Ne vois-tu pas, mon ami, qu'il y a dans le long chemin une obscurité froide et un silence qui tuent les plus beaux endroits et leur donnent la caractéristique de ville fantôme, et que par répétition le penser se libère dans les vastes et nombreuses espaces sans fin, pour finalement te ramener au même point de départ ; car rien ne précipite la scène ni n'essaie de la finir, mais tu t'efforces d'atteindre la fin du chemin et accélères davantage tes pas pour découvrir que le voyage était ce qu'il y avait de plus agréable.

Ne vois-tu pas, mon ami, que les mélodies de la musique font fleurir ton cœur sec ; car c'est en elles que ton esprit s'élance et s'élève vers un autre monde que celui dans lequel tu es ?

Ne vois-tu pas que les jours tuent le plaisir et te donnent la fin sans enthousiasme ?

Ne vois-tu pas, mon ami, que ce dont on a besoin dans la vie est un miracle, celui qui a fait que Zacharie, en voyant Marie, ne doute pas et ne perd pas espoir, celui qui l'a fait ne parler aux gens que par des symboles pendant trois nuits, et un miracle qui fait que Punique ne revient pas de ses cendres et que la fin est annoncée, et un autre miracle qui fait de l'utopie une ville réelle et vertueuse comme elle a été dessinée ?

As-tu besoin d’un miracle qui fasse couler en toi chaque souffle d’escalade avec joie ou espoir, ne veux-tu pas de ce qui te ranime à la vie comme tu l’espérais, ne veux-tu pas, mon ami, d’un miracle qui tue la misère, la guerre, la maladie et la perte de ressources ?

Ce que je vois, mon cher, c'est que ce n'est pas logique, rien ne sera comme tu veux.

Sais-tu, mon cher, que le silence du lieu est la plus grande des plus grandes bénédictions pour celui qui aime la réflexion et le calme de l’âme.

Et que le long chemin porte l’obscurité de l’inconnu mais que son matin et son soir se renouvellent, et avec eux les rêves ne s’arrêtent pas...

Et la répétition réveille chaque jour en toi, mon cher, un rayon d’espoir, et la beauté de la musique ne te sépare pas du monde autant qu’elle unit ton esprit à ton corps.

Mon cher, le miracle est aussi ce qui réveille en toi les souhaits et enflamme en ton âme la poursuite sur de longues routes.

Mon cher, profite de tes jours dans leur beauté et tire profit de leurs amertumes, et sache qu’il n’y a pas de beauté dans leur perfection.

Écrit par : Malak Abou Touq