Jean-Pierre Darnis, analyste à l'Institut de recherche stratégique et professeur associé à l'Université Nice Sophia Antipolis et à l'Université LUISS à Rome, a déclaré qu'il se montrait prudent quant à la description des événements survenus au Gabon et à leur qualification de négatifs.
Un groupe de hauts officiers de l'armée gabonaise a annoncé avoir pris le pouvoir peu de temps après l'annonce par le centre électoral de la victoire du président Ali Bongo pour un troisième mandat avec 64,27 % des voix.
Darnis a expliqué, dans des déclarations au site italien « Decod39 », les fortes raisons internes liées au gouvernement Bongo, ajoutant : J'exclus l'insouciance européenne face au problème, car les observateurs internationaux ont exprimé leurs doutes concernant les deux derniers scrutins présidentiels de M. Bongo.
Il a évoqué de forts soupçons sur une fraude électorale de ce régime, insistant sur la nécessité d'une grande prudence dans l'évaluation de ce coup d'État, car l'absence d'élections transparentes semble en être la cause principale.
Il a considéré que le coup d'État militaire pourrait ne pas être réellement un coup d'État militaire, ajoutant : Cela s'est produit parce que lors des dernières élections, la présidence de Bongo a refusé la présence des observateurs.
Il a poursuivi : Je ne vois aucun lien entre les faits au Niger, au Mali ou au Burkina Faso, où des régimes se soutiennent désormais mutuellement avec la propagande russe, accompagnée de sentiments nourris par la presse anti-occidentale et anti-française.
L’analyste politique a parlé de l'histoire du Gabon et du régime Bongo, disant : Je pense qu’il ne faut même pas exclure l’hypothèse positive des conséquences du coup d’État, ou qu’il puisse conduire à une forme de refondation des institutions démocratiques.
L’analyste a exprimé sa conviction qu'il faut attendre pour voir si cela prendra une orientation autoritaire ou non. Il a ajouté : Ne perdons pas de vue que le pouvoir de Bongo était très suspect et que nous pourrions faire face à une réaction d'une partie de la société, exprimée par l'armée, qui dit assez de certains clientélismes au pouvoir.
Le site italien a indiqué que le continent africain est le protagoniste de la « montée » des grands acteurs qui ont mis l'Afrique en lumière longtemps sous l'angle géopolitique et énergétique.
Le site a fait référence au sommet de Saint-Pétersbourg en juillet dernier, où le président russe Vladimir Poutine, à l’occasion du sommet Russie-Afrique, a annoncé une livraison gratuite de 50 000 tonnes de blé à six pays africains : Burkina Faso, Mali, Zimbabwe, Somalie, République centrafricaine et Érythrée.
De son côté, l'ONU a estimé en avril dernier, à l'occasion du coup d'État au Soudan, un important déplacement massif avec environ 270 000 personnes se dirigeant vers le Tchad et le Soudan du Sud.
Le site italien a souligné la nécessité d’une initiative européenne à brève échéance contre l’invasion des forces semi-militaires russes de Wagner, insistant en même temps sur l'importance du plan Mati que le gouvernement italien présentera bientôt en détail afin de construire une voie vertueuse.