Année pandémie, c'est une année de disette, poussiéreuse, aride et le Prophète nous l'a déjà rappelé auparavant et a dit " Que Dieu vous préserve de la disette du temps "

Depuis lors, elle est connue par la destruction des biens, des récoltes et du bétail, et elle est connue par des armées ou des criquets qui, lorsqu'ils envahissent un pays, y sèment corruption et ruine.... 

Alors, n'est-ce pas cela la disette du temps ? L'homme n'a-t-il pas péri aujourd'hui ?

Nous n'avons pas été détruits par des armées ni par des criquets, nous avons été détruits par un virus minuscule, mais changeant comme le caméléon change la couleur de sa peau, qui imite son environnement avec une grande habileté, et tandis que nous pensons qu'il se fond dans le décor, rusé et caché, il le fait parce qu'il est en état d'excitation sexuelle, il se fond pour se reproduire et fleurir comme les fleurs au printemps.

Et il n'y a pas lieu de se fâcher, car la disette a une autre image belle que celle-ci, elle était connue chez les Arabes sous le nom de pastèque de Syrie.

Et peut-être devons-nous voyager en Syrie, ou demander à un Syrien, si la Syrie a produit des pastèques ou si elle est devenue disette ? Comment cela est-il possible alors qu'elle porte parmi ses noms, "Al-Fayha" ?

Et tu t'es perdu dans la réflexion, n'a-t-elle pas vu la source de la rivière Oronte au milieu du ravin ? Les pavots à tiges fines, tendres et dressées ne se sont-ils pas ouverts ? Ne sont-ils pas devenus rougis de rouge vif ?

Je ne sais pas, car je ne suis pas sorti depuis un moment...

Les pavots sont des graines qui me rappellent l'homme lui-même, qui aime la familiarité et la sociabilité, et ne peut pas vivre seul. Ils se multiplient parmi les graines et les cachent sous leur écorce...

Et voici que le printemps est arrivé, mais il est exceptionnel et pâle comme tout maintenant, un printemps misérable, où le violet, le pavot et d'autres fleurs portent un habit de deuil, elles ont fleuri et mûri, mais seules et en discorde...

Et leurs couleurs se sont attristées de voir la lumière car personne n'est encore passé pour les admirer, les chatouiller afin qu'elles se sentent complimentées...

Et l'été est à nos portes, et nul doute que le carthame se demandera s'il utilisera sa fleur comme percussion, ou s'il en extraira son pigment rouge pour teindre la soie, puis la texture sera tournée par une femme amoureuse de la soie...

Tout le monde est perplexe et triste après que tout a changé et que tout ce qui nous entoure est paralysé, comme si le temps s'était arrêté un instant et que chacun de nous s'était figé où il se trouvait et était devenu du gel, comme si nous étions devenus zéro dans l'équation de la vie, une équation d'ordre inconnu dont la solution dépend de quel côté nous choisirons de prendre, soit la droite ou la gauche, deux choix dont le plus doux est amer, et il est temps de choisir, sinon plus nous approcherons, plus nous nous éloignerons, et chaque fois que nous penserons qu'elle sera résolue, elle se compliquera davantage, et zéro restera notre refuge et la maison notre abri. Quant à certains, ils s'ennuieront, partiront pour cueillir un carthame et embrasseront les spectres du virus.

Ghita Benmoussa