Une nouvelle recherche a révélé que les opérations d’extraction de pétrole dans les sables bitumineux en Alberta génèrent des polluants atmosphériques beaucoup plus nocifs que ce qui a été officiellement rapporté, avec une production quotidienne similaire à celle des grandes villes souffrant de trafic telles que Los Angeles.

Cette étude, publiée le 25 janvier dans la revue scientifique Science, a mesuré les concentrations d’émissions de carbone organique dans l’air en survolant les sables bitumineux et en prélevant des échantillons. Ces chiffres ont ensuite été comparés aux quantités estimatives basées sur les données terrestres préparées par les entreprises exploitant ces sables bitumineux.

Les chercheurs ont trouvé des niveaux de pollution entre 20 et 64 fois supérieurs à ceux rapportés par l’industrie, en fonction des installations présentes dans les sables pétrolifères.

Les substances chimiques comprenaient également des composés organiques volatils, considérés comme dangereux pour la santé humaine, présents sur les étiquettes d’avertissement de produits tels que le vernis à ongles et le diluant pour peinture.

De son côté, John Liggio, co-auteur de l’étude et chercheur à l’Agence canadienne de l’environnement et du changement climatique, a déclaré qu’en termes de quantité, la production totale de ces substances chimiques est approximativement équivalente à ce qui est produit à travers le pays par tous les autres organismes humains et sources, du transport à l’industrie manufacturière.

Les polluants n'ont pas été capturés dans les rapports officiels

Les niveaux d’émissions rapportés par l’industrie au gouvernement fédéral et aux gouvernements de l’Alberta sont généralement calculés en utilisant ce que l’on appelle l’approche ascendante, basée sur des estimations de la quantité d’émissions produites par des activités spécifiques dans les sables pétrolifères, selon l’étude.

La recherche utilisant des images satellites et des mesures aériennes est connue sous le nom d’approche descendante.

Dans ce cas, les chercheurs ont prélevé des échantillons des émissions de 17 installations pétrolières pendant 30 vols en 2018.

Ces résultats s’appuient sur des recherches antérieures qui ont montré que d’autres types de polluants, y compris les gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone et le méthane, sont également plus élevés que les totaux rapportés par les compagnies pétrolières.

Jeffrey Brook, expert en qualité de l’air et professeur à la Dalla Lana School of Public Health de l’Université de Toronto, a également déclaré que les travaux des quinze dernières années ont continuellement montré que les sables bitumineux émettent davantage que ce qui est officiellement enregistré.

Brook, qui a également mené des recherches sur les émissions des sables bitumineux, a déclaré que la récente étude montre qu’il existe un écart entre ce que les compagnies pétrolières disent émettre et ce qu’elles émettent réellement.