Le gouvernement du Québec a annoncé que le salaire minimum dans la province passera de 15,25 dollars de l'heure actuellement à 15,75 dollars de l'heure à partir du 1er mai prochain, soit une augmentation de 3,28 %.

Selon le ministère du Travail, 200 700 travailleurs seront touchés par cette hausse, dont 111 200 femmes, soit 55,4 %.

Le gouvernement de la deuxième plus grande province canadienne en termes de population et de taille d’économie a décidé d’augmenter le salaire minimum de seulement 50 cents « en raison de l’incertitude économique » qui affecte particulièrement le commerce de détail et la restauration, deux secteurs qui traversent actuellement une période difficile avec de nombreuses fermetures.

« Il faut comprendre qu’une augmentation importante des salaires peut avoir un effet négatif et engendrer de fortes pressions sur les employeurs, provoquant ainsi des fermetures dans les secteurs du commerce de détail, de la restauration ou de l’hébergement, ce qui est indésirable, avec toutes les conséquences préjudiciables que cela peut avoir sur l’économie du Québec », a déclaré hier le ministre du Travail du Québec, Jean Boulet.

Le gouvernement souhaite que le salaire minimum reste autour de 50 % du salaire moyen, soit avec cette prochaine augmentation l’équivalent de 50,8 % de celui-ci.

Le ministre Boulet a indiqué que le taux d’augmentation annoncé, 3,28 %, sera « supérieur au taux d’inflation prévu pour l’année financière 2024-2025, qui est de 2,3 % ».

Il a également soutenu que son gouvernement « a fait d’importants efforts pour protéger la population de l’inflation », rappelant qu’il a versé une aide financière en versement unique, réduit les impôts et amélioré le crédit d’impôt pour les aînés.

Réactions mitigées entre travailleurs et employeurs
« Collectif pour un Québec sans pauvreté » est « absolument » insatisfait de cette augmentation. « C’est presque une insulte », a déclaré la porte-parole du collectif, Virginie Larivière, lors d’une interview.

« Dans le contexte actuel, où nous constatons une augmentation importante du nombre de personnes ayant un revenu d’emploi et qui sont néanmoins contraintes de se rendre aux banques alimentaires » pour se nourrir, il est clair que l’augmentation du salaire minimum à 15,75 dollars de l’heure n’est pas suffisante, a affirmé Larivière.

Larivière ne cache pas sa colère que cette hausse de 50 cents intervienne alors que l’économie souffre d’un manque de main-d’œuvre, particulièrement dans les secteurs à faibles salaires, au point que les autorités du Québec ont dû mettre en place des cadres réglementaires pour le travail des enfants.

La « Fédération des travailleurs du Québec » (FTQ), le plus grand syndicat de la province, estime que proposer une hausse de 50 cents de l’heure est la preuve d’un « décalage total avec la réalité ». « Le gouvernement se moque des personnes pauvres », a déclaré le secrétaire général de la fédération, Denis Bolduc.

Pour sa part, François Vincent, vice-président de la « Fédération canadienne de l’entreprise indépendante » (FCEI / CFIB), a exprimé sa « satisfaction » pour cette « augmentation modérée » du salaire minimum. La fédération est le plus grand regroupement d’entreprises petites et moyennes au Canada.

« C’est une augmentation raisonnable dans le contexte (actuel) », mais elle augmentera néanmoins les coûts pour les petites et moyennes entreprises, a déclaré Vincent lors d’une interview.

Vincent a ajouté que les petites et moyennes entreprises souhaitent « que les augmentations du salaire minimum soient accompagnées d’une réduction de la charge fiscale, d’une réduction des impôts sur les salaires ou d’un crédit d’impôt pouvant être accessible pour les aider »