Une avocate en immigration à Toronto affirme que de nouveaux chiffres émanant du gouvernement fédéral montrent à quel point les efforts du gouvernement pour sauver des personnes coincées dans la guerre dans la bande de Gaza sont « lents », ces personnes étant des parents de citoyens canadiens.

Les chiffres obtenus par l’Agence de presse canadienne par le biais d’une demande d’accès à l’information montrent que les Canadiens ont présenté 7 549 demandes initiales de visa pour des membres de leur famille piégés dans la bande palestinienne, depuis le lancement du programme spécial permettant cela le 9 janvier dernier jusqu’au 1er avril.

L’avocate Debbie Rushlish, qui représente des dizaines de demandeurs dans ce processus à plusieurs étapes, déclare que beaucoup de ces demandes concernent des familles entières, certaines comptant jusqu’à dix personnes, ayant des liens avec des personnes au Canada et tentant d’échapper à la guerre dans la bande de Gaza.

Rushlish ajoute que les données sont « choquantes » et contredisent les commentaires du ministre fédéral de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Marc Miller, avant le lancement du programme, selon lesquels l’intérêt semblait « modeste » et que le nombre de bénéficiaires potentiels était prévu en « centaines ».

Elle poursuit en disant que ces 7 549 demandes montrent également que l’intention initiale du gouvernement de fixer un plafond pour le programme à 1 000 visas aurait pu exclure des milliers de personnes potentiellement admissibles.

Un porte-parole du ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada a déclaré que seulement 179 visas avaient été délivrés jusqu’au 29 avril.

Il est à noter que le ministre Miller a déclaré en mars que le Canada permettrait à plus de 1 000 personnes piégées à Gaza, ayant des membres de leur famille élargie au Canada, de bénéficier du programme mentionné, mais il a reconnu que cette mesure n’était qu’une « consolation froide ».

Le programme offre un refuge temporaire au Canada pour « le conjoint d’un citoyen canadien ou d’un résident permanent au Canada ou son partenaire civil ainsi que ses enfants, petits-enfants, frères, sœurs, parents et grands-parents, en plus de ses membres directs de la famille ».

Annie Audel, une autre avocate en immigration travaillant à St. John’s, capitale de la province de Terre-Neuve-et-Labrador à l’extrême est du Canada, estime que le Canada pourrait en faire davantage pour éliminer certaines exigences de sécurité excessives liées à ces visas, ce qui permettrait de les accorder plus rapidement aux personnes méritantes.

Audel considère que le gouvernement pourrait cesser d’exiger des demandeurs qu’ils se rendent à la capitale égyptienne, Le Caire, pour l’examen final, car les personnes qui tentent de traverser la frontière vers l’Égypte, à Rafah, pourraient le faire plus facilement si elles disposaient d’un visa canadien.

Audel représente la citoyenne canadienne Soussan Qara Shouli, une femme d’origine palestinienne vivant en Ontario, qui a présenté en janvier une demande de visa pour son frère et sa fille dans la bande de Gaza.

Audel explique que le frère de sa cliente est mort de faim dans le nord de la bande palestinienne dévastée par la guerre alors qu’il attendait le visa canadien pour lui et sa fille de 25 ans. La fille est maintenant seule là-bas, et aucun des deux n’a obtenu le visa.

« Je me demande combien de demandes ont été soumises concernant des personnes qui sont maintenant considérées comme décédées », ajoute Audel avec tristesse lors d’une interview, « je voudrais dire que le gouvernement canadien porte une certaine responsabilité pour le retard à l’égard de ces personnes qui ne sont plus dans ce monde ».