Les trottoirs de Hollywood et du centre de Manhattan regorgent d’acteurs lors du premier jour de leur grève, protestant aux côtés des scénaristes qui y participent depuis mai dernier.

Les deux syndicats ont stoppé ensemble l’industrie du divertissement, et malgré cela, des deux côtés, il y avait une ambiance rafraîchie dans l’air où des lignes de piquets ont été soutenues par certains des 65 000 acteurs qui composent l’Union américaine des artistes de la radio et de la télévision, (98 % des membres ont voté en faveur de la grève à nouveau en juin).

C’est la plus grande bataille ouvrière à Hollywood depuis six décennies, et la première double grève depuis 1960, ravivant l’enthousiasme contre l’alliance des producteurs de cinéma et de télévision alors qu’une vague de chaleur historique frappait le sud de la Californie.

Devant les studios de "Warner Bros" à Burbank, en Californie, des foules de manifestants scandaient "Poing levé, rideaux, Los Angeles ville syndicale", des camions de nourriture entourant les tentes des organisateurs offraient du Cross, du thé boba et du jus de citron froid aux manifestants qui cuisaient sous la chaleur de midi atteignant 36 degrés Celsius.

Mais le soleil brûlant n’a pas atténué l’ambiance, les manifestants s’aspergeant d’eau les uns les autres et dansant au rythme de la musique reggaeton tandis que les passants en voitures klaxonnaient en soutien à des pancartes telles que "Klaxonnez si votre patron est payé en trop".

Les parents dans la ligne de piquetage soulevaient leurs enfants sur leurs épaules et poussaient leurs tout-petits dans des poussettes, élevant leurs voix les uns vers les autres avec des signes reflétant les paroles défiantes de la nouvelle chanson solo d’Olivia Rodrigo "Vampire" et chantaient.

Fran Drescher, présidente de l’Union américaine des artistes de la radio et de la télévision, a déclaré jeudi lors d’une conférence de presse : "Le modèle économique a été entièrement changé par la diffusion numérique et l’intelligence artificielle. Si nous ne faisons pas cela et ne restons pas debout maintenant, nous serons tous dans le pétrin".

L’acteur comique et scénariste Adam Conover, membre de l’Union américaine des artistes et du syndicat des scénaristes, travaillant au sein du comité de négociation des artistes, a remarqué le soutien des membres, disant : "Si vous prenez de l’élan comme nous l’avons fait avec 70 jours de grève, vous gagnerez. Vous savez, la stratégie des entreprises face au syndicat des scénaristes quand nous entrons en grève est de nous affamer et d’attendre, et même de ne pas nous parler pendant des mois parce qu’ils s’attendent à ce que notre soutien s’effrite, pourtant regardez ces lignes de piquetage, elles sont plus remplies que jamais et nous avons maintenant un autre syndicat en grève avec nous".

Conover a poursuivi : "Ce que nous avons gagné en 1960, ce sont nos régimes de santé et de retraite, ainsi que la subsistance, mais maintenant, les dirigeants sont confrontés au fait qu’ils ne reçoivent pas seulement plus de scripts nouveaux, ils ne peuvent rien tourner tant qu’ils ne reviennent pas faire un accord équitable, pas avec un syndicat mais avec les deux syndicats."

Zora Bikangaga, également membre des deux syndicats, a décrit le piquet de vendredi comme une revitalisation et un témoignage de la façon dont les problèmes rencontrés par les scénaristes se répandent "dans toute l’industrie".

Tandis que le modèle commercial de l’industrie a connu d’importants changements au cours des décennies depuis la dernière grève, les acteurs disent que leurs tarifs et contrats n’ont pas évolué pour s’adapter à l’inflation et aux autres changements.

L’acteur Ron Sung, qui apparaissait sur Amazon Prime "Devoir de l’arbitre" récemment nommé cette semaine pour quatre Emmy Awards.

Les stars, anciennes et connues, se sont réunies aux manifestations, certains ne s’étant pas vus depuis le début de la pandémie de coronavirus il y a plus de trois ans.

Le premier jour complet de la double grève se caractérisait par une énergie élevée de joie et d’unité mêlée à de la colère et de la frustration.

Pour l’actrice Stacy Travis, qui participe activement au syndicat des artistes depuis des années, la décision de faire grève n’a pas été prise à la légère, déclarant : "C’est un sentiment inhabituel et triste, c’est très difficile pour tout le monde, donc nous avons toujours pris cela incroyablement au sérieux, donc c’est seulement lorsque nous sommes contre un mur sans options que nous nous retrouvons ici".