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Publié: janvier 20, 2024
L'intérêt du gouvernement Legault à remettre en question le monopole de la société Hydro-Québec sur la distribution d’électricité mérite un débat public, affirment plusieurs élus et experts, qui regrettent que la CAQ n’ait jamais présenté une telle idée lors de sa réunion.
Par ailleurs, face à la hausse de la demande en électricité des entreprises et aux limites du réseau, le gouvernement Legault envisage, le mois prochain, de présenter un projet de loi qui légiférerait la vente directe d’électricité d’une entreprise privée à une autre, ce qui est actuellement interdit. Avec quelques exceptions (Hydro-Sherbrooke, Hydro-Joliette, etc.), Hydro-Québec détient le monopole de la distribution de ce type d’énergie.
« La société Hydro-Québec n’est pas propriété de Legault, mais des habitants du Québec […]. Cette privatisation ne figurait pas dans le programme électoral de la Coalition Avenir Québec (CAQ) et 60 % des Québécois n’ont pas voté pour la Coalition Avenir Québec », a confirmé Grégory Kelly, porte-parole du Parti libéral du Québec en matière d’énergie.
Actuellement, la loi permet aux entreprises de produire leur propre électricité (éolien, solaire, petites centrales, etc.), mais ces entreprises ne peuvent l’utiliser que pour leurs besoins personnels. Elles n’ont pas le droit d’en distribuer à d’autres entreprises, sauf pour l’électricité produite à partir de la biomasse forestière.
De plus, selon les trois partis d’opposition, la modification de la loi sur le Conseil de l’énergie afin de créer un marché privé de vente d’électricité remettrait en question l’héritage des premiers ministres du Québec à l’origine de la nationalisation et du développement de l’hydroélectricité. Celle-ci génère actuellement des profits d’environ trois milliards de dollars par an pour les caisses de l’État.
Québec solidaire craint que cela n’entraîne une concurrence pour le monopole de la main-d’œuvre spécialisée et des matériaux nécessaires à la construction d’éoliennes ou de barrages, et que finalement Hydro-Québec soit contrainte de créer un réseau de distribution qu’elle n’avait pas prévu.
Normand Mousseau, professeur à l’Université de Montréal et ancien président du comité sur les enjeux énergétiques du Québec, partage cet avis. « Il n’est pas vrai que des entreprises viennent s’implanter dans le domaine de l’autonomie énergétique au Québec. Cela ne se produira pas parce qu’il n’y a pas de vent en permanence », a-t-il affirmé dans une entrevue avec l’émission Midi info, sur la chaîne ICI Première.
En outre, cette brèche dans le monopole public de production et distribution de l’électricité priverait Hydro-Québec et le gouvernement de la possibilité d’exclure les projets énergivores qui ne sont pas compatibles avec la décarbonation de l’économie québécoise. Mousseau a ajouté que si l’on crée un projet de loi qui ouvre la porte sans cadre ni vision, il deviendra difficile d’atteindre les objectifs environnementaux du Québec.
Beaucoup de spécialistes de l’énergie partagent cet avis, notamment Pierre-Olivier Pineau et Sylvain Audet, de l’Université HEC Montréal, qui insistent cependant sur l’importance de définir clairement les règles.
Quant au Parti Québécois (PQ), l’autoproduction destinée à être vendue à Hydro-Québec peut être acceptable sous certaines conditions, mais la vente à des tiers doit rester interdite. Selon le chef du Parti québécois, Paul Saint-Pierre Plamondon, si la Coalition Avenir Québec (CAQ) a l’intention de détruire la nationalisation de notre électricité, cela doit être mentionné durant la campagne électorale.
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