Le journal américain "New York Times" a révélé l'ampleur des pertes que subira l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) d'ici la fin de ce mois de février, suite à la décision de plusieurs pays de suspendre leur aide financière à l'agence onusienne opérant dans la bande de Gaza.

Le "New York Times" a indiqué avoir consulté des documents internes de l'organisation, précisant que celle-ci perdra l'équivalent de 65 millions de dollars d'ici la fin du mois, en raison de la suspension de l'aide d'au moins 18 pays et institutions, à la suite d'accusations portées par Israël contre des employés de l'agence, les impliquant dans les attaques lancées par le Hamas contre Israël le 7 octobre.

Les opérations de suspension prendront un certain temps avant d'entrer en vigueur, car les pays versent leurs dons tout au long de l'année. Par exemple, les États-Unis ont versé leur aide financière en janvier en tant que premier versement pour couvrir plusieurs mois de dépenses, le deuxième versement devant intervenir en mai prochain, selon les documents.

Cependant, le journal a souligné que la Finlande a manqué à son obligation de verser 5,4 millions de dollars en janvier dernier, et que trois autres pays, l'Allemagne, le Japon et la Suède, sont susceptibles de ne pas verser l'aide prévue pour février, dont la valeur totale atteint environ 60 millions de dollars.

La porte-parole de l'UNRWA, Tamara al-Rifai, a expliqué qu'en raison de l'absence de grandes réserves de liquidités au sein de l'agence, cette suspension et le non-versement des aides entraîneront l'absence de fonds pour payer les salaires d'environ 30 000 employés à travers le Moyen-Orient au cours du mois de mars, dont 13 000 personnes dans la bande de Gaza.

Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a décidé lundi de nommer un groupe indépendant pour examiner le travail de l'UNRWA, dirigé par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna.

Selon un communiqué de l'UNRWA, le groupe indépendant évaluera si l'agence "fait tout son possible pour garantir sa neutralité et répondre aux allégations d'infractions graves lorsqu'elles surviennent. Mme Catherine Colonna collaborera avec trois instituts de recherche : l'Institut Raoul Wallenberg en Suède, l'Institut Michelsen en Norvège et l'Institut danois des droits de l'homme".

Le groupe doit commencer ses travaux le 14 février en cours, et présenter un premier rapport au secrétaire général de l'ONU fin mars prochain, avant de finaliser son rapport qui doit être publié fin avril.

Le porte-parole des Nations Unies a déclaré lundi que Guterres avait rencontré le chef de l'Unité d'enquête interne de l'UNRWA afin de garantir qu'une enquête sur les accusations israéliennes contre les employés de l'agence soit menée "aussi rapidement et efficacement que possible", selon Reuters.

Israël a accusé 12 des employés de l'agence onusienne, qui compte 30 000 membres de personnel, d'être impliqués dans l'attaque du Hamas du 7 octobre.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré qu'Israël avait diffusé un dossier de renseignement affirmant que "certains employés de l'UNRWA ont participé à l'attaque du 7 octobre depuis Gaza", qualifiant l'agence d'« infiltrée par le Hamas ».

À la suite de ces accusations, 13 pays ont suspendu leur financement à l'agence, en attendant des clarifications à ce sujet.

Les États-Unis ont estimé que l'UNRWA devait prendre des mesures "afin que ce type d'incidents ne se reproduise pas", tout en reconnaissant le rôle "vital" de l'agence.

Des responsables d'agences humanitaires des Nations Unies ont mis en garde dans une déclaration commune que la coupure des financements aurait des "conséquences catastrophiques" sur Gaza, où plus de la moitié des 2,3 millions d'habitants du secteur dépendent quotidiennement de l'aide.