Des sirènes d’alarme et des raids aériens ont retenti à Tel Aviv tôt ce dimanche après que l’Iran a lancé des dizaines de drones et de missiles balistiques vers Israël dans une mission de représailles sans précédent qui a rapproché le Moyen-Orient d’une guerre régionale.

Cette attaque est la première fois que l’Iran mène une offensive militaire directe contre Israël, malgré des décennies d’hostilité remontant à la révolution islamique dans le pays en 1979. La condamnation a été rapide, la France déclarant que « l’Iran a franchi un nouveau seuil concernant ses activités déstabilisantes et risque une escalade militaire potentielle », tandis que le Royaume-Uni qualifiait les attaques d’« imprudentes ».

Aucune information immédiate n’a été reçue des autorités quant à savoir si des explosions étaient imminentes. Des sirènes d’alerte ont été rapportées dans plusieurs endroits, notamment dans le nord d’Israël, le sud d’Israël, le nord de la Cisjordanie et la mer Morte près de la frontière jordanienne. Le service de secours israélien Magen David Adom a déclaré qu’il traitait un enfant de 10 ans dans un état critique dans une zone bédouine près d'Arad, sans fournir de détails.

Les forces américaines ont abattu certains drones lancés par l’Iran qui se dirigeaient vers Israël, selon un responsable américain de la défense et des responsables américains qui ont parlé sous couvert d’anonymat pour discuter de l’affaire. Un responsable de la défense a indiqué que les efforts pour intercepter l’attaque se poursuivent.

L’armée israélienne a déclaré que plus de 100 drones ont été tirés. Les missiles balistiques, qui ne peuvent pas être abattus facilement, n’ont pas été mentionnés, mais l’Iran a affirmé qu’ils faisaient partie de l’attaque.

Le porte-parole de l’armée israélienne, l’amiral Daniel Hagari, a déclaré dans un discours télévisé national : « Nous surveillons la menace ».

L’Iran a promis de se venger depuis qu’une frappe aérienne le 1er avril en Syrie a tué deux généraux iraniens à l’intérieur d’un bâtiment du consulat iranien, et l’Iran a accusé Israël d’être à l’origine de l’attaque. Israël n’a pas commenté.

Israël et l’Iran étaient en confrontation depuis le début de la guerre qu’Israël mène depuis six mois contre les combattants du Hamas dans la bande de Gaza. La guerre a éclaté après que le Hamas et le Jihad islamique, deux groupes armés soutenus par l’Iran, ont mené une attaque dévastatrice à la frontière le 7 octobre, tuant 1200 personnes en Israël et enlevant 250 autres. L’attaque israélienne sur Gaza a causé une destruction massive et tué plus de 33 000 personnes, selon les responsables locaux de la santé.

Immédiatement après le déclenchement de la guerre, le Hezbollah, un groupe armé soutenu par l’Iran au Liban, a commencé à attaquer la frontière nord d’Israël. Les deux parties échangent quotidiennement des tirs, tandis que des groupes soutenus par l’Iran en Irak, en Syrie et au Yémen lancent des missiles et des obus vers Israël.

Dans un communiqué publié tard samedi par l’agence de presse de la République islamique d’Iran (IRNA), la milice paramilitaire des Gardiens de la révolution du pays a reconnu avoir lancé « des dizaines de drones et de missiles vers les territoires occupés et les positions du régime sioniste ».

Dans une déclaration ultérieure, les Gardiens de la révolution ont lancé un avertissement direct aux États-Unis : « Le gouvernement américain terroriste a été averti que tout soutien ou participation à nuire aux intérêts de l’Iran sera suivi d’une réponse décisive et désastreuse des forces armées iraniennes ».

L’agence de presse de la République islamique a également cité un responsable anonyme affirmant que les missiles balistiques faisaient partie de l’attaque. Le missile balistique suit une trajectoire en arc, se dirigeant vers l’espace avant que la gravité ne fasse redescendre l’arme à une vitesse plusieurs fois supérieure à celle du son.

Israël possède des systèmes de défense antimissile capables de cibler les missiles balistiques. Cependant, dans le cas d’une attaque massive incluant plusieurs drones et missiles, la probabilité de réussite de la frappe est plus élevée.

L’Iran dispose d’un arsenal massif de drones et de missiles. Des vidéos en ligne publiées par la télévision d’État iranienne montreraient des drones de type Delta ressemblant aux drones Shahed 136 iraniens que la Russie utilise depuis longtemps dans sa guerre en Ukraine. Ces drones, qui volent lentement, transportent des bombes. L’Ukraine a réussi à les cibler avec des missiles sol-air et des tirs terrestres.

Israël dispose d’un réseau de défense aérienne à plusieurs couches comprenant des systèmes capables d’intercepter une variété de menaces, y compris les missiles à longue portée, les missiles de croisière, les drones et les missiles à courte portée.

Hagari, le porte-parole de l’armée, a déclaré qu’Israël est « prêt et disposé ». Mais il a averti que les défenses aériennes ne sont pas efficaces à 100 % et a exhorté le public à suivre les consignes de sécurité.

L’armée a ordonné aux résidents du plateau du Golan – près des frontières syrienne et libanaise – ainsi qu’aux villes du sud de Nevatim et Dimona et à la station balnéaire d’Eilat sur la mer Rouge de « rester près des zones de protection jusqu’à nouvel ordre ». Dimona abrite la principale installation nucléaire d’Israël et Nevatim possède une base aérienne majeure.

Le commandement de la défense intérieure de l’armée a annulé les cours scolaires dimanche et limité les rassemblements publics à un maximum de 1000 personnes. Israël a fermé son espace aérien et annulé tous les vols.

Plus tôt, le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait averti : « Ceux qui nous feront du mal, nous leur ferons du mal ».

À Washington, le président Joe Biden a interrompu son week-end à sa résidence côtière du Delaware pour retourner à la Maison-Blanche. La Maison-Blanche a annoncé qu’une réunion importante du Conseil de sécurité nationale était prévue samedi pour discuter de l’attaque en cours.

La porte-parole du Conseil de sécurité nationale Adrian Watson a déclaré dans un communiqué : « Les États-Unis se tiennent aux côtés du peuple israélien et soutiennent sa défense contre ces menaces venant d’Iran ».

Le général Eric Curie, commandant du Centcom, l’armée américaine, était en Israël ce week-end pour consulter les responsables de la défense israéliens sur la menace iranienne. Le Centcom supervise les forces américaines au Moyen-Orient.

La mission de l’Iran auprès des Nations unies a lancé un avertissement à la fois à Israël et aux États-Unis selon lequel « si le régime israélien commet une autre erreur, la réponse de l’Iran sera beaucoup plus sévère », a-t-elle écrit en ligne. « C’est un conflit entre l’Iran et le régime israélien renégat, et les États-Unis doivent s’en éloigner ! »

Depuis plusieurs jours, des responsables iraniens, y compris le guide suprême l’ayatollah Ali Khamenei, ont menacé de « gifler » Israël pour ses frappes en Syrie.

À Téhéran, la capitale iranienne, des témoins ont vu de longues files devant les stations-service tôt dimanche, les gens semblant inquiets de ce qui pourrait arriver ensuite. Des dizaines de militants ont manifesté en soutien à l’attaque sur la place de la Palestine.

Selon l’agence nationale d’information libanaise, dirigée par l’État, des raids aériens intensifs israéliens et des bombardements sur plusieurs sites dans le sud du Liban ont suivi le lancement de drones par l’Iran, tandis que le Hezbollah libanais a annoncé avoir tiré « des dizaines » de roquettes Katioucha sur un site militaire israélien dans les hauteurs du Golan dimanche matin. Il n’était pas immédiatement clair si des dégâts avaient été causés.

Les pays de la région ont commencé à fermer leur espace aérien.