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Publié: novembre 5, 2024
La rapporteure spĂ©ciale des Nations Unies sur la situation des droits de lâhomme dans les territoires palestiniens occupĂ©s depuis 1967 a adressĂ© hier un communiquĂ© au gouvernement canadien, lui rappelant ses obligations en vertu du droit international.
Lors dâune visite Ă MontrĂ©al, Francesca Albanese a prĂ©sentĂ© son dernier rapport intitulĂ© « Lâeffacement colonial par le gĂ©nocide », soutenant que le peuple palestinien est victime du « premier gĂ©nocide colonial diffusĂ© en direct ».
« La violence quâIsraĂ«l exerce sur les Palestiniens depuis le 7 octobre ne sort pas de nulle part, mais fait partie dâune campagne dĂ©libĂ©rĂ©ment coordonnĂ©e au niveau Ă©tatique visant Ă provoquer systĂ©matiquement le dĂ©placement forcĂ© et le remplacement Ă long terme des Palestiniens », a Ă©crit Albanese dans son rapport, « et cette trajectoire pourrait causer un prĂ©judice irrĂ©parable Ă la prĂ©sence du peuple palestinien en Palestine. »
Albanese sâexprimait lors dâun Ă©vĂ©nement organisĂ© par lâAssociation pour les droits et libertĂ©s (LDL) et la Coalition dâurgence du QuĂ©bec pour la Palestine.
Albanese a saisi lâoccasion pour demander aux pays du monde, dont le Canada, de respecter « leurs obligations en vertu de la Convention sur la prĂ©vention et la rĂ©pression du crime de gĂ©nocide ». Il sâagit du premier traitĂ© relatif aux droits humains adoptĂ© par lâAssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations Unies, en 1948.
Albanese a dĂ©clarĂ© en sâadressant au gouvernement canadien : « Jâexhorte le Canada Ă respecter ses obligations en vertu du droit international. »
Elle a appelĂ© le gouvernement libĂ©ral de Justin Trudeau Ă effectuer un audit afin dâidentifier toutes les formes de coopĂ©ration avec IsraĂ«l, quâelles soient militaires, Ă©conomiques, politiques ou autres.
Albanese a ajoutĂ© quâelle a Ă©tĂ© « choquĂ©e » dâapprendre que le gouvernement de la province de QuĂ©bec avait ouvert un bureau de reprĂ©sentation Ă Tel Aviv en juin dernier, alors que les opĂ©rations militaires de lâarmĂ©e israĂ©lienne avaient causĂ© la mort de dizaines de milliers de civils palestiniens dans la bande de Gaza.
Elle a dĂ©clarĂ© : « Le silence, ou pire encore, la justification dâun petit nombre mais influent dâĂtats, continue de permettre et dâalimenter lâarrogance qui est au cĆur du comportement dâIsraĂ«l au moment oĂč nous parlons. »
« Il est extrĂȘmement troublant de voir des Ătats membres (de lâOrganisation des Nations Unies) parler avec grandiloquence du droit international, en en remettant en question le sens, en le dĂ©formant et en dĂ©pouillant les victimes des douze derniers mois de leur humanitĂ© », a ajoutĂ© lâavocate italienne.
Les propos dâAlbanese Ă MontrĂ©al surviennent alors que se poursuivent, Ă des milliers de kilomĂštres, les opĂ©rations militaires israĂ©liennes dans la bande de Gaza, en Cisjordanie, et mĂȘme Ă JĂ©rusalem-Est, au dĂ©triment de la vie des civils palestiniens.
Dans cette guerre menĂ©e par lâarmĂ©e israĂ©lienne en rĂ©ponse Ă lâattaque sanglante du Hamas dans le sud dâIsraĂ«l le 7 octobre 2023, qui a fait environ 1 200 morts, principalement des civils, environ 43 400 personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es dans la bande de Gaza, majoritairement des femmes et des enfants, et environ 102 300 blessĂ©es, selon les donnĂ©es du ministĂšre de la SantĂ© du gouvernement du Hamas dans la rĂ©gion.
Réaction du gouvernement canadien
Le ministĂšre des Affaires mondiales dâOttawa a dĂ©clarĂ© Ă lâAgence de presse canadienne que le Canada « est profondĂ©ment prĂ©occupĂ© par le conflit Ă Gaza et ses graves consĂ©quences humanitaires pour la population civile en particulier ».
« La primautĂ© du droit est un principe fondamental pour le Canada et un pilier de notre dĂ©mocratie. Nous avons Ă©tĂ© clairs : personne nâest au-dessus de la loi », a ajoutĂ© le ministĂšre des Affaires mondiales, « tous les Ătats sont tenus de respecter le droit international, y compris le droit international humanitaire et le droit international des droits de lâhomme. »
Le gouvernement canadien a ajoutĂ© quâil « continue dâappeler Ă un cessez-le-feu immĂ©diat, Ă la libĂ©ration des otages (israĂ©liens Ă Gaza) et Ă une augmentation rapide de lâaide humanitaire aux civils dans la bande de Gaza ».
Le ministĂšre des Relations internationales et de la Francophonie du gouvernement du QuĂ©bec nâavait pas rĂ©pondu aux questions de lâAgence de presse canadienne au moment de la rĂ©daction de ce rapport.
Pas encore de consensus sur le fait quâil y ait eu un « gĂ©nocide » dans la bande de Gaza
Il est Ă noter que le terme « gĂ©nocide » pour dĂ©crire la situation des habitants de la bande de Gaza fait lâobjet de dĂ©bats au sein de la communautĂ© internationale.
Soutenue par plusieurs pays, lâAfrique du Sud a dĂ©posĂ© en janvier dernier une requĂȘte devant la Cour internationale de Justice pour mettre fin aux opĂ©rations militaires israĂ©liennes dans la bande de Gaza.
LâAfrique du Sud accuse IsraĂ«l dâavoir « participĂ©, de maniĂšre continue, et pouvant continuer Ă participer, Ă des actes de gĂ©nocide contre le peuple palestinien dans la bande de Gaza ».
De son cĂŽtĂ©, IsraĂ«l a qualifiĂ© cette accusation de « diffamation sanglante absurde » et a accusĂ© le Hamas dâorganiser une campagne de gĂ©nocide contre les IsraĂ©liens.
La Cour internationale de Justice nâa pas encore rendu sa dĂ©cision.
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