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Publié: octobre 24, 2024
«Aidez Israël. Échappez à votre quotidien. Travaillez avec des soldats israéliens». C’est par ces mots que le site internet de la branche canadienne de l’organisation israélienne «Sar-Il» accueille ses visiteurs. Le nom de l’organisation est l’abréviation de l’expression «Service pour Israël» en hébreu.
Cette organisation à but non lucratif, partiellement financée par le ministère israélien de la Défense, est active dans plus de 30 pays à travers le monde, dont le Canada où elle est présente dans les deux plus grandes villes, respectivement Toronto et Montréal.
La mission de «Sar-Il» est de recruter des volontaires «pour contribuer à la sécurité de l’État d’Israël en soutenant logiquement les bases de l’armée israélienne».
«Sar-Il» a été fondée en 1983, alors que l’armée israélienne occupait encore de vastes zones au Liban.
L’organisation fait face à un recours judiciaire au Canada, des citoyens l’accusant de violer la loi sur le recrutement à l’étranger. Une audience en appel est prévue dans cette affaire à la Cour de l’Ontario le 7 novembre.
L’organisation recrute des volontaires en temps de paix comme en temps de guerre et tout au long de l’année. Une séance d’information pour les intéressés a eu lieu dans la capitale fédérale Ottawa le 26 septembre.
Radio-Canada a tenté d’y assister, mais les organisateurs de l’événement ont refusé toute présence médiatique. Ils ont donc contacté par téléphone quelques heures avant une des organisatrices, une femme nommée Sue Boutin, qui a accepté de donner quelques détails.
Boutin a déclaré à Radio-Canada que les volontaires «effectuent les tâches que personne d’autre n’a le temps de faire» dans les bases militaires israéliennes, telles que «nettoyer la cuisine ou trier les boîtes».
Elle a confirmé qu’aucun des volontaires de «Sar-Il» n’est envoyé au front pour soutenir les soldats israéliens dans leur guerre, que ce soit sur le front sud contre le mouvement Hamas dans la bande de Gaza palestinienne, ou sur le front nord contre l’organisation «Hezbollah» au Liban.
«C’est essentiellement (un programme de bénévolat) pour les touristes qui souhaitent aider», a ajouté Boutin, précisant que les volontaires restent généralement une ou deux semaines dans les bases militaires «partout en Israël».
En plus de nettoyer la cuisine et trier les boîtes, les volontaires accomplissent des tâches «variées selon les besoins de l’armée», comme l’indique une page web de l’armée israélienne consacrée aux activités de «Sar-Il».
Parmi ces tâches figurent «le remplissage des boîtes de premiers soins, la réparation des appareils de communication, le nettoyage du matériel militaire», y compris des chars et des fusils.
Radio-Canada a essayé pendant des semaines de parler aux représentants de «Sar-Il» en Israël et au Canada, ainsi qu’à des volontaires canadiens qui ont apporté leur aide dans les bases militaires israéliennes dans le cadre de ce programme, mais peu ont répondu à la demande d’interview.
Daniel, un volontaire canadien de Toronto âgé de 42 ans, a accepté de parler à Radio-Canada sous ce pseudonyme pour éviter les désagréments. Il a dit avoir participé deux fois au programme «Sar-Il» depuis l’attaque de Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre actuelle dans la bande de Gaza.
«J’y suis allé en février et en août dernier», a déclaré Daniel, qui appartient à la communauté juive. Il a expliqué que chacune de ces deux missions a duré cinq jours qu’il a passés dans une base militaire dans le désert du Néguev au sud d’Israël.
En 2022, un responsable de la branche canadienne de «Sar-Il» avait indiqué au site «Canadian Jewish News» (CJN) que 100 à 150 Canadiens se portaient chaque année volontaires dans «Sar-Il».
Mais ce chiffre est probablement bien plus élevé aujourd’hui, car le nombre de volontaires a été multiplié par sept ou huit depuis le début de la guerre actuelle il y a un an.
Alors qu’entre 5 000 et 6 000 personnes de plus de 30 pays se portaient volontaires chaque année pour «Sar-Il», le nombre de volontaires depuis le 7 octobre 2023 est d’environ 40 000, selon la directrice générale de «Sar-Il», Keren Dehan, dans une interview.
Au Canada, la loi interdit à quiconque d’encourager une autre personne à s’engager dans les forces armées d’un État étranger, sauf si le recrutement est effectué par des diplomates pour les citoyens de leur pays. C’est ce qu’a confirmé un porte-parole du ministère canadien de la Justice dans un courriel adressé à Radio-Canada.
«Sar-Il» a fait l’objet d’une action en justice au Canada en septembre 2022, mais le ministère public canadien (SPPC / PPSC) a abandonné les accusations après deux mois à la demande du procureur, selon l’un des avocats des plaignants, Shane Martinez.
La plainte avait été déposée à l’époque par David Mevisser, un rabbin juif de la province de l’Ontario, et Rahab Nazzal, une artiste canadienne d’origine palestinienne.
Le dossier n’est pas complètement clos, car les plaignants envisagent de faire appel de la décision du ministère public, selon leur avocat.
«Le 7 novembre, nous serons devant la Cour d’appel de l’Ontario pour examiner cette affaire», a déclaré l’avocat Martinez, accusant le gouvernement canadien d’«agir de mauvaise foi à des fins politiques».
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