Le journal israélien Haaretz a considéré que le déclenchement d'une guerre totale entre Israël et le Hezbollah libanais est attendu depuis le 8 octobre dernier, mais ce qui est inconnu, c'est l'ampleur des destructions que cette guerre causera aux infrastructures civiles en Israël, surtout en l'absence de soutien américain à cette guerre.

L'auteure Dalia Shendlin a rapporté dans un article paru dans Haaretz que le lancement par le Hezbollah de tirs sur des positions israéliennes depuis le sud du Liban, depuis le début de la guerre entre le mouvement Hamas et Israël, a conduit à l'évacuation d'environ 80 000 Israéliens et 75 000 Libanais des zones frontalières.

Israël intensifie et le Hezbollah cherche à éviter une guerre à grande échelle

Selon le rapport, le Hezbollah cherche à éviter une guerre à grande échelle, ce qui a été clairement visible dans les discours de son leader Hassan Nasrallah, tandis que de leur côté, des dirigeants israéliens adoptent une approche plus agressive envers le Hezbollah.

Le gouvernement israélien envisage de lancer une grande frappe préventive, un point soutenu par le ministre de la Défense Yoav Galant, mais l’opposition des États-Unis empêche jusqu’à présent la mise en œuvre de cette mesure.

La guerre reste toujours active à la frontière où le Hezbollah tire des obus antichar, en plus d’utiliser des drones suicides et des missiles, face à des raids aériens israéliens, ce qui a causé la mort de plusieurs combattants du Hezbollah, de civils libanais ainsi que de plusieurs Israéliens, civils et soldats.

Selon Haaretz, la direction politique israélienne a adopté un discours dur devant le public, appelant à frapper le Hezbollah avec force, tandis que le ministre de la guerre Benny Gantz a menacé d'une option militaire en cas d’échec d’une solution diplomatique, ajoutant qu’Israël peut mener une opération militaire contre le Hezbollah indépendamment d’un cessez-le-feu avec le Hamas.

Une attaque israélienne contre le Liban attendue depuis 2022

Haaretz estime que les Israéliens avaient l’idée de mener une guerre contre le Liban avant même la guerre avec le Hamas, puisque un article publié dans « Israel Hayom » le 6 octobre 2022 appelait à frapper le Liban, un an avant la guerre d’Israël avec le Hamas.

Israël a-t-il réfléchi aux coûts d’une guerre avec le Hezbollah ?

Le journal a ajouté une autre question sur la manière dont Israël se convainc de l’ouverture d’un autre front avec le Hezbollah qui possède des armes beaucoup plus destructrices que celles détenues par le Hamas, se demandant : quelqu’un a-t-il pensé aux coûts ?

Selon Haaretz, le Hezbollah devrait d’abord attaquer les infrastructures israéliennes, ce qui soulève la question de savoir comment Tel-Aviv pourrait fonctionner sans électricité, écoles, hôpitaux et supermarchés ?.

Le journal a également fait référence à un document circulant sur les réseaux sociaux portant le logo du ministère de la Justice, contenant des instructions en cas de guerre totale au nord et d’attaques sur les stations électriques, avertissant d’une coupure de courant et conseillant de stocker de l’eau et des batteries pour téléphones portables.

Haaretz a attiré l’attention sur un article écrit par le chercheur saoudien en politique étrangère Aziz Al-Gheshian, qui a affirmé que l’Iran est plus engagée envers le Hezbollah que le Hamas, augmentant ainsi les chances d’extension du conflit, à un moment où l’administration Biden cherche à éviter une guerre régionale et tentera de l’arrêter rapidement, comme l’a confirmé l’écrivain Frédéric Hoff, diplomate résident à Bard College.

Hoff a affirmé que l’administration est préoccupée par le fait que « le Hezbollah ciblera les civils, et les responsables israéliens ont déjà promis de tenir le Liban responsable des actions du Hezbollah ».

Cette situation pourrait entraîner des pertes massives parmi les civils et des dégâts importants aux infrastructures et aux biens du côté de la ligne bleue, en plus de mettre les Américains en danger, ce qui pousse l’administration américaine à chercher sérieusement à stopper l’escalade.

Une guerre contre le Hezbollah constitue un danger pour les relations futures d’Israël

Haaretz s’est interrogé sur qui soutiendra Israël en cas de déclenchement de cette guerre, notamment si Tel-Aviv initie une guerre préventive.

Selon Al-Gheshian, l’Arabie saoudite considérera qu’il ne faut pas faire confiance à Israël pour éviter une escalade régionale, et qu’Israël représentera un fardeau sécuritaire plutôt qu’un simple atout stratégique potentiel.

Le journal a conclu que les dirigeants politiques israéliens et les analystes évitent tous de parler des coûts importants de cette guerre, tels que les attaques dévastatrices contre les infrastructures, l’expansion régionale du conflit, l’absence de soutien américain et la tension dans les relations avec les pays avec lesquels Israël espère normaliser ses relations.