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Publié: février 1, 2024
Les résultats d'une enquête publiée aujourd'hui jeudi par une organisation non gouvernementale ont révélé que des pirates informatiques ont utilisé le logiciel espion israélien "Pegasus" pour infiltrer les téléphones de dizaines de journalistes et activistes en Jordanie au cours des quatre dernières années.
Un rapport de l'organisation "Access Now" a mis en lumière 35 cas de piratage datant de 2019, avec des cibles comprenant également des avocats et au moins un politicien.
Le rapport n'a pas accusé le gouvernement jordanien d'avoir utilisé le logiciel espion, mais il a indiqué que son utilisation est survenue à un moment où "les autorités intensifiaient leur répression des droits des citoyens à la liberté d'expression, d'association et de réunion pacifique".
Ce programme, développé par la société israélienne "NSO Group" et vendu à des gouvernements du monde entier, permet à ses utilisateurs d'accéder aux données du téléphone de la personne ciblée, telles que les messages texte, les courriels, les photos, ainsi que de suivre sa localisation, d'écouter ses appels et d'activer la caméra de son téléphone à son insu.
En 2021, l'institut "Citizen Lab" a révélé l'utilisation du programme "Pegasus" pour espionner les téléphones de centaines de politiciens, journalistes, défenseurs des droits humains et chefs d'entreprise dans le monde.
Malgré ce scandale, le groupe israélien et des entreprises similaires continuent de vendre leurs produits, les États-Unis ayant inscrit plusieurs sociétés, dont "NSO", sur leur liste noire.
Marwa Fatafta, directrice des politiques pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord chez "Access Now", a affirmé qu’"il n’y a généralement pas de contrôle sur les entreprises qui fournissent ces logiciels espions, ce qui permet au secteur de la surveillance de poursuivre ses pratiques secrètes et douteuses".
Elle a déclaré à l’Agence France-Presse : "Les gouvernements achètent frénétiquement des technologies pour espionner leurs citoyens et réprimer la société civile". L’organisation non gouvernementale a réitéré son appel à un embargo complet sur tout logiciel espion permettant la violation des droits.
Selon Fatafta, "il n’existe pas d’utilisation proportionnée des logiciels espions".
"Access Now" a indiqué que la plupart des cas qu’elle a révélés en Jordanie datent de la période allant de 2020 à fin 2023.
Le journaliste palestino-américain résidant en Jordanie, Dawoud Kuttab, a vu son téléphone piraté trois fois en 2022 et 2023, et a également fait face à sept tentatives infructueuses supplémentaires.
Kuttab a confirmé que "la plupart des journalistes travaillant au Moyen-Orient s’attendent à ce que leurs téléphones soient écoutés".
Il a déclaré à l’AFP : "Auparavant, les gens écoutaient seulement ce que vous disiez, mais Pegasus est beaucoup plus intrusif".
Il a expliqué que "ce qui l’inquiète le plus, c’est la possibilité que les responsables derrière cela aient accès à ses sources", précisant : "Je ne veux pas brûler mes sources ni leur nuire".
"Access Now" a indiqué que de nombreuses personnes ciblées étaient "liées d’une manière ou d’une autre à la grève des enseignants" qui a duré un mois en 2019, ce qui a conduit les autorités à arrêter des centaines d’enseignants et à dissoudre leur syndicat.
L’organisation a affirmé qu’elle n’a pas pu déterminer qui était derrière les attaques par Pegasus.
Un rapport distinct publié en 2022 par deux autres organisations non gouvernementales, "Citizen Lab" et "Front Line Defenders", a identifié "deux opérateurs du programme Pegasus" qu’il a qualifiés de "probablement deux agences affiliées au gouvernement jordanien".
La société "NSO", confrontée à plusieurs poursuites de la part de la société américaine "Apple" et d’autres, a maintes fois affirmé qu’elle vendait ses logiciels uniquement à des clients gouvernementaux et à des fins pacifiques.
Cependant, une enquête publiée en 2021 a révélé près de 50 000 victimes potentielles de Pegasus dans le monde, dont beaucoup étaient des opposants, des journalistes et des militants, selon l’Agence France-Presse.
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