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Publié: mai 6, 2024
Le Service canadien du renseignement de sécurité a mis en garde contre le fait que la guerre entre Israël et le Hamas a entraîné une forte augmentation du « discours violent » de la part des « extrémistes », ce qui pourrait inciter certaines personnes au Canada à recourir à la violence.
Cette déclaration intervient alors que des documents récemment publiés éclairent les discussions qui ont eu lieu l'automne dernier entre l'agence de renseignement, le ministère fédéral de la Sécurité publique, ainsi que les dirigeants musulmans et juifs concernant la réponse à l'augmentation signalée des crimes haineux liés au conflit.
Le porte-parole de l'organisation, Eric Belsom, a écrit : « Bien qu'il soit difficile de prévoir les répercussions à long terme de la crise actuelle, il est clair que ce conflit a suscité des tensions au sein de notre communauté. »
« Les déclarations violentes des extrémistes ont augmenté depuis l'attaque menée par le Hamas, et au fur et à mesure que le conflit se poursuit, il est possible que ces événements influencent l'intention de certaines personnes de se mobiliser pour la violence. »
Le rôle de l'agence consiste à surveiller et identifier toute menace et à alerter le gouvernement. Belsom a ajouté que cela n'inclut pas les manifestations légitimes et l'opposition protégées par la Charte des droits et libertés.
Les documents divulgués à la presse canadienne en vertu de la loi sur l'accès à l'information comprennent des détails résumant les discussions menées séparément par des fonctionnaires fédéraux avec des dirigeants juifs et musulmans concernant les troubles internes persistants.
Un de ces documents indique que les représentants du Service canadien du renseignement de sécurité « ont assuré à tous les participants qu'ils continueraient de surveiller les menaces et de rechercher des preuves de planification d'attaques ».
Belsom a déclaré que l'agence poursuivait ses conversations avec les dirigeants des communautés islamiques et juives pour écouter leurs préoccupations, ajoutant que le réalisateur David Fignault a rencontré l'envoyé fédéral chargé de la lutte contre l'antisémitisme et l'islamophobie l'automne dernier.
Lors de leurs réunions, les fonctionnaires fédéraux ont entendu des inquiétudes des dirigeants musulmans et arabes concernant le discours public sur la guerre, notamment ce que l'un des participants a ressenti comme un « silence » du gouvernement sur l'impact de la situation au Moyen-Orient sur la sécurité des Palestiniens, des réfugiés, et d'autres musulmans vivant au Canada.
Des préoccupations sur la liberté d'expression ont également été soulevées.
Les militants reçoivent des réactions violentes, sont qualifiés d’antisémites, et font face à différentes conséquences en raison de slogans tels que « De la rivière à la mer, la Palestine sera libre », ainsi que de l’appel à « l’Intifada ».
En arabe, le mot Intifada a des significations incluant le fait de se débarrasser de l'injustice. En anglais, il est couramment associé à deux périodes très intenses dans le conflit israélo-palestinien, qui ont compris une série d'attaques menées par des groupes palestiniens contre des lieux publics en Israël.
La note indique que les dirigeants communautaires ont également dit aux responsables que les activistes faisaient l’objet d’une « surveillance étroite » et que « leur droit à la liberté d’expression est étouffé ».
Des courriels internes envoyés au commissaire de la GRC, Mike Duheme, également obtenus via les lois sur l'accès à l'information, montrent que les officiers enregistrent les slogans et cris entendus lors d’une manifestation de soutien aux Palestiniens organisée à Toronto à la fin octobre.
Le commissaire adjoint Mark Flynn a écrit : « Cela reste légal et ne semble pas évoluer vers la violence. »
Les dirigeants juifs, ainsi que le Premier ministre Justin Trudeau et d'autres, ont critiqué des exemples de manifestants glorifiant l'attaque du Hamas le 7 octobre contre le sud d'Israël lors de manifestations dans plusieurs villes canadiennes.
Un de ces incidents demeure sous enquête par la police d'Ottawa.
Les documents expliquent comment les responsables fédéraux ont entendu de manière répétée des dirigeants juifs sur la nécessité pour la police de prendre davantage de mesures pour stopper le « discours haineux exprimé lors des marches ». Ils mentionnent en particulier l'usage du terme « sionisme ».
« Étant donné que la grande majorité des Juifs se considèrent comme sionistes et croient en la nécessité d'un État juif... les appels à attaquer les sionistes doivent être considérés comme des appels à attaquer les Juifs. »
La note indique que la Gendarmerie royale du Canada fournit aux membres en première ligne une « trousse à outils » expliquant le contexte historique du conflit afin d’aider les officiers « à identifier les signes de haine explicites et implicites visibles lors des manifestations ».
La force nationale a également encouragé la police locale à prêter attention aux entreprises et écoles appartenant à des Juifs, et pas seulement aux temples juifs et aux centres communautaires, selon un résumé daté du 29 novembre.
Les documents indiquent également que l'Agence de la sécurité publique du Canada communiquera avec les universités « pour discuter de l'atténuation des tensions croissantes et de l'antisémitisme dans les universités », et a par la suite indiqué qu’elle transmet des informations aux écoles « concernant l'environnement de menace actuel ».
Dans les mois qui ont suivi, les manifestants ont installé des camps de soutien aux Palestiniens à l'Université McGill à Montréal, à l'Université d'Ottawa, à l'Université de la Colombie-Britannique à Vancouver, et récemment à l'Université de Toronto.
Les directeurs universitaires affirment qu'aucune forme de haine ne sera tolérée, avertissant que les étudiants qui enfreignent la politique de l'université seront sanctionnés.
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