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Publié: décembre 12, 2023
Bien que la taxe de 3 % sur les services numériques qu’Ottawa envisage d’imposer à la plateforme de streaming « Netflix » et à d’autres géants américains de l’Internet à partir du 1er janvier 2024 suscite la colère de nombreux Américains, ce sujet n’a pas été important dans les discussions entre le président américain Joe Biden et le Premier ministre canadien Justin Trudeau, bien au contraire, selon le dirigeant libéral.
« Je pense que dans toutes les discussions que nous avons eues avec les Américains, le président Biden ne m’a jamais soulevé ce sujet, même une seule fois, comme une priorité ou une source de préoccupation directe », a déclaré le chef du gouvernement libéral dans une interview de fin d’année avec l’Agence de presse canadienne hier.
Trudeau a affirmé qu’il est néanmoins prêt à aborder ce dossier qui est considéré comme un point de divergence majeur par de nombreux responsables et parties prenantes américaines.
Par exemple, l’ambassadeur américain au Canada, David Cohen, avait averti en octobre d’« une grande bataille » autour de la taxe sur les services numériques que le Canada prévoit d’imposer.
« Je comprends que les Américains ne soient peut-être pas très heureux que nous fassions cela, mais nous avons promis de le faire », a ajouté Trudeau au sujet de sa décision d’imposer la taxe sur les entreprises de services numériques étrangères.
Le président américain n’est pas allé aussi loin avec Trudeau dans les discussions en tête-à-tête, « même si j’ai toujours toutes sortes de réponses à lui donner s’il avait soulevé cette question », a expliqué Trudeau.
Il convient de rappeler que lorsque son équipe libérale a été réélue en 2019 pour un second mandat gouvernemental, le premier à la tête d’un gouvernement minoritaire, Trudeau avait promis pendant la campagne électorale de garantir « que les géants d’Internet paient une taxe sur les revenus qu’ils réalisent au Canada ».
Le gouvernement libéral prévoyait initialement qu’un cadre fiscal multinational, à hauteur de 3 %, serait mis en place après des discussions avec l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et les pays du G20.
Avec la prolongation des discussions, Ottawa a fixé une date limite pour l’imposition de la taxe au 1er janvier 2024, afin de donner plus de temps aux efforts mondiaux pour élaborer un plan fiscal plus large et multinational.
Ainsi, le gouvernement Trudeau a indiqué que c’est la date limite pour avancer seul, à l’image de la France et du Royaume-Uni.
L’ambassadeur Cohen, ainsi que certains membres du Congrès américain, ont également exhorté le Canada à suspendre son plan afin de permettre à l’OCDE de mettre en œuvre sa feuille de route, connue dans le jargon sous le nom de « pilier un ».
« Nous leur avons donné plusieurs années pour essayer de résoudre le problème et de trouver une méthode de travail pour eux et pour tout le monde », a déclaré Trudeau au sujet de l’Organisation de coopération et de développement économiques, « (mais ils) n’ont pas pu le faire. Ils ont essayé ».
Un délai supplémentaire a été accordé à plusieurs reprises au sein de l’OCDE, comme l’a indiqué le mois dernier la députée libérale à la Chambre des communes Sophie Chatel, qui a travaillé au sein de cette organisation internationale regroupant 38 pays, dont le Canada.
Le Canada a également attendu avant d’avancer de son côté car « les Américains disaient ’non, non, non, nous devons le faire avec l’OCDE’ », a confirmé Trudeau.
La taxe perçue sera rétroactive, basée sur les revenus réalisés sur le territoire canadien à partir du 1er janvier 2022 par ces entreprises qui sont principalement basées aux États-Unis.
Même sans parvenir à un accord international sur le cadre multinational, le Canada doit adopter une loi pour appliquer sa décision de percevoir cette taxe à partir de janvier 2024.
Le projet de loi, intitulé « Loi sur la taxe sur les services numériques », est inscrit parmi les législations permettant de mettre en œuvre les mesures annoncées par le gouvernement fédéral dans la déclaration économique d’automne.
Ce projet de loi est encore au début de son étude par les parlementaires, et ce processus doit être achevé pour que la taxe devienne une réalité.
Le Canada considère cette loi comme une mesure temporaire en attendant une décision de l’Organisation de coopération et de développement économiques qui répondrait à la réalité dans plus de 100 pays.
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