Il n'y aura pas de chalets colorés pour la pêche sur glace disséminés sur les eaux glacées près de Saguenay, dans la province de Québec, cette année après que des conditions climatiques hivernales douces ont contraint les autorités à annuler cette tradition populaire pour la première fois.

La municipalité, située à environ 200 kilomètres au nord de la ville de Québec, a annoncé la semaine dernière que la glace n'était pas assez épaisse pour ouvrir les villages de pêche à Anse-à-Benjamin et Grande-Baie, qui comprennent habituellement des centaines de chalets et de cabanes célèbres tant auprès des touristes que des habitants locaux.

Cette nouvelle a été un choc et une grande déception pour les habitants de la région, selon Rémi Aubin, président d'un groupe local de pêche.

Aubin a déclaré : « La pêche sur glace pour les habitants de la région de Saguenay–Lac-Saint-Jean n'est pas seulement une activité récréative et économique, c'est aussi une partie intégrante de la culture des gens ici ».

Aubin, qui pratique la pêche sur glace depuis l'âge de sept ans, a ajouté que les paysages pittoresques du détroit de Saguenay et les villages de pêche attirants pouvant comptabiliser plus de 1000 chalets, ainsi que la présence de poissons d'eau salée tels que le sébaste et le flétan, se conjuguent pour créer une expérience unique. Cette expérience attire des gens du monde entier et génère des millions de dollars pour la région.

Il a ajouté qu’en plus des bienfaits économiques pour les hôtels, restaurants et entreprises touristiques, la pêche est une activité appréciée qui se transmet de génération en génération et qui constitue une part importante de la vie des gens.

Aubin a poursuivi : « C’est un peu comme un médicament d’hiver qui les fait se sentir bien, et pour certaines personnes, il s’agit de voyager vers le sud en hiver, mais pour eux, c’est leur propre chalet de pêche, donc nous leur avons pris leur bonheur, ce qui a aussi un impact sur l’équilibre mental des gens ».

Le débat à propos de l'annulation de la saison a été tellement intense que l'organisation Contact Nature, qui gère les villages, a publié un message sur sa page Facebook début février, demandant du respect face à ce qu’elle a qualifié de « allégations diffamatoires et attaques personnelles ».

Lundi, les appels entrants à l'organisation ont été dirigés vers la messagerie vocale, avec un message indiquant qu’ils recevaient un nombre trop élevé d’appels pour répondre immédiatement, accompagnée d'une image de la rivière Sainte-Anne à Sainte-Anne-de-la-Pérade, Qc, en 2023. (Bernard Brault / La Presse Canadienne)

Dans le même contexte, Dominic Arseneau, porte-parole de la ville de Saguenay, a déclaré que la décision d'annulation n'avait pas été prise à la légère, que la glace dans un des sites mesurait environ 27 cm d'épaisseur, soit moins que le minimum requis de 30 cm pour les véhicules lourds et les chalets, tandis que l'épaisseur dans l'autre site n'était qu'environ 20 cm.

Il a ajouté : « C’est triste, personne n’était heureux de prendre cette décision qui a été prise le cœur lourd, mais en même temps, on ne peut pas jouer avec la sécurité des gens ».

Il a souligné qu'une enquête réalisée par l'organisation qui gère les villages de glace a révélé que la majorité des participants – 58 % – préféraient ne pas ouvrir pour une saison de quatre semaines ou moins.

Arseneau a conclu que les personnes ayant payé pour réserver un emplacement sur la glace se verront rembourser.