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Publié: décembre 14, 2023
Selon un nouveau rapport, le long délai pour que les enfants et les jeunes reçoivent les soins de santé mentale dont ils ont besoin coûte au Canada 4 milliards de dollars par an - une estimation prudente, selon les auteurs.
Les chercheurs qui ont préparé le nouveau rapport, intitulé « Soins des esprits pour un avenir sûr », ont voulu modéliser l'impact réel sur le système de santé si les jeunes continuaient à faire face à des taux élevés d'anxiété et de dépression sans améliorations dans le système, et ont constaté que le retard dans le traitement de la santé mentale nuit non seulement au patient, mais peut aussi être coûteux pour le système de santé dans son ensemble.
Emily Gruenewald, présidente et directrice générale de Kids Health Care Canada, a déclaré dans un communiqué de presse : « Ce rapport constitue un appel clair à l'action au nom des enfants et des jeunes du Canada. » « Nous avons l'opportunité de réécrire l'avenir. Si nous agissons rapidement pour investir dans les systèmes de santé qui desservent les enfants et déterminons leur taille appropriée, nous améliorons non seulement les résultats de leur santé physique et mentale, mais nous économisons aussi des milliards de dollars pour les systèmes de santé et les familles. »
Le rapport estime que jusqu'à 1,6 million d'enfants et d'adolescents vivant au Canada souffrent d'anxiété ou de dépression, et les recherches ont montré que les jeunes noirs et autochtones sont souvent de manière disproportionnée à risque, avec un accès inadéquat aux soins en temps opportun, ce qui aggrave le problème.
Alors, quel est l'impact économique réel lorsque nous échouons à allouer des ressources pour traiter cette question ?
Pour connaître la valeur en dollars, les chercheurs ont modélisé trois types de coûts – soins de santé, société et productivité ou coûts indirects – pour établir des prévisions du « coût de la maladie ».
Les coûts des soins de santé incluent le prix des visites aux urgences, les médicaments prescrits, l'hospitalisation en soins internes et les autres coûts médicaux.
Les coûts sociétaux comprenaient ceux liés au système de justice pénale, aux services sociaux, au soutien familial et à la fourniture de santé mentale dans les écoles publiques.
Les coûts indirects font référence au revenu perdu lorsque la personne doit consacrer un temps excessif à gérer elle-même sa santé mentale en raison de l'absence de soins appropriés ; dans le cas des enfants et des jeunes, cela signifie examiner le revenu perdu des parents lorsqu'ils prodiguent davantage de soins à un enfant qui ne reçoit pas le soutien adéquat dans notre société.
Les chercheurs se sont appuyés sur les données de Statistique Canada et de l'Institut canadien d'information sur la santé, ainsi que sur des sources internationales au besoin pour construire un modèle estimant ces coûts.
Ils ont également examiné des études scientifiques sur la prévalence des troubles de santé mentale afin d'obtenir une meilleure idée de la fréquence de ces problèmes chez les enfants et les adolescents. Les chercheurs ont supposé que le taux de prévalence de l'anxiété ou de la dépression est de 9 % dans leur modèle, un chiffre qu'ils disent refléter le risque accru observé chez les enfants et les jeunes pendant la pandémie.
La modélisation a montré que nos systèmes de gestion de l'anxiété et de la dépression chez les jeunes coûtent au Canada 3,5 milliards de dollars à travers les systèmes financés par le secteur public; le rapport a également estimé un supplément de 280 millions de dollars de revenu parental perdu et 120 millions de dollars dans les systèmes d’éducation et de justice.
Le rapport indique que « si le Canada investissait dans des services de soins de santé mentale et soutenait la réduction de la prévalence des troubles anxieux et dépressifs aux niveaux d'avant la pandémie, les coûts diminueraient de 4 milliards à 1,5 milliard de dollars par an ».
Les chercheurs ont noté que les personnes dont la santé mentale est fragile pendant l'enfance sont plus susceptibles d'avoir également des problèmes de santé mentale à l'âge adulte, ce qui signifie que l'intervention précoce peut conduire à une plus grande résilience à l'âge adulte.
Au cours des deux dernières décennies, les problèmes de santé mentale se sont constamment aggravés chez les jeunes au Canada, selon le rapport. En 2003, environ 76 % des jeunes âgés de 15 à 30 ans déclarèrent être en bonne santé mentale. Ce chiffre est tombé à 60 % en 2019.
Pendant la pandémie de COVID-19, la situation s'est aggravée alors que les jeunes luttaient pour gérer les changements sociaux qui ont suscité de l'anxiété à tous les âges. En 2020, les visites aux urgences pour des raisons de santé mentale chez les enfants ont augmenté par rapport aux années précédentes, même en plein milieu d'une baisse générale des admissions hospitalières infantiles, puisque la population cherchait à éviter les établissements de soins de santé à cause de la COVID-19.
Le rapport a indiqué que malgré la demande croissante chez les enfants et les jeunes, beaucoup ne reçoivent pas l'aide dont ils ont besoin. Les données d'attente provenant uniquement de l'Ontario en 2020 ont révélé que le temps moyen d'attente pour une consultation et un traitement était de 67 jours, et dans certains cas, les délais d'attente pour des traitements intensifs atteignaient deux ans et demi, ce que les chercheurs ont qualifié d’« inacceptable » en cas de crise.
Le rapport s'est basé sur de nombreuses études scientifiques pour estimer la prévalence des troubles de santé mentale chez les enfants. Les preuves recueillies auprès de 12 études, incluant plus de 53 000 enfants, ont montré qu'environ 5 % des enfants âgés de 4 à 18 ans souffrent d'un trouble anxieux, par exemple.
Les estimations indiquent qu'au moins 290 000 enfants et jeunes au Canada souffrent d'un trouble anxieux ou dépressif selon les données les plus récentes de Statistique Canada de 2019, mais les chercheurs disent que leur travail montre que cela sous-estime probablement le problème, surtout que de nombreux cas ne sont pas diagnostiqués, et il existe peu de données sur les régions défavorisées comme les communautés rurales et autochtones.
Le rapport indique que « l'étendue combinée de la prévalence, de la persistance et de la portée de la vie avec des besoins de santé mentale non satisfaits est sans précédent dans la plupart des cas de santé physique ». « Toutefois, le cadre de financement de la santé au Canada favorise les dépenses pour les soins de santé physique au détriment des soins de santé mentale. »
Les auteurs ont ajouté que la part des dépenses canadiennes en santé mentale en 2022 était de neuf pour cent des dépenses totales en santé au Canada, ce qu'ils qualifient de « insuffisant ».
Le rapport formule un ensemble de recommandations sur la manière de répondre à l'urgence du problème, notamment le développement et le financement d'une stratégie nationale de santé des enfants, l’allocation de ressources pour des programmes basés sur les résultats pour aider les populations vulnérables, et la création d'une stratégie nationale de données pour suivre les statistiques entourant les soins de santé mentale des jeunes.
Chad Lever, directeur de la santé et du capital humain au Conference Board du Canada, a déclaré dans le communiqué : « L'accès rapide aux services de santé mentale pour les enfants est crucial, et les défis actuels sont exacerbés par des problèmes de longue date et l'impact de la pandémie. » « Répondre aux besoins de santé mentale ne consiste pas seulement à rattraper le retard, mais à dépasser les efforts d’avant pandémie pour garantir un soutien rapide et complet aux enfants et aux jeunes. »
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