Le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh a exprimé lundi sa crainte qu’Israël ne transfère le point de passage de Rafah, la frontière entre l’Égypte et la bande de Gaza, près de 4 mois après le début de la guerre entre l’État hébreu et le mouvement Hamas.

Shtayyeh a déclaré lors d’une séance gouvernementale : « Israël essaie de déplacer le point de passage de Rafah vers un autre endroit ».

Ces propos interviennent dans un contexte d’inquiétudes parmi les Palestiniens et les Égyptiens, notamment face à d’éventuelles tentatives israéliennes de pousser les Palestiniens résidant dans la bande de Gaza à quitter ce territoire assiégé.

1,7 million de Palestiniens ont été déplacés durant la guerre, et 1,2 million d’entre eux vivent dans la région frontalière de Rafah avec l’Égypte, selon l’ONU.

Israël nie vouloir forcer les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza à partir, mais plusieurs responsables israéliens ont appelé à ouvrir la porte au départ volontaire des Palestiniens.

Le point de passage de Rafah est la seule sortie de la bande de Gaza vers l’extérieur, et il est actuellement utilisé pour permettre à des résidents du territoire de sortir après des autorisations exceptionnelles approuvées par Israël, avec l’accord également des Palestiniens et des Égyptiens.

Shtayyeh a déclaré : « Le point de passage de Rafah est la porte frontalière entre la Palestine et l’Égypte, c’est une affaire égypto-palestinienne. Nous avons un accord avec la police européenne depuis 2005 pour gérer le passage ».

Shtayyeh faisait référence au retrait israélien de la bande de Gaza en 2005.

Il existe d’autres points de passage entre la bande de Gaza et Israël qui sont fermés, notamment le point de passage de Kerem Shalom par lequel transitait auparavant les marchandises commerciales vers Gaza, et qui est parfois utilisé actuellement pour l’acheminement d’aides vers le territoire assiégé.

Mustafa Barghouti, secrétaire général de l’Initiative palestinienne, a déclaré à l’Agence France-Presse qu’Israël « essaie de fermer le point de passage de Rafah qui est censé être sous contrôle égyptien, palestinien et israélien, et de transférer le trafic au point de passage de Kerem Shalom entièrement contrôlé par Israël ».

Il a expliqué que « le point de passage de Kerem Shalom est un passage entre Israël et Gaza, à sens unique, tandis que Rafah est entre Gaza et l’Égypte dans les deux sens ».

Barghouti a déclaré : « Cette démarche pourrait s’inscrire dans le cadre d’une mise en œuvre d’un plan d’expulsion des habitants de la bande de Gaza via le point de passage de Kerem Shalom », qui est également frontalier avec l’Égypte.

La guerre dans la bande de Gaza a éclaté après une attaque sans précédent menée par le Hamas sur Israël le 7 octobre, ayant causé la mort de plus de 1160 personnes, pour la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des chiffres officiels.

Aussi, environ 250 otages ont été enlevés lors de l’attaque, Israël affirmant que 132 d’entre eux sont toujours à Gaza, et que 27 d’au moins ont été présumés morts.

Israël a promis d’« éradiquer » le Hamas, lançant une vaste offensive militaire qui a causé la mort d’au moins 27 365 personnes dans la bande de Gaza, en majorité des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé du territoire.