Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a critiqué la position de son homologue israélien Benjamin Netanyahu concernant la création de l'État palestinien après que Netanyahu a affirmé hier lors d'une conférence de presse télévisée nationale que ce qu'on appelle la « solution à deux États » était morte. « Je n'ai pas été surpris d'entendre le Premier ministre (israélien) Netanyahu partager cela. C’est sa position depuis longtemps », a déclaré Trudeau.

Trudeau a déclaré hier lors d'une conférence de presse à Iqaluit, la capitale du territoire du Nunavut, où il a signé un accord historique avec les autorités de ce territoire canadien : « Lui et moi avons eu, il y a seulement quelques semaines, une conversation approfondie sur ce sujet précisément et d’autres. »

Trudeau a ajouté que la position du Canada est tout à fait claire. Nous pensons que la seule voie à suivre dans la région, et la seule voie à suivre pour une Israël sûre et protégée, est qu’il y ait un État palestinien également sûr et protégé avec des frontières reconnues internationalement. Nous croyons en la solution à deux États, et la déclaration claire de Netanyahu hier ouvre la porte à un conflit potentiel avec le principal soutien d’Israël, le président américain Joe Biden.

Cette orientation de Netanyahu envers ses concitoyens est intervenue après des semaines de pressions exercées par les États-Unis pour convaincre son gouvernement de s’engager dans un plan post-guerre de Gaza comprenant une feuille de route claire pour la création d’un État palestinien indépendant et souverain.

Les alliés occidentaux d’Israël restent attachés aux accords d’Oslo
Malgré les demandes secrètes israéliennes adressées à Biden pour qu’il cesse de parler de la solution à deux États pendant la guerre actuelle dans la bande de Gaza palestinienne, le président américain et ses envoyés ont continué d’insister sur cette solution.

Tous les alliés occidentaux d’Israël affirment qu’ils veulent une solution au conflit israélo-palestinien basée sur le principe de la terre contre la paix, que Israël a accepté il y a trois décennies dans le cadre des accords d’Oslo avec l’Organisation de libération de la Palestine. Netanyahu a toujours été opposé à la solution à deux États, mais, en général, il évitait de le dire explicitement, du moins en anglais.

En hébreu, il était plus explicite. À ce propos, il convient de rappeler que le journal israélien anglophone « The Jerusalem Post » a publié en 2010 une vidéo datant de 2001 où Netanyahu dit en hébreu qu’il a « effectivement mis fin aux accords d’Oslo ».

La conférence de presse télévisée de Netanyahu d’hier va causer plus d’embarras à Biden, qui a apporté un soutien inconditionnel à Israël depuis les attaques du Hamas le 7 octobre. Biden insiste sur le fait que les États-Unis et Israël travaillent ensemble pour une solution fondée sur deux États, mais Netanyahu a dit hier aux Israéliens que « le Premier ministre doit pouvoir dire ‘non’ à nos amis ». « Dans tout arrangement futur… Israël a besoin du contrôle sécuritaire de tous les territoires situés à l’ouest (du Jourdain) », a ajouté Netanyahu.

« Ce qui m’a le plus frappée, c’est l’utilisation de l’expression « d’une mer à l’autre » », a déclaré Mona Abu Amara, cheffe de la commission générale palestinienne au Canada, dans une interview à la chaîne « CBC » (le service anglophone de Radio-Canada), commentant les propos de Netanyahu et soulignant que les Palestiniens qui utilisent le même langage sont régulièrement condamnés. « Au cours de ces trois derniers mois, le Premier ministre (israélien) Netanyahu a dit tout ce que les démocraties occidentales refusent de croire et rejettent la faute sur les Palestiniens pour ne pas avoir réalisé ni mis en œuvre l’initiative de paix », a ajouté l’ambassadrice palestinienne, « cependant Netanyahu est sorti et a dit qu’il est la raison de l’échec des accords d’Oslo, et maintenant il dit qu’il ne permettra pas la mise en œuvre de quelconque partie de ceux-ci ».

La chaîne « CBC » a invité l’ambassadeur d’Israël au Canada, Eido Meir, à commenter les propos de son Premier ministre hier, qui a répondu que le focus d’Israël est actuellement sur la victoire dans la guerre en cours et non sur les arrangements d’après-guerre.

« Parlons de la solution à deux États est un sujet abstrait en ce moment, donc il n’y a aucune raison d’en discuter », a déclaré l’ambassadeur israélien, « Une fois que nous aurons remporté cette guerre, nous verrons ».