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Publié: décembre 22, 2024
La politique canadienne a connu une nouvelle évolution avec l'appel du chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, à la gouverneure générale Mary Simon pour intervenir dans la crise de confiance croissante contre le gouvernement de Justin Trudeau. Poilievre, dans sa lettre, a appelé la gouverneure générale à utiliser ses pouvoirs constitutionnels pour obliger le Premier ministre à convoquer le Parlement et à organiser un vote de confiance. Mais cet appel a suscité des questions constitutionnelles sur les limites du rôle de la gouverneure générale et la légalité de cette demande.
Détails de la lettre et contexte
Dans son discours, Poilievre n'a pas directement demandé à la gouverneure générale de tenir le vote, mais a utilisé un langage diplomatique, lui demandant de « rappeler au Premier ministre son devoir constitutionnel », indiquant que la majorité du Parlement ne soutenait plus Trudeau. Poilievre a fondé sa demande sur des allégations selon lesquelles 70 % des membres du Parlement, y compris un certain nombre de libéraux, s'opposent à Trudeau et souhaitent un nouveau leadership.
Cependant, selon les experts constitutionnels, le rôle de la gouverneure générale dans de tels cas est symbolique et très limité.
Avis légal : la gouverneure générale ne détient pas le pouvoir
Eric Adams, professeur de droit constitutionnel à l’Université de l’Alberta, a affirmé que la gouverneure générale n’a pas le pouvoir d’obliger le Premier ministre à convoquer le Parlement ou à organiser un vote de confiance sur demande du chef de l’opposition.
• Pouvoirs de la gouverneure générale :
• La gouverneure générale agit en tant que représentante symbolique du roi au Canada et agit sur les conseils du Premier ministre.
• Elle ne peut pas prendre de décisions basées sur des demandes directes du chef de l’opposition ou d’autres partis.
• Situation actuelle du gouvernement :
• Tant que Trudeau n’a pas officiellement perdu un vote de confiance au Parlement, il bénéficie virtuellement de la confiance du Parlement, même si plusieurs députés ont exprimé leur opposition.
• La perte de confiance devient une réalité uniquement après un vote officiel au Parlement, et non sur la base de déclarations ou d’estimations.
Précédents historiques : une leçon de 2008
Les experts font référence aux événements de 2008, lorsque le Premier ministre de l’époque, Stephen Harper, a fait face à une crise similaire. Harper a demandé la suspension des travaux du Parlement (prorogation) pour éviter un vote de confiance qu’il risquait de perdre.
• Réaction de l’opposition :
L’opposition a demandé à la gouverneure générale de refuser la demande de Harper, mais elle a accepté de suspendre le Parlement sur ses conseils.
• Leçons apprises :
• Cet événement a confirmé que la gouverneure générale n’agit que sur les conseils du Premier ministre, quelle que soit la crise politique.
Calculs politiques de Poilievre
Il semble que l’appel de Poilievre soit davantage destiné à l’opinion publique plutôt qu’à un véritable changement de pouvoir.
• Pression sur Trudeau :
Poilievre tente d’exploiter les divisions au sein même du Parti libéral, où plus de 12 députés libéraux ont exprimé leur désir de changement de leadership.
• Mettre en avant la perte de confiance :
L’appel vise à présenter Trudeau comme un Premier ministre dépourvu de soutien parlementaire et populaire, ce qui augmente la pression sur lui pour démissionner ou appeler à des élections anticipées.
Conséquences potentielles : entre droit et politique
1. Réaction de la gouverneure générale :
Il est prévu que la gouverneure générale ignore la demande de Poilievre, respectant ainsi les pouvoirs constitutionnels et les limites de son rôle.
2. Pression sur le gouvernement Trudeau :
Cette demande pourrait aggraver les divisions au sein du Parti libéral, mais ne conduira pas à un changement immédiat de pouvoir.
3. Stimulation de l’opposition :
Poilievre bénéficie politiquement de cette démarche pour montrer son leadership et sa capacité à défier le gouvernement Trudeau, renforçant ainsi sa position auprès de ses partisans.
Conclusion
La demande de Poilievre est une manœuvre politique plus qu’une action juridique sérieuse. La gouverneure générale restera fidèle à son rôle constitutionnel et ne prendra pas de mesures sur demande du chef de l’opposition. Cependant, cet appel met en lumière la crise politique croissante au Canada et pourrait indiquer une nouvelle phase de tension entre le gouvernement Trudeau et les partis d’opposition.
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