Les données reçues du ministère allemand de l'Intérieur ont révélé le samedi 19 août 2023, que les opérations d'expulsion des demandeurs d'asile dont les demandes ont été rejetées ont augmenté de plus d'un quart au cours des six premiers mois de 2023. Les données montrent que les autorités allemandes ont expulsé environ 7861 personnes du pays entre janvier et juin, soit une augmentation de 27 % par rapport à la même période de l'année précédente. 

La liste des expulsés comprenait 1664 femmes et 1375 mineurs. Cette augmentation fait suite à une baisse du nombre d'expulsions pendant la pandémie de coronavirus. La révélation des données a été faite à la demande du "Parti de la Gauche Socialiste" allemand, et publiée dans le journal local Neue Osnabrücker Zeitung et relayée par l'agence Deutsche Welle allemande dans son rapport du dimanche 20 août 2023.

L'Allemagne continue d'expulser les demandeurs d'asile vers leur pays

Les statistiques montrent que la plupart des migrants ont été renvoyés dans leurs pays d'origine, tels que la Géorgie, la Macédoine du Nord, l'Albanie, la Moldavie et la Serbie. De nombreux expulsés (2473 personnes) ont été transférés à la frontière avec l'Autriche. La "Convention de Dublin", qui concerne les règles de l'Union européenne pour l'examen des demandes d'asile, stipule que la prise en charge des demandes incombe au premier pays atteint par le réfugié ou celui où il s'installe.

D'autre part, le nombre de personnes ayant quitté volontairement l'Allemagne a augmenté, 4892 personnes ayant accepté le financement fédéral pour retourner dans leur pays d'origine, et 2309 personnes bénéficiant d'un financement gouvernemental ou des États allemands. Les règlements de la loi allemande exigent l'expulsion des personnes dont les demandes d'asile ont été rejetées, ou dont les visas ou permis de séjour ont expiré.

Les autorités migratoires doivent exécuter l'expulsion s'il n'y a pas de raisons justifiant une atténuation des mesures appliquées, telles que la maladie ou d'autres motifs de suspension temporaire de l'expulsion. Cependant, les opérations d'expulsion échouent souvent. Les données du ministère de l'Intérieur indiquent 520 tentatives d'expulsion infructueuses au premier semestre de l'année.

Obstacles à l'expulsion des demandeurs d'asile d'Allemagne

Parmi les principales raisons de l'échec des opérations d'expulsion : la résistance des demandeurs d'asile à la décision d'expulsion, le refus des pilotes ou des compagnies aériennes de transporter les expulsés, et le refus de la police fédérale de procéder à leur arrestation.

Les données fin juin indiquent qu'environ 279 000 demandeurs d'asile dont les demandes ont été rejetées vivent toujours en Allemagne. Environ 225 000 d'entre eux ont obtenu un "titre de séjour toléré", qui permet de reporter l'expulsion pour certains obstacles ou en cas de motifs justifiant le maintien en Allemagne, comme le début d'une formation professionnelle ou un traitement médical nécessaire.

Un autre rapport publié cette année a révélé que des milliers de migrants expulsés sont retournés clandestinement dans le pays.

Entre-temps, Clara Bongas, porte-parole en charge des politiques migratoires au sein du Parti de la Gauche, a critiqué les données révélées par le ministère allemand de l'Intérieur. Elle a déclaré à l'agence de presse EPD : "Beaucoup de demandeurs d'asile sont forcés de retourner dans des régions où ils font face à la guerre, à la pauvreté extrême, et subissent des menaces et de la violence. Leur expulsion est donc un acte dépourvu de sens des responsabilités".

En revanche, Nancy Faeser, ministre allemande de l'Intérieur, cherche à durcir les règles relatives à l'expulsion, et a soumis ce mois-ci des propositions visant à accorder plus de pouvoirs à la police pour imposer les expulsions.