L'armée israélienne a émis, lundi, de nouveaux ordres d'évacuation pour des zones dans le sud de la bande de Gaza, y compris à l'est de Khan Younès et Rafah. Cela a contraint les habitants, dont beaucoup ont déjà été déplacés, à chercher un nouvel abri, en raison de la possibilité d'une autre opération terrestre.

L'hôpital européen de Gaza à Khan Younès, l'un des derniers hôpitaux encore en activité dans la bande, se trouve dans la zone d'évacuation. Les patients, y compris les patients en soins intensifs et les enfants en couveuse, ainsi que le matériel médical, ont été transférés vers d'autres installations "par crainte d'un bain de sang", selon le directeur adjoint de l'hôpital et les médecins.

Le Dr Saleh Al-Hams, directeur adjoint de l'hôpital européen de Gaza à Khan Younès, a déclaré à CNN : "C'est une scène chaotique, très difficile et horrible", ajoutant que c'était la troisième évacuation pour lui.

Le Comité international de la Croix-Rouge a déclaré mardi que le personnel hospitalier avait réalisé plus de 3000 interventions chirurgicales, traité des centaines de cas de brûlures et fourni une rééducation physique aux blessés.

"L'équipe du Comité international est restée à l'hôpital toute la nuit, mais l'hôpital est désormais incapable de continuer à fonctionner efficacement en raison de l'évacuation de nombreux employés, y compris le personnel médical, infirmier, administratif et de soutien".

Le Comité international a indiqué qu'il allait maintenant transférer son équipe et ses patients à l'hôpital de campagne de la Croix-Rouge à Rafah-Al-Mawasi, et qu'une fois les conditions réunies, le personnel retournera à l'hôpital EGH pour poursuivre son travail.

Il a ajouté que des milliers de Palestiniens ont été déplacés à la suite des ordres d'évacuation émis par l'armée israélienne, soulignant qu'"il n'y a pas d'endroit sûr" à Gaza.

Une autre opération terrestre à Khan Younès mettrait en lumière les difficultés auxquelles l'armée israélienne est confrontée dans sa tentative d'éradiquer les combattants palestiniens de Gaza. Les forces de défense israéliennes avaient retiré leurs troupes terrestres de la ville en avril après des mois de combats violents qui ont détruit une grande partie de celle-ci. Après plus de huit mois de guerre, le Hamas continue de détenir plusieurs otages israéliens et de lancer des roquettes sur Israël.

Cependant, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé lundi que l'armée israélienne avance vers la "fin de la phase d'élimination" de l'armée du Hamas à Gaza et "continuera de frapper ses restes". Il s'est engagé à ce qu'Israël atteigne ses objectifs dans la guerre : le retour des otages détenus à Gaza ainsi que l'élimination des capacités militaires et gouvernementales du Hamas.

Mardi, l'armée israélienne a annoncé qu'environ 20 roquettes avaient été tirées depuis la région de Khan Younès vers des villes israéliennes proches de la bande de Gaza lundi, ajoutant qu'elle avait frappé des cibles dans la zone d'où les roquettes ont été lancées.

Le mouvement palestinien du Jihad islamique a annoncé lundi avoir lancé des "roquettes guidées" sur cinq villes israéliennes proches de la frontière de Gaza.

L'Association du Croissant-Rouge palestinien a également rapporté lundi que la salle des urgences de l'hôpital Al-Amal à Khan Younès était surchargée de blessés après que les patients de l'hôpital européen ont été transférés suite à un ordre militaire israélien d'évacuation de la zone d'Al-Fukhari. L'Association a indiqué que l'hôpital a également accueilli des patients de l'hôpital Nasser, qui est lui aussi devenu surchargé des patients de l'hôpital européen.

Dans un communiqué séparé, quelques heures après le premier ordre d'évacuation, l'armée israélienne a précisé que l'ordre "ne s'applique pas aux patients de l'hôpital européen ni au personnel médical y travaillant".

Le communiqué de l'armée israélienne ajoutait : "Il n'y a aucune intention d'évacuer l'hôpital européen".

Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux ont montré le transfert de patients de l'hôpital sur des civières dans les rues avoisinantes après la diffusion de l'ordre.

Mardi, Louise Wateridge, porte-parole de l'UNRWA (Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens), actuellement à Gaza, a rapporté un mouvement "massif" de personnes depuis les zones d'évacuation suite au dernier ordre de l'armée israélienne. L'agence s'attend à ce qu'environ 250 000 personnes quittent les zones d'évacuation après ce dernier ordre.

Parallèlement, les frappes et bombardements israéliens sur Khan Younès se sont poursuivis, faisant au moins huit morts et 32 blessés durant la nuit, selon l'hôpital Nasser.

Station de dessalement d'eau

La ville de Khan Younès abrite une station de dessalement d'eau gérée par les Nations Unies qui alimente la ville ainsi que Deir Al-Balah et Al-Mawasi, où résident des dizaines de déplacés palestiniens.

L'approvisionnement en eau potable à Gaza a considérablement chuté après que les stations de dessalement ont dû fermer suite au siège imposé par l'armée israélienne après l'attaque menée par le Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre.

La Coordination des activités gouvernementales dans les territoires occupés, l'agence israélienne chargée de la coordination avec les territoires palestiniens, et l'armée israélienne ont déclaré conjointement mardi qu'Israël allait connecter une nouvelle ligne électrique directement à la station de dessalement de Khan Younès pour augmenter la production d'eau potable à 20 000 mètres cubes, contre 5 000 auparavant.

Fin de l'année dernière, les Nations Unies avaient estimé que la consommation moyenne d'eau à Gaza avait chuté à trois litres par personne et par jour. L'Organisation mondiale de la santé recommande, en cas d'urgence, entre 7,5 et 15 litres d'eau par personne et par jour pour la survie et l'hygiène.