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Publié: décembre 16, 2023
Près des deux tiers du montant de 100 millions de dollars que Google doit verser chaque année aux médias d'information à travers le pays seront distribués aux médias imprimés et numériques, le tiers restant étant réparti entre CBC/Radio-Canada et d'autres stations de radiodiffusion privées et publiques.
Les responsables gouvernementaux qui ont déterminé la manière de répartir les compensations ont déclaré vendredi que la part de CBC/Radio-Canada dans le fonds serait fixée à sept pour cent, tandis que les autres stations de diffusion du pays partageraient 30 pour cent, et les médias imprimés et numériques se partageraient les 63 pour cent restants du fonds.
La compensation annuelle aux établissements d'information, requise par la Loi sur les nouvelles en ligne, sera distribuée aux plateformes en fonction du nombre de journalistes à temps plein employés l'année civile précédente qui produisaient un contenu d'information original.
La Loi sur les nouvelles en ligne, devenue loi le 22 juin 2023, entrera en vigueur le 19 décembre. Elle exige que les plateformes numériques comptant 20 millions d'utilisateurs uniques mensuels et un chiffre d'affaires annuel d'un milliard de dollars ou plus indemnisent les médias pour le partage de liens vers leurs pages.
Seuls Google et Meta, propriétaire de Facebook et Instagram, remplissent ces critères au Canada, et l'accord avec Google exige un paiement annuel de 100 millions de dollars, indexé sur l'inflation, tandis que Facebook a évité la nécessité de conclure son propre accord en cessant de partager des liens vers les pages d'actualités.
Alors que Meta a choisi de retirer les liens vers les actualités, la ministre du Patrimoine, Pascale St-Onge, a déclaré vendredi que l'entreprise pourrait néanmoins rester assujettie à la loi lorsque celle-ci entrera en vigueur le 19 décembre.
Pascale St-Onge a déclaré vendredi : « Oui, ils essaient de bloquer les actualités, mais nous savons que les Canadiens trouvent quand même des moyens de partager les actualités, donc leur blocage ne fonctionne pas complètement. » « Vont-ils être soumis à la législation ou pas ? Le CRTC doit être vigilant à ce sujet. »
Si le CRTC décide qu'aucun effort suffisant n'a été fait pour retirer les liens vers les articles d'actualités sur Meta, l'entreprise pourrait être assujettie à cette loi.
Cela obligerait Meta à faire davantage d'efforts pour retirer les liens ou à conclure un accord similaire à celui de Google. Si Meta ne parvient pas à un accord, la loi exige qu'elle participe à la médiation.
Et si la médiation échoue, la loi prévoit qu'un processus d'arbitrage évaluera les propositions soumises par la plateforme et les services d'information concernés, et le comité d'arbitrage choisira ensuite l'une des offres.
Rachel Curran, porte-parole de Meta Canada, a déclaré : « Nous avons été clairs depuis des mois que le processus réglementaire ne peut pas traiter la prémisse fondamentalement défectueuse de la Loi sur les nouvelles en ligne. »
Elle a ajouté : « Les plateformes d'information choisissent d'utiliser nos services gratuits parce qu'ils les aident à réaliser leurs bénéfices, et la publication aujourd'hui des règlements finaux ne change pas notre décision commerciale de mettre fin à la disponibilité des actualités sur Facebook et Instagram au Canada. »
Dans le cadre de l'accord, Google a donné des garanties que les médias canadiens seraient traités équitablement par rapport aux accords qu'elle pourrait conclure avec les médias d'information dans d'autres pays.
Le gouvernement fédéral a déclaré que si les médias d'autres pays concluaient un meilleur accord avec Google, l'entreprise retournerait auprès du gouvernement fédéral « afin de résoudre toute préoccupation éventuelle ».
Admissibilité et répartition
Conformément à l'article 11.1 de la Loi sur les nouvelles en ligne, les établissements d'information admissibles au financement en vertu de l'accord comprennent les plateformes à but non lucratif et à but lucratif produisant un contenu d'information local, régional et national.
