Le gouvernement fédéral a dévoilé des règles plus strictes que l'industrie du pétrole et du gaz doit suivre afin de réduire de manière significative les émissions de méthane au Canada.

Cela a été annoncé par le ministre de l'Environnement, Steven Guilbeault, ce lundi lors du sommet sur le climat COP28, à Dubaï.

À l'instar de celles annoncées récemment par les États-Unis, les nouvelles règles visent à aider le Canada à atteindre et dépasser son objectif de réduction des émissions de méthane du secteur pétrolier et gazier d'au moins 75 % par rapport aux niveaux actuels de 2012.

Le méthane est un gaz inodore et incolore et est considéré comme 80 fois plus nocif pour l'atmosphère que le dioxyde de carbone pendant jusqu'à 20 ans après son émission dans l'atmosphère, selon le Programme des Nations Unies pour l'environnement.

Une approche inconstitutionnelle...

Dans un communiqué, la Première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, et la ministre de l'Environnement et des Parcs provinciaux, Rebecca Schulz, ont déclaré que l'approche d'Ottawa est coûteuse, dangereuse et inconstitutionnelle.

Ils soulignent que la province a déjà mis en place des initiatives réussies pour réduire les émissions de méthane : l'Alberta a déjà réduit les émissions de méthane du secteur gazier et pétrolier de 45 %.

Danielle Smith et Rebecca Schulz ont également dénoncé le manque de soutien financier d'Ottawa pour atteindre ses objectifs.

Interdiction de la torche et inspections des installations...

Les nouvelles réglementations exigent que les compagnies pétrolières et gazières colmatent les fuites de méthane et interdisent la torche du gaz naturel. Cette pratique, qui consiste à brûler l'excès de gaz provenant des puits de pétrole et de gaz, libérerait des quantités de méthane cinq fois supérieures aux estimations précédentes (nouvelle fenêtre).

Les inspections régulières des installations sont également obligatoires.

Le règlement s'appliquera également à des milliers d'installations pétrolières et gazières locales. Les consultations publiques débuteront le 16 décembre.

La forte réduction des émissions mondiales de méthane pourrait ralentir l'augmentation prévue de la température moyenne mondiale de 0,1 degré Celsius d'ici 2050, selon un rapport publié en octobre par l'Agence internationale de l'énergie.

L'objectif du sommet sur le climat est de réduire les émissions pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels, afin d'éviter une catastrophe climatique.

L'industrie affirme qu'elle coopère...

L'industrie pétrolière reconnaît la nécessité de réduire plus rapidement les émissions de méthane. Du moins c'est ce que dit Rona DelFerrari, responsable de la durabilité chez Cenovus Energy, une entreprise pétrolière et gazière de Calgary.

Elle a ajouté que Cenovus Energy a réduit ses émissions de méthane de 59 % au cours des trois dernières années et vise désormais une réduction de 80 % d'ici 2028 par rapport aux niveaux de 2019.

L'extraction de pétrole libère une quantité variable de méthane, certaines entreprises capturant ces gaz et les acheminant par pipeline pour les vendre comme gaz naturel, tandis que d'autres les rejettent dans l'atmosphère ou les brûlent.