La Chambre des représentants américaine a adopté mardi à la majorité de 311 voix contre 14 voix (13 démocrates et un républicain) une résolution non contraignante affirmant que « l’antisionisme est de l’antisémitisme ».

Cette résolution, présentée par les deux représentants républicains juifs Max Miller de l’Ohio et David Kustoff du Tennessee, « condamne fermement » toutes les formes d’antisémitisme, et réaffirme le fort soutien de la Chambre des représentants à la communauté juive aux États-Unis et dans le monde entier à la suite de « l’augmentation des discours et actes antisémites » provoqués par la guerre entre Israël et le Hamas, qui a débuté lorsque le Hamas a attaqué Israël le 7 octobre.

La résolution stipule « clairement et fermement » que l’antisionisme est de l’antisémitisme.

Quatre-vingt-douze démocrates ont voté « présent », ce qui signifie pratiquement une abstention, après que trois démocrates juifs éminents ont exhorté les membres du conseil à faire ainsi, qualifiant la législation de « dernière tentative peu sérieuse des républicains d’utiliser la douleur juive et le grave problème de l’antisémitisme comme une arme pour marquer des points politiques faciles ».

Kustoff a rejeté la suggestion que l’action prise était politique, accusant plutôt les démocrates d’adopter des opinions anti-juives, déclarant : « Nous avons vu des membres de cette même assemblée répéter un discours antisémite flagrant et diffuser des mensonges sur Israël et son droit à l’existence… Permettez-moi d’être parfaitement clair, une telle haine n’a pas sa place dans les couloirs du Congrès, ni dans notre discours national ».

Ces dernières semaines, des républicains et certains démocrates ont accusé certains démocrates de gauche d’utiliser un langage antisémite. Le mois dernier, la Chambre des représentants a critiqué la députée Rashida Tlaib, démocrate du Michigan, pour avoir promu un slogan pro-palestinien, « De la rivière à la mer », que beaucoup considèrent comme un appel à la destruction de l’État d’Israël.

De son côté, le représentant Jerrold Nadler, démocrate de New York et membre juif le plus ancien parlementaire à la Chambre, a déclaré lors d’un discours devant l’Assemblée : « En vertu de cette résolution, ceux qui aiment profondément Israël mais critiquent certaines de ses politiques pourraient être considérés comme anti-sionistes… Ce qui pourrait faire de chaque membre juif démocrate de cette assemblée, parce qu’ils ont tous critiqué le dernier paquet de réformes judiciaires israéliennes, des antisémites de facto. Est-ce bien l’intention des auteurs ? »

Nadler a poursuivi : « Permettez-moi d’être absolument clair : la plupart de l’antisionisme, surtout à ce moment, souffre d’un véritable problème d’antisémitisme… Mais nous ne pouvons pas dire équitablement que l’un est équivalent à l’autre ».

Nadler a qualifié l’équation de l’antisionisme à l’antisémitisme de « soit tromperie intellectuelle soit simple erreur sur le plan factuel », et a déclaré : « Si les auteurs de la résolution connaissent l’histoire et la culture juives, ils devraient savoir qu’il y a eu et qu’il y a encore un antisionisme juif qui n’est pas explicitement antisémite ».

Il a ajouté : « Cette résolution ignore le fait qu’à ce jour, certaines communautés juives hassidiques orthodoxes – Satmar à New York et ailleurs – ainsi que les partisans du mouvement ouvrier juif pré-étatique, adoptent des points de vue qui s’opposent au concept sioniste moderne ».