Les responsables gouvernementaux ont déclaré vendredi qu'après l'entrée en vigueur de la loi, les établissements d'information admissibles devront répondre à une « convocation » de Google.
Ensuite, les établissements d'information participant à cette convocation et prouvant leur admissibilité au financement rejoindront un groupe qui parlera d'une seule voix à Google pour déterminer les détails du financement qu'ils recevront.
Les frais administratifs engagés par le groupe seront déduits du fonds de 100 millions de dollars, tandis que Google couvrira ses frais administratifs hors fonds.
St-Onge a déclaré que le groupe chargé de distribuer les fonds serait tenu de le faire « de manière transparente en vertu de la législation » et que le processus serait « supervisé par le CRTC [Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes] ».
Les entreprises médiatiques admissibles à la loi mais ne souhaitant pas faire partie du groupe peuvent soumettre une proposition au CRTC pour obtenir l'autorisation de conclure directement leur propre accord avec Google. Pour réussir, ces médias doivent convaincre le régulateur que leurs négociations sont équitables et bénéficient également aux autres entreprises admissibles au financement.
Les règlements dévoilés vendredi exigent que les médias attestent que la majorité des fonds reçus du fonds doivent être utilisés « pour soutenir la production de contenu d'information local, régional et national ».
Les médias recevant le financement doivent également témoigner qu'ils ne compromettront pas la liberté d'expression ou l'indépendance journalistique en intervenant dans le processus éditorial du média.
Google peut conclure des accords non monétaires avec les médias pour leur fournir un soutien technique en nature en vertu de la loi, mais ce soutien doit dépasser un montant de 100 millions de dollars.
Google a publié une déclaration vendredi disant que malgré son insistance sur le fait que la Loi sur les nouvelles en ligne est une « législation fondamentalement défectueuse », elle est heureuse d'avoir pu conclure un accord de financement avec le gouvernement fédéral.
La déclaration indiquait : « Heureusement, cela signifie que nous pourrons continuer à envoyer des visites précieuses aux éditeurs canadiens et que les Canadiens pourront continuer à profiter des produits Google qu'ils connaissent et aiment pendant que nous naviguons dans le processus d'exemption. »
News Media Canada, un groupe représentant les médias imprimés et numériques au Canada, a publié une déclaration saluant les règlements, affirmant qu'ils équivalent à environ 20 000 dollars par journaliste.
Paul Deegan, PDG de News, a déclaré : « Aujourd'hui, nous avons un cadre réglementaire solide qui garantit que Google compense les éditeurs d'actualités - grands et petits - pour les reportages exceptionnels fournis par nos journalistes, sans peur ni favoritisme, au nom de leurs collègues canadiens. »
Le réseau CBC/Radio-Canada a également salué les règlements, affirmant qu'ils « aideront à garantir que les établissements d'information canadiens reçoivent une compensation pour le journalisme qu'ils produisent ».
« Il est également important que les règlements reconnaissent que les actualités fournies par CBC/Radio-Canada ont de la valeur et doivent aussi être indemnisées. »
La déclaration ne précise pas comment la part de sept pour cent sera partagée entre CBC et Radio-Canada, mais l'institution a déclaré qu'elle « travaillera avec ses partenaires médiatiques et les plateformes numériques sur les prochaines étapes ».
Kevin Duguay, président de l'Association canadienne des radiodiffuseurs, qui représente les stations de radio et télévision privées au Canada, s'est dit déçu de la manière dont les fonds seront distribués.
Il a déclaré à CBC News que les Canadiens se tournent vers la radio et la télévision pour les actualités et que les diffuseurs investissent dans leurs services pour garantir la pérennité de ces plateformes.
Il a ajouté : « Donc, à ce niveau, nous pensons que cette partie du puzzle ne correspond pas à la réalité du marché, et je pense que cela souligne la nécessité de trouver d'autres moyens de soutenir la diffusion des actualités. »
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