Les manifestations de soutien aux Palestiniens de Gaza et réclamant un cessez-le-feu immédiat se poursuivent à travers le Canada.

Dans la ville de London en Ontario, l’Association sociale canadienne palestinienne (The Canadian Palestinian Social Association - CPSA) a organisé samedi dernier une chaîne humaine à laquelle ont participé une trentaine de personnes devant l’hôpital Victoria.

Les participants portaient des tabliers plastiques bleus semblables à ceux que portent les médecins et infirmiers dans les hôpitaux, sur lesquels étaient écrites à la main des slogans en anglais tels que « Gaza n’a pas d’hôpitaux » ou « Envoyez de l’aide à Gaza ».

Les participants brandissaient des drapeaux palestiniens et des pancartes appelant au cessez-le-feu, à la « fin de l’occupation » ou à « l’arrêt du génocide », entre autres slogans qu’ils scandaient également.

Cette manifestation a été organisée environ quatre mois après une attaque menée par le mouvement Hamas palestinien à l’intérieur d’Israël le 7 octobre dernier, ayant causé la mort de 1 200 personnes et l’enlèvement de 240 autres, selon les statistiques israéliennes.

Le bilan de la riposte israélienne s’est élevé à plus de 27 000 morts à Gaza, en grande majorité des femmes et des enfants, selon les responsables sanitaires du mouvement Hamas qui administre la bande de Gaza.

Nihel Tarhouni, présidente de l’Association sociale canadienne palestinienne à London en Ontario, fondée dans les années 1990, a confirmé que « les activités de l’association sont multiples, sociales et politiques, pour représenter la communauté palestinienne au Canada via le contact avec les députés ou l’aide aux nouveaux réfugiés ». Cependant, depuis le 7 octobre, l’association concentre ses activités sur ce qui se passe à Gaza.

Elle a confirmé que son association n’a pas cessé de dialoguer avec les politiciens, tels que le maire de London, Ontario, Josh Morgan, qui avait qualifié les manifestations en soutien aux Palestiniens de Gaza, juste après le 7 octobre, « d’illégales » dans sa ville.

L’association a eu une rencontre avec le maire de la ville, comme d’autres associations. « Nous avons informé la sphère politique que votre soutien inconditionnel à Israël pour son droit absolu à se défendre sans contrôle ni respect des lois internationales engendrera des problèmes ici [au Canada] et à Gaza », a déclaré Nihel Tarhouni.

Elle déclare que ce soutien a entraîné du racisme contre les Palestiniens et les musulmans à London. « Personnellement, j’ai été accusée par des messages sur mon lieu de travail de soutenir le terrorisme parce que j’apparaissais à la télévision pour expliquer ce qui se passe », a ajouté cette dentiste née de parents palestiniens.

Elle a déclaré que le maire avait alors publié une autre déclaration précisant que « sa responsabilité est de représenter tous les habitants de London, quelle que soit leur nationalité ou leur religion ».

En effet, le maire Josh Morgan a écrit sur le site « X » (anciennement Twitter) : « Nous avons la capacité et la responsabilité d’assurer la coexistence pacifique et sans peur pour tous les habitants de London. »

Il a ajouté qu’il avait été témoin « d’incidents d’antisémitisme, d’islamophobie et de haine contre les Palestiniens. »

Mon appel à tous les habitants de London est simplement de se soutenir mutuellement. Les membres de nos communautés juives, israéliennes, palestiniennes et musulmanes au sens large souffrent, et nous devons faire tout notre possible pour atténuer cette douleur, montrer de la compassion, et favoriser la paix et le calme dans notre ville.

Arij Obeid, une des participantes à la chaîne humaine, a déclaré qu’elle s’était jointe à la manifestation car « il s’agit d’une question de droits humains. Il n’est pas nécessaire d’être Palestinien ».

Pour elle, « ce qui se passe à Gaza est injuste. Depuis quatre mois, nous voyons les habitants de Gaza être tués. C’est un génocide. Il est honteux que les gouvernements des pays occidentaux donnent un blanc-seing à Israël pour faire tout ce qu’elle veut ».

Elle a déploré le silence de certains de ses amis canadiens « sur ce qui se passe à Gaza. Certains ont même cessé de me parler », a dit cette enseignante dans les écoles de London, née de parents palestiniens originaires de Gaza. Son père réside à Gaza et possède la nationalité canadienne.

Son frère, Fadi Obeid, a expliqué que « la dernière fois que nous avons vu notre père remonte à quatre ans lorsqu’il est venu nous rendre visite au Canada ».

Depuis le début de la guerre à Gaza, le frère et la sœur tentent d’aider leur père à sortir de Gaza et à venir au Canada en coopération avec les autorités canadiennes, mais sans succès.

Fadi Obeid appelle le gouvernement canadien à intervenir auprès des autorités israéliennes et égyptiennes pour permettre à son père de sortir par le poste frontière de Rafah.