Le président du Comité International Olympique, Thomas Bach, a déclaré samedi que « le discours de haine » adressé aux boxeuses Iman Khalif et Lin Yu Ting aux Jeux Olympiques de Paris « est absolument inacceptable ».

Lors d’une conférence de presse à mi-parcours des Jeux, qui a également tenté de mettre fin à des jours d’examen mondial sur le sexe des boxeuses, Bach a déclaré : « Nous ne participerons pas à une guerre culturelle motivée politiquement ».

Le président du CIO a déclaré : « Ce qui se passe dans ce contexte sur les réseaux sociaux avec tout ce discours de haine, cette agressivité et ces abus, alimentés par cette agenda, est absolument inacceptable ».

Khalif, d’Algérie, et Lin, de Taïwan, ont fait l’objet d’une attention intense – et souvent de commentaires inexacts – après avoir été exclues du Championnat du Monde 2023.

L’Association Internationale de Boxe dirigée par la Russie – qui a été expulsée des Jeux Olympiques par le CIO dans un conflit qui dure depuis des années – a retiré les boxeuses du Championnat du Monde il y a 16 mois en Inde, invoquant des tests basés sur le genre qui restent indéfinis et non prouvés.

Bach a relié la question de la boxe féminine à ce qu’il a appelé une campagne plus large menée par la Russie contre le Comité International Olympique et les Jeux Olympiques de Paris, où seulement 15 athlètes russes participent en tant que neutres sans leur identité nationale. Le CIO et les fédérations sportives internationales ont isolé la Russie pendant l’invasion militaire de l’Ukraine.

Bach a déclaré : « Ce que nous avons vu du côté russe, en particulier de la part de la (Fédération Internationale de Boxe) », « c’était une campagne de diffamation contre la France, contre les Jeux et contre le Comité International Olympique, lancée avant même ces Jeux ».

Le Comité Olympique et Sportif Algérien a déposé une plainte officielle auprès du CIO pour protester contre le harcèlement en ligne subi par Khalif, qui constitue selon un communiqué publié sur la page Facebook du comité un « manquement grave à l’éthique sportive et à la charte olympique par un participant au championnat de boxe » à Paris.

Le communiqué ne mentionne pas le nom du boxeur qui a publié les commentaires offensants envers l’Algérienne, mais avertit que le CIO « a émis un avertissement final demandant la suppression de toute publication concernant notre championne Iman Khalif ».

Le communiqué affirme : « Nous nous réservons le droit de poursuivre toute personne ayant participé à cette campagne ignoble contre notre championne Iman Khalif ».

Khalif et Lin, double championne du monde, ont disputé les Jeux de Tokyo en 2021 sans remporter de médailles.

Bach a déclaré : « Nous avons deux boxeuses nées femmes, élevées comme des femmes, qui ont un passeport de femme, et qui ont concouru pendant de nombreuses années en tant que femmes. Certains souhaitent définir qui est une femme ».

L’Association Internationale de Boxe a provoqué des tensions tard vendredi en annonçant qu’elle verserait 100 000 dollars US – le prix promis à chaque médaillée d’or olympique à Paris – à la boxeuse italienne qui a abandonné le combat contre Khalif dans la première minute de leur match jeudi.

Bach a déclaré : « Il semble que tout le monde dans notre monde se sente obligé de tout dire à tout le monde sans vraiment considérer les circonstances souvent très complexes ». « Vous ne prendrez pas une décision éclairée en organisant un sondage sur les réseaux sociaux ‘Pensez-vous que cette personne est une femme ou n’en est pas une ?’ »

La boxe est le seul sport aux Jeux de Paris qui n’est pas géré par une fédération mondiale dédiée.

Les compétitions sont organisées par une unité sportive spécifique du CIO, comme ce fut le cas il y a trois ans à Tokyo, en raison d’un différend entre les dirigeants olympiques et la Fédération Internationale de Boxe concernant des préoccupations de gouvernance et d’intégrité, ainsi que la dépendance financière vis-à-vis de la société énergétique publique russe Gazprom.