La frustration des Canadiens bloqués dans le sud de la bande de Gaza a augmenté ce jeudi alors qu'ils attendaient d'obtenir l'autorisation de traverser vers l'Égypte, tandis que les responsables canadiens ont confirmé qu'ils continuaient à travailler pour y parvenir.

Le Canada ne figurait pas parmi les pays dont les citoyens étaient autorisés à traverser selon la liste publiée par les autorités frontalières de Gaza mercredi, bien que d’autres pays y figuraient, notamment le Japon, le Royaume-Uni, la Finlande, l’Australie, la République tchèque et la Bulgarie.

Selon ce qui a été rapporté, un seul Canadien a réussi à sortir – un travailleur international figurant sur une liste différente – l'entrée ayant été ouverte pour quelques centaines de détenteurs de passeports étrangers pour la première fois depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre.

Le Canadien Said Al-Husseini, âgé de 16 ans, a déclaré qu'il s'était précipité avec sa famille vers le passage frontalier de Rafah mercredi après avoir reçu un appel du ministère des Affaires mondiales du Canada et avoir entendu que le passage était ouvert, pour découvrir que les Canadiens ne faisaient pas partie des étrangers autorisés à traverser.

Al-Husseini a déclaré à CBC News mercredi : « Nous avons reçu un appel téléphonique [mardi] des Affaires mondiales qui nous ont demandé de nous préparer. Je ne savais pas ce que cela signifiait. » « Nous avons vérifié nos noms et malheureusement nos noms ne figuraient pas sur cette liste... et nous sommes perplexes, car nous avons parlé au gouvernement canadien qui nous a dit que nous étions inscrits. »

Said a également parlé à CBC News vendredi dernier alors qu'il attendait avec sa famille à la frontière depuis trois jours. Il a déclaré qu’il essayait de « garder un visage fort » et de cacher sa tristesse tout en s’occupant de son frère et de ses sœurs âgées de 14 ans, 13 ans, neuf ans et trois ans.

Certaines personnes tentant d’échapper aux bombardements se sont rendues à plusieurs reprises au passage contrôlé par l’Égypte au cours des trois dernières semaines après avoir entendu qu’il pourrait être ouvert.

Ahmed Abu Al-Jadyan, un Canadien résident permanent de Brantford, en Ontario, ayant une famille à Gaza, a déclaré qu’il avait grand besoin d’aide pour faire sortir sa femme et sa fille nouveau-née des territoires palestiniens assiégés.

Abu Al-Jadyan, qui se trouvait avec sa femme avant le début de la guerre, mais qui s’en est séparé ensuite car il a dû retourner au Canada en septembre, a déclaré : « Je veux voir ma fille, la serrer dans mes bras et la toucher. »

Tout ce qu’il a maintenant est une vidéo de 57 secondes de sa fille Sila, née le 23 octobre, et il dit qu'il est très inquiet car ni sa fille ni les autres membres de sa famille encore à Gaza ne détiennent la citoyenneté canadienne.

Plus de 300 détenteurs de passeports étrangers et plus de 70 Palestiniens gravement blessés ont été autorisés à quitter Gaza par le passage frontalier de Rafah mercredi, une première évacuation de ce type depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas il y a près de quatre semaines.

Un communiqué du ministère des Affaires mondiales du Canada jeudi a déclaré : « Nous continuons de travailler sans relâche pour garantir une fenêtre permettant aux Canadiens de sortir de Gaza. Nous communiquons directement avec les Canadiens et leur fournissons les informations les plus récentes sur la situation. » Le ministère a ajouté que la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, « est en contact avec ses homologues israélien et égyptien et que nos ambassades exercent également des pressions par leurs canaux. »

Aucun Canadien n’a quitté Gaza par le passage de Rafah jeudi, selon une source gouvernementale directement informée de la situation, qui a demandé à garder l’anonymat car elle n’est pas autorisée à parler publiquement.

Le président américain Joe Biden a déclaré aux journalistes à la Maison-Blanche jeudi que 74 Américains à double nationalité avaient réussi à quitter Gaza via le passage de Rafah.

Les Affaires mondiales ont déclaré s’attendre à ce que les étrangers et les binationaux puissent quitter Gaza en fonction de chaque pays. Une date précise de départ sera fixée pour environ 450 Canadiens enregistrés auprès du ministère à Gaza et en Cisjordanie.

Un communiqué des Affaires mondiales du Canada mercredi soir, indiquant que les pays figurant sur la liste initiale ont un nombre moindre de citoyens dans la région, déclarait : « Le Canada a l’une des plus grandes communautés de citoyens à Gaza. » Il a ajouté : « Nous prévoyons davantage de passages quotidiens dans les jours à venir. »

Mahmoud Nasser, un autre Canadien tentant de quitter Gaza avec sa famille, a déclaré que les Affaires mondiales du Canada lui avaient demandé de rassembler ses documents et de se préparer à partir à tout moment par le passage frontalier.

Mahmoud Nasser a indiqué que son épouse, titulaire d’un passeport brésilien, avait reçu un appel des Affaires mondiales jeudi au cours duquel un responsable a confirmé que Nasser, son épouse, son père, son frère canadiens ainsi que la sœur de son épouse palestinienne étaient tous enregistrés à Ottawa pour l’évacuation.

Il a dit que les Affaires mondiales n’avaient pas donné de date ni d’heure pour une éventuelle évacuation, mais avaient demandé à sa famille de consulter la liste publiée en ligne par l’Autorité générale des passages frontaliers à Gaza qui détaille les étrangers autorisés à partir depuis mercredi.