La société Corus Entertainment Inc. prévoit de réduire de 25 % ses effectifs à temps plein d'ici la fin du mois prochain par rapport au début de son exercice 2023, alors que l'entreprise poursuit une « réduction des coûts de manière vigoureuse ».

Cette perte d'emplois, qui pourrait atteindre environ 800 postes, intervient au cours d'une année tumultueuse pour le diffuseur basé à Toronto, aux prises avec une baisse des revenus publicitaires, des défis réglementaires et des conflits de licences.

Corus a annoncé lundi une perte attribuable aux actionnaires de 769,9 millions de dollars américains au dernier trimestre, contre une perte de 495,1 millions de dollars l'année précédente, alors que ses revenus ont diminué de 16 %. Le chiffre d'affaires total de la société pour le troisième trimestre s'est élevé à 331,8 millions de dollars, en baisse par rapport à 397,3 millions de dollars l'année précédente.

Cette baisse s'explique notamment par une diminution des revenus de la télévision au trimestre de 17 % à 308,2 millions de dollars, contre 371,2 millions de dollars l'année dernière, tandis que les revenus de la radio ont reculé de 9,9 % à 23,6 millions de dollars, contre 26,2 millions de dollars l'année précédente.

Le co-PDG John Gossling a déclaré lors d'une conférence téléphonique avec des analystes : « Nous prenons des décisions difficiles pour fermer des secteurs d'activité que nous ne pouvons plus soutenir et suspendre temporairement les activités de développement à long terme tout en mettant en œuvre des initiatives d'efficacité ».

« Notre plan est d’émerger en tant qu’entreprise plus petite mais plus rentable et avec un avenir durable ».

L'entreprise a attribué en partie la baisse de la publicité cette année aux impacts résiduels des grèves de Hollywood en 2023, qui ont retardé la production des principales émissions, ainsi qu'aux défis inflationnistes et concurrentiels.

En mai, le régulateur canadien de la radiodiffusion a approuvé la demande de la société d'alléger certaines exigences en matière de dépenses de contenu canadien après avoir averti de la détérioration croissante de la situation financière. Le CRTC a noté que le risque pour Corus de quitter le paysage de la radiodiffusion canadien « réduirait considérablement les choix disponibles pour les téléspectateurs canadiens en matière de contenu ».

Puis, le mois dernier, la société a perdu les droits sur des marques majeures telles que HGTV, Food Network, Cooking Channel, Magnolia Network et OWN, à partir de la fin de cette année.

Cela est dû au fait que Rogers Communications Inc. a signé un accord pluriannuel avec Warner Bros. Discovery pour les marques de style de vie populaires et de divertissement au Canada à compter du 1er janvier.

Rogers devrait également acquérir les droits de programmation canadienne de Bell Media pour des chaînes telles que Discovery Channel Canada, Discovery Velocity, Discovery Science et Animal Planet.

Corus a rapidement annoncé que Doug Murphy prendrait sa retraite de son poste le plus élevé et que Gossling ainsi que son collègue exécutif Troy Reeb ont été nommés co-PDG.

Reeb a dit aux analystes que Corus avait l’intention de continuer à offrir du contenu domestique et de cuisine sous de nouvelles marques de chaînes de télévision après l'accord Warner Bros. avec Rogers.

Il a indiqué que la société explore « tous les recours légaux et réglementaires » en réponse à cet accord, soulignant « notre intention est de faire ce qui est nécessaire pour protéger nos activités ».

Reeb et Gossling ont refusé de fournir plus de détails, notamment si Corus suivra l’exemple de Bell Media en cherchant une injonction pour empêcher la diffusion de contenus Warner Bros. Discovery lorsque Rogers deviendra titulaire des droits.

Gossling a déclaré : « Je ne pense pas que nous voulons révéler la stratégie complète à ce stade, mais... ne présumez pas que la seule défense passe par le régulateur ».

Corus a déclaré que ses pertes au troisième trimestre s’élevaient à 3,86 dollars par action diluée pour le trimestre terminé le 31 mai, contre une perte de 2,48 dollars par action diluée sur la même période l'an dernier.

Sur une base ajustée, Corus dit avoir perdu 10 cents par action ce trimestre, comparé à un bénéfice ajusté de neuf cents par action l'année précédente.

Les actions de la société ont chuté de quatre cents, soit 20 %, pour s'établir à 16 cents lundi matin.

Drew McReynolds, analyste chez RBC, a déclaré dans une note : « Compte tenu d’un environnement opérationnel toujours difficile, on s'attend à ce que les actions de Corus restent sous pression ».

Dans le cadre du plan de réduction des coûts de Corus, Reeb a déclaré que la branche d’actualités de l’entreprise « continuera à mener des efforts d’efficacité de premier ordre dans l'industrie », en s’appuyant sur la technologie numérique pour continuer à créer du contenu local.

Il a indiqué que la société doit « redoubler d'efforts pour réduire les coûts structurels, non seulement dans les actualités, mais dans tous les domaines d'activité ».

Il a ajouté : « Nous avons la chance chez Corus d’avoir un héritage énorme dans nos marques ».

« Mais cela ne signifie pas que nous devons également supporter des structures de coûts anciennes ».