès du travail du Canada, et Maya Roy, ancienne PDG de l’Association des jeunes chrétiennes du Canada.

Les discussions de mardi porteront sur les relations canado-américaines, les prochaines élections présidentielles revêtant une grande importance pour un Canada largement dépendant du commerce américain pour sa stabilité économique. L’ambassadrice du Canada aux États-Unis, Kirsten Hillman, prononcera un discours devant le Conseil des ministres mardi, ainsi que les anciens ambassadeurs Frank McKenna et David MacNaughton.