Alors que le pays fait face à une inflation rapide entraînant une augmentation des prix des denrées alimentaires, une étude a révélé que l'insécurité alimentaire s'aggrave parmi les enfants et les jeunes des populations autochtones qui sont déjà disproportionnellement affectés par ce phénomène par rapport au reste de la population du pays.

« Nous faisons actuellement face à une crise de santé publique urgente », a déclaré la Dre Véronique Anne Pelletier, pédiatre à l'hôpital Sainte-Justine à Montréal et co-auteure de l'étude récemment publiée dans la revue PLOS Global Santé Publique.

Pour déterminer l'ampleur de l'insécurité alimentaire chez les enfants canadiens issus des Premières Nations, des Métis et des Inuits, la Dre Pelletier et ses co-auteurs ont passé en revue des dizaines d'études médicales ainsi que des rapports d'organisations autochtones.

« Aucune autre population canadienne n'est aussi gravement touchée par ce phénomène que les communautés autochtones du pays », a confirmé Pelletier, qui est également professeure de pédiatrie à l'Université de Montréal.

Elle a également mentionné que Statistique Canada classe l'insécurité alimentaire comme modérée lorsque la qualité ou la quantité de nourriture consommée est insuffisante. Et lorsque l'insécurité alimentaire est considérée comme grave, c'est parce que les gens ont décidé de réduire leur consommation alimentaire ou que leurs habitudes alimentaires ont été perturbées.

Les données collectées par l'étude ont montré un taux disproportionné d'insécurité alimentaire allant de modérée à sévère parmi les Autochtones vivant à l'intérieur et à l'extérieur des réserves. Le document indique que les personnes vivant dans des communautés rurales et isolées dans le Nord sont particulièrement à risque, en partie à cause du coût élevé de la nourriture.

L'insécurité alimentaire a également atteint un niveau critique dans certaines communautés, affectant de nombreux enfants autochtones, qui sont au nombre de 500 000 au Canada, en particulier dans les communautés nordiques isolées, indique la pédiatre.

Elle a ajouté que les causes sont multifactorielles. Cela peut varier entre le déséquilibre entre la hausse des prix des denrées alimentaires et le revenu des familles. Mais la pauvreté reste un facteur déterminant. Le coût des aliments sains et leur indisponibilité ont conduit à un recours aux aliments malsains sur le marché.

Baisse de la taille chez les enfants...

Selon Anna Banerjee, professeure de pédiatrie à l'Université de Toronto et auteure principale de l'étude, la situation est très risquée pour de nombreuses communautés autochtones. Elle affirme par téléphone qu'il y a des enfants et des jeunes qui n'ont pas assez à manger toute la journée.

Madame Banerjee, qui se rend actuellement à Iqaluit au Nunavut, a déclaré que l'insécurité alimentaire a des conséquences néfastes sur la croissance physique, intellectuelle, émotionnelle et sociale des enfants inuits dans l'Arctique canadien.

Elle a également confirmé que la malnutrition et la faim ont des effets sur la taille des enfants. Les enfants vivant dans des ménages en situation d'insécurité alimentaire mesurent en moyenne deux centimètres de moins que ceux vivant dans des ménages sans insécurité alimentaire.

« La cause de la malnutrition peut ne pas être seulement un manque de nourriture, mais également un manque de nourriture nutritive et de qualité », a déclaré la Dre Véronique Anne Pelletier.

Elle a ajouté qu’un certain nombre de familles autochtones vivant dans des zones isolées ne peuvent pas acheter les aliments sains de base comme la viande, le poisson, les fruits et les légumes. Ces produits sont périssables et ne se conservent pas longtemps après avoir été transportés sur de longues distances.

Elle a également indiqué que de nombreux aliments de qualité sont coûteux pour beaucoup de familles autochtones, qui ne peuvent tout simplement pas se permettre leur coût